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28 janvier 2008 1 28 /01 /janvier /2008 09:22


WORLD TRADE EMPIRE


undefined(la seule réforme possible : balayer l'impérialisme)

    
     L'histoire de la lutte des classes ne permet pas que l'on fasse correspondre mécaniquement crises économiques et crises politiques. La Bourgeoisie, au fil de ses pérégrinations, apprend à conserver son pouvoir d'une manière de plus en plus efficace : avec l'assentiment apparent des autres classes de la société. Trotski déclare à la tribune de la IIIème Internationale :

         "D'une part, la Bourgeoisie est prise à la gorge par ses propres antagonismes internes ; sa structure productive est bouleversée ; les rapports internationaux entre Etats sont perturbés ; et d'autre part, elle est au sommet de ses capacités, non seulement de défense, mais d'attaque contre la classe ennemie. Elle sait ou elle sent qu'elle est condamnée, mais elle refuse d'accepter sans réagir le verdict. Son équilibre est tour à tour détruit et à nouveau reconstruit grâce à un gaspillage monstrueux des forces productives ; mais cette dynamique démontre une "grande force de résistance dont la meilleure preuve est que sa domination ne s'est pas encore écroulée"."


VIII. LE PARASITISME ET LA PUTREFACTION DU CAPITALISME

    
"Il nous reste encore à examiner un autre aspect essentiel de l'impérialisme ... Nous voulons parler du parasitisme propre à l'impérialisme.

     Nous l'avons vu, la principale base économique de l'impérialisme est le monopole. Ce monopole est capitaliste, c'est-à-dire né du capitalisme ; et, dans les conditions générales du capitalisme, de la production marchande, de la concurrence, il est en contradiction permanente et sans issue avec ces conditions générales. Néanmoins, comme tout monopole, il engendre inéluctablement une tendance à la stagnation et à la putréfaction. Dans la mesure où l'on établit, fût-ce momentanément, des prix de monopole, cela fait disparaître jusqu'à un certain point les stimulants du progrès technique et, par suite, de tout autre progrès; et il devient alors possible, sur le plan économique, de freiner artificiellement le progrès technique.
(...) Certes, un monopole, en régime capitaliste, ne peut jamais supprimer complètement et pour très longtemps la concurrence sur le marché mondial (c'est là, entre autres choses, une des raisons qui fait apparaître l'absurdité de la théorie de l'ultra-impérialisme). Il est évident que la possibilité de réduire les frais de production et d'augmenter les bénéfices en introduisant des améliorations techniques pousse aux transformations. Mais la tendance à la stagnation et à la putréfaction, propre au monopole, continue à agir de son côté et, dans certaines branches d'industrie, dans certains pays, il lui arrive de prendre pour un temps le dessus."

    
"Poursuivons. L'impérialisme est une immense accumulation de capital-argent dans un petit nombre de pays ...  D'où le développement extraordinaire de la classe ou, plus exactement, de la couche des rentiers, c'est-à-dire des gens qui vivent de la "tonte des coupons", qui sont tout à fait à l'écart de la participation à une entreprise quelconque et dont la profession est l'oisiveté. L'exportation des capitaux, une des bases économiques essentielles de l'impérialisme, accroît encore l'isolement complet de la couche des rentiers par rapport à la production, et donne un cachet de parasitisme à l'ensemble du pays vivant de l'exploitation du travail de quelques pays et colonies d'outre-mer."

    
"Le revenu des rentiers est cinq fois plus élevé que celui qui provient du commerce extérieur, et cela dans le pays le plus "commerçant" du monde ! Telle est l'essence de l'impérialisme et du parasitisme impérialiste."

    
"Aussi la notion d'"Etat-rentier" (Rentnerstaat) ou Etat-usurier devient-elle d'un emploi courant dans la littérature économique traitant de l'impérialisme. L'univers est divisé en une poignée d'Etats-usuriers et une immense majorité d'Etats-débiteurs."

    
"L'Etat-rentier est un Etat du capitalisme parasitaire, pourrissant ; et ce fait ne peut manquer d'influer sur les conditions sociales et politiques du pays en général..."

   
"...à l'intérieur du mouvement ouvrier ... les opportunistes momentanément vainqueurs dans la plupart des pays, "jouent" avec système et continuité, précisément dans ce sens. L'impérialisme, qui signifie le partage du monde et une exploitation ... qui procure des profits de monopole élevés à une poignée de pays très riches, crée la possibilité économique de corrompre les couches supérieures du prolétariat ; par là même il alimente l'opportunisme, lui donne corps et le consolide."

    
"Parmi les caractéristiques de l'impérialisme qui se rattachent au groupe de phénomènes dont nous parlons, il faut mentionner la diminution de l'émigration en provenance des pays impérialistes et l'accroissement de l'immigration, vers ces pays, d'ouvriers venus des pays plus arriérés, où les salaires sont plus bas. (...) L'impérialisme tend à créer, également parmi les ouvriers, des catégories privilégiées et à les détacher de la grande masse du prolétariat.
     A noter qu'en Angleterre, la tendance de l'impérialisme à diviser les ouvriers, à renforcer parmi eux l'opportunisme, à provoquer la décomposition momentanée du mouvement ouvrier, est apparue bien avant la fin du XIXème siècle et le début du XXème. Car deux traits distinctifs essentiels de l'impérialisme, la possession de vastes colonies et le monopole du marché mondial, s'y sont manifestés dès la seconde moitié du XIXème siècle. Marx et Engels ont méthodiquement, pendant des dizaines d'années, observé de près cette liaison de l'opportunisme dans le mouvement ouvrier avec les particularités impérialistes du capitalisme anglais. Ainsi, Engels écrivait à Marx le 7 octobre 1858 : "
En réalité, le prolétariat anglais s'embourgeoise de plus en plus, et il semble bien que cette nation, bourgeoise entre toutes, veuille en arriver à avoir, à côté de sa bourgeoisie, une aristocratie bourgeoise et un prolétariat bourgeois. Evidemment, de la part d'une nation qui exploite l'univers entier c'est jusqu'à un certain point, logique." Près d'un quart de siècle plus tard, dans une lettre du 11 août 1881, il parle des "pires trade-unions anglaises qui se laissent diriger par des hommes que la bourgeoisie a achetés ou que, tout au moins, elle entretient". Dans une lettre à Kautsky (12 septembre 1882), Engels écrivait : "Vous me demandez ce que pensent les ouvriers anglais de la politique coloniale. La même chose que ce qu'ils pensent de la politique en général. Ici, point de parti ouvrier, il n'y a que des radicaux conservateurs et libéraux; quant aux ouvriers, ils jouissent en toute tranquillité avec eux du monopole colonial de l'Angleterre et de son monopole sur le marché mondial." "

    
"L'impérialisme du début du XXème siècle a achevé le partage du globe entre une poignée d'Etats, dont chacun exploite aujourd'hui (en ce sens qu'il en retire du surprofit) une partie du "monde entier" à peine moindre que celle qu'exploitait l'Angleterre en 1858; dont chacun, grâce aux trusts, aux cartels, au capital financier, à ses rapports de créditeur à débiteur, occupe une situation de monopole sur le marché mondial ; dont chacun jouit, dans une certaine mesure, d'un monopole colonial...
     Ce qui distingue la situation actuelle, c'est l'existence de conditions économiques et politiques qui ne pouvaient manquer de rendre l'opportunisme encore plus incompatible avec les intérêts généraux et vitaux du mouvement ouvrier : d'embryon, l'impérialisme est devenu le système prédominant ; les monopoles capitalistes ont pris la première place dans l'économie et la politique ; le partage du monde a été mené à son terme ;
(...) dans toute une série de pays, [l'opportunisme] a atteint sa pleine maturité, il l'a dépassée et s'est décomposé en fusionnant complètement, sous la forme du social-chauvinisme, avec la politique bourgeoise." [ses héritiers français sont la gauche, de la LCR au PS en passant par le PCF]

[V. Lenine, 1916 : L'impérialisme, stade suprême du capitalisme]
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23 janvier 2008 3 23 /01 /janvier /2008 16:19


LA CRISE BOURSIERE CONFIRME L'HYPOTHESE REVOLUTIONNAIRE

krach-boursier.jpg(quand le CAC fait crac !)

    
Chaque fois que l'indice sâcré de la Bourse mondiale pique du nez, c'est la panique chez les courtiers et le branle-bas chez les économistes, qui sont au système capitaliste ce que les "philosophes" sont au régime bourgeois : des pompiers impuissants !
      Comme de coûtume, vont être proposées au bon peuple incrédule et aux "petits porteurs" affolés des mesurettes relevant plutôt de l'exorcisme : pseudo-réformes "structurelles", énième appels à reconfigurer le système monétaire international, remaniements ministériels et force incantations, appels angoissés au "bon sens", à la "raison", à "l'équilibre" et autres voeux pieux.

     Karl Marx considérait que les crises cycliques du capitalisme accompagnaient fatalement son développement exponentiel. Le Capital présente une courbe dont la tendance à croître est générale, mais hachée de chutes récurrentes, les crises.
        
Ces accès de fièvre périodiques sont nécessaires à l'économie lorsque l'écart entre le Marché et l'économie est par trop important, étant donné que tout le système vit à crédit. Le krach constitue en quelque sorte un réajustement entre les diverses sphères du capitalisme (financière, industrielle, marchande, etc.). Naturellement, ces réajustements successifs ont un coût humain considérable : chômage, paupérisation, bidonvillisation, etc.

           L'originalité de Marx aura été de poser clairement les conditions à un changement de société, afin que l'humanité échappe enfin à un mode de production devenu chaotique et prédateur. Qu'est-ce qui fera qu'une crise mondiale débouche sur une transformation radicale de la production et de la société humaines ?
           Une autre société n'est possible qu'avec l'émergence politique d'une classe qui porte en elle l'avenir de l'humanité toute entière, une classe dont le but est la disparition de la Bourgeoisie et sa propre disparition. Cette classe est naturellement constituée par les salariés, tous les salariés de tous les pays. Son but historique est de prendre conscience de sa force, de s'organiser, de s'armer en théorie et en pratique et de prendre d'assaut la forteresse capitaliste mondiale.

       Voilà la "réforme" proposée par "l'économiste" Karl Marx et, chaque fois qu'
au grand dam des traders les Bourses mondiales "dévissent", elle est d'actualité et hante leurs pires cauchemars.

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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 17:55


INLAND EMPIRE

undefined(la fin de l'impérialisme verra également la fin des crises du Capital)

     A l'heure où les grandes Bourses du Marché mondial "dévissent" sous l'effet d'un krach mondial, énième crise cyclique frappant l'économie planétaire, il n'est pas illégitime de penser qu'une crise prochaine, plus profonde que l'actuelle, plus générale et exacerbée, peut entraîner une première réponse sociale et politique de la classe salariée mondiale.

     En 1859, Marx écrivait : "Une formation sociale ne meurt pas avant d'avoir développé toutes les forces contenue en son sein". Une autre phrase de Marx, tirée du Manifeste explicite cette hypothèse : "la société possède trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d'industrie, trop de commerce". Et ce "trop plein", cette sur-production, s'arc-boutent forcément sur les limites imposées par les rapports de production.
     Comme les précédents, le krach boursier actuel est en fait provoqué par la collision entre les forces productives en expansion permanente - forces dont les salariés sont la partie vivante et dynamique - et le mode de production capitaliste, qui sanctifie l'appropriation privée.
     Les économistes bourgeois eux-mêmes, dans leur désarroi face au tremblement de Bourse actuel, sont forcés de concéder à la théorie marxiste la justesse et la précision de son analyse des crises capitalistes. Faut-il qu'ils se sentent acculés à la dernière extrêmité, eux qui, le reste du temps, n'ont de cesse de claironner à qui veut les entendre, la "mort" du communisme ou sa "faillite", comparée à la "réussite" exceptionnelle du "modèle" capitaliste !



VII. L'IMPERIALISME, STADE PARTICULIER DU CAPITALISME

     "Il nous faut maintenant essayer de dresser un bilan, de faire la synthèse de ce qui a été dit plus haut de l'impérialisme. L'impérialisme a surgi comme le développement et la continuation directe des propriétés essentielles du capitalisme en général. Mais le capitalisme n'est devenu l'impérialisme capitaliste qu'à un degré défini, très élevé, de son développement, quand certaines des caractéristiques fondamentales du capitalisme ont commencé à se transformer en leurs contraires, quand se sont formés et pleinement révélés les traits d'une époque de transition du capitalisme à un régime économique et social supérieur. Ce qu'il y a d'essentiel au point de vue économique dans ce processus, c'est la substitution des monopoles capitalistes à la libre concurrence capitaliste. La libre concurrence est le trait essentiel du capitalisme et de la production marchande en général ; le monopole est exactement le contraire de la libre concurrence ; mais nous avons vu cette dernière se convertir sous nos yeux en monopole, en créant la grande production, en éliminant la petite, en remplaçant la grande par une plus grande encore, en poussant la concentration de la production et du capital à un point tel qu'elle a fait et qu'elle fait surgir le monopole : les cartels, les syndicats patronaux, les trusts et, fusionnant avec eux, les capitaux d'une dizaine de banques brassant des milliards. En même temps, les monopoles n'éliminent pas la libre concurrence dont ils sont issus ; ils existent au-dessus et à côté d'elle, engendrant ainsi des contradictions, des frictions, des conflits particulièrement aigus et violents. Le monopole est le passage du capitalisme à un régime supérieur.

     Si l'on devait définir l'impérialisme aussi brièvement que possible, il faudrait dire qu'il est le stade monopoliste du capitalisme. Cette définition embrasserait l'essentiel, car, d'une part, le capital financier est le résultat de la fusion du capital de quelques grandes banques monopolistes avec le capital de groupements monopolistes d'industriels ; et, d'autre part, le partage du monde est la transition de la politique coloniale, s'étendant sans obstacle aux régions que ne s'est encore appropriée aucune puissance capitaliste, à la politique coloniale de la possession monopolisée de territoires d'un globe entièrement partagé.

     Mais les définitions trop courtes, bien que commodes parce que résumant l'essentiel, sont cependant insuffisantes, si l'on veut en dégager des traits fort importants de ce phénomène que nous voulons définir. Aussi, sans oublier ce qu'il y a de conventionnel et de relatif dans toutes les définitions en général, qui ne peuvent jamais embrasser les liens multiples d'un phénomène dans l'intégralité de son développement, devons-nous donner de l'impérialisme une définition englobant les cinq caractères fondamentaux suivants :
   1) concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu'elle a créé les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique ;
     2) fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce "capital financier", d'une oligarchie financière ;
     3) l'exportation des capitaux, à la différence de l'exportation des marchandises, prend une importance toute particulière ;
     4) formation d'unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde ;  
     5) fin du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes. L'impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s'est affirmée la domination des monopoles et du capital financiers, où l'exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan, où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s'est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes.

     Nous verrons plus loin l'autre définition que l'on peut et doit donner de l'impérialisme si l'on envisage, non seulement les notions fondamentales d'ordre purement économique (auxquelles se borne la définition citée), mais aussi la place historique que tient la phase actuelle du capitalisme par rapport au capitalisme en général, ou bien encore le rapport qui existe entre l'impérialisme et les deux tendances essentielles du mouvement ouvrier. Ce qu'il faut noter tout de suite, c'est que l'impérialisme compris dans le sens indiqué représente indéniablement une phase particulière du développement du capitalisme. Pour permettre au lecteur de se faire de l'impérialisme une idée suffisamment fondées, nous nous sommes appliqués à citer le plus souvent possible l'opinion d'économistes bourgeois, obligés de reconnaître les faits établis, absolument indiscutables, de l'économie capitaliste moderne. C'est dans le même but que nous avons produit des statistiques détaillées permettant de voir jusqu'à quel point précis s'est développé le capital bancaire, etc., en quoi s'est exprimé exactement la transformation de la quantité en qualité, le passage du capitalisme évolué à l'impérialisme. Inutile de dire, évidemment, que toutes les limites sont, dans la nature et dans la société, conventionnelles et mobiles ; qu'il serait absurde de discuter, par exemple, sur la question de savoir en quelle année ou en quelle décennie se situe l'instauration "définitive" de l'impérialisme.

     Mais là où il faut discuter sur la définition de l'impérialisme, c'est surtout avec K. Kautsky, le principal théoricien marxiste de l'époque dite de la IIème Internationale, c'est-à-dire des vingt-cinq années comprises entre 1889 et 1914. Kautsky s'est résolument élevé, en 1915 et même dès novembre 1914, contre les idées fondamentales exprimées dans notre définition de l'impérialisme, en déclarant qu'il faut entendre par impérialisme non pas une "phase" ou un degré de l'économie, mais une politique, plus précisément une politique déterminée, celle que "préfère" le capital financier, et en spécifiant qu'on ne saurait "identifier" l'impérialisme avec le "capitalisme contemporain", que s'il faut entendre par impérialisme "tous les phénomènes du capitalisme contemporain", - cartels, protectionnisme, domination des financiers, politique coloniale -, alors la question de la nécessité de l'impérialisme pour le capitalisme se réduira à "
la plus plate tautologie", car alors, "il va de soi que l'impérialisme est une nécessité vitale pour le capitalisme", etc. Nous ne saurions mieux exprimer la pensée de Kautsky qu'en citant sa définition de l'impérialisme, dirigée en droite ligne contre l'essence des idées que nous exposons...

     La définition de Kautsky est celle-ci :

     "
L'impérialisme est un produit du capitalisme industriel hautement évolué. Il consiste dans la tendance qu'a chaque nation capitaliste industrielle à s'annexer ou à s'assujettir des régions agraires toujours plus grandes, quelles que soient les nations qui les peuplent."

     Cette définition ne vaut absolument rien, car elle fait ressortir unilatéralement, c'est-à-dire arbitrairement, la seule question nationale (d'ailleurs importante au plus haut point en elle-même et dans ses rapports avec l'impérialisme), en la rattachant, de façon arbitraire et inexacte, au seul capital industriel des pays annexionnistes, et en mettant en avants, d'une façon non moins arbitraire et inexacte, l'annexion des régions agraires.

     L'impérialisme est une tendance aux annexions : voilà à quoi se réduit la partie politique de la définition de Kautsky. Elle est juste, mais très incomplète, car, politiquement l'impérialisme tend, d'une façon générale, à la violence et à la réaction
[c'est-à-dire au fascisme, mot qui n'existait pas encor en 1916]. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est l'aspect économique de la question, cet aspect que Kautsky introduit lui-même dans sa définition. Les inexactitudes de la définition de Kautsky sautent aux yeux. Ce qui est caractéristique de l'impérialisme, ce n'est point le capital industriel, justement, mais le capital financier."

    
"Kautsky se réfère plus spécialement, et à maintes reprises, aux Anglais qui ont, paraît-il, établi l'acception purement politique du mot "impérialisme" au sens où l'emploie Kautsky. Prenons l'ouvrage de l'Anglais Hobson, L'impérialisme, paru en 1902 :

     "Le nouvel impérialisme se distingue de l'ancien, premièrement, en ce qu'il substitue aux tendances d'un seul Empire en expansion la théorie et la pratique d'Empires rivaux, guidés chacun par les mêmes aspirations à l'expansion politique et au profit commercial ; deuxièmement, en ce qu'il marque la prépondérance sur les intérêts commerciaux des intérêts financiers ou relatifs aux investissements de capitaux... "

    
"...caractère historique concret de l'impérialisme moderne :
     1) concurrence de plusieurs impérialismes
     2) suprématie du financier sur le commerçant.

     La définition de Kautsky n'est pas seulement fausse et non marxiste. Comme on le verra plus loin, elle sert de base à un système général de vues rompant sur toute la ligne avec la théorie marxiste et avec la pratique marxiste. Kautsky soulève une question de mots tout à fait futile : doit-on qualifier la nouvelle phase du capitalisme d'impérialisme ou de phase du capital financier ? Qu'on l'appelle comme on voudra : cela n'a pas d'importance. L'essentiel, c'est que Kautsky détache la politique de l'impérialisme de son économie en prétendant que les annexions sont la politique "préférée" du capital financier, et en opposant à cette politique une autre politique bourgeoise prétendument possible
[en ce sens les alter-mondialistes notamment sont les héritiers du kautskysme], toujours sur la base du capital financier. Il en résulte que les monopoles dans l'économie sont compatibles avec un comportement politique qui exclurait le monopole, la violence et la conquête. Il en résulte que le partage territorial du monde, achevé précisément à l'époque du capital financier et qui est à la base des formes originales actuelles de la rivalité entre les plus grands Etats capitalistes, est compatible avec une politique non impérialiste. Cela revient à estomper, à émousser les contradictions les plus fondamentales de la phase actuelle du capitalisme, au lieu d'en dévoiler la profondeur. Au lieu du marxisme, on aboutit ainsi au réformisme bourgeois."

    
"...la "lutte" contre la politique des trusts et des banques, si elle ne touche pas aux bases de leur économie, se réduit à un réformisme et à un pacifisme bourgeois, à des souhaits pieux et inoffensifs. Eluder les contradictions existantes, oublier les plus essentielles, au lieu d'en dévoiler toute la profondeur, voilà à quoi revient la théorie de Kautsky, qui n'a rien de commun avec le marxisme."

    
"Du point de vue purement économique", l'"ultra-impérialisme" est-il possible ou bien est-ce là une ultra-niaiserie ?

     Si, par point de vue purement économique, on entend une "pure" abstraction, tout ce qu'on peut dire se ramène à la thèse que voici : le développement se fait dans le sens des monopoles et, par conséquent, dans celui d'un monopole universel, d'un trust mondial unique. C'est là un fait incontestable, mais aussi une affirmation absolument vide de contenu, comme celle qui consisterait à dire que "le développement se fait dans le sens" de la production des denrées alimentaires en laboratoire. En ce sens, la "théorie" de l'ultra-impérialisme est une absurdité pareille à ce que pourrait être une "théorie de l'ultra-agriculture.
"

    
"Comparez à cette réalité, à la variété prodigieuse des conditions économiques et politiques, à la disproportion extrême dans la rapidité du développement des différents pays, etc., à la lutte acharnée que se livrent les Etats impérialistes, la petite fable bébête de Kautsky sur l'ultra-impérialisme "pacifique". N'est-ce point là une tentative réactionnaire d'un petit bourgeois effrayé cherchant à se dérober à la réalité menaçante ? Les cartels internationaux, dans lesquels Kautsky voit l'embryon de l'"ultra-impérialisme" (de même que la fabrication de tablettes en laboratoire "peut" être proclamée l'embryon de l'ultra-agriculture), ne nous fournissent-ils pas l'exemple d'un partage et d'un repartage du monde, du passage du partage pacifique au partage non pacifique, et inversement ? Le capital financier d'Amérique et des autres pays, qui partageait paisiblement le monde entier avec la participation de l'Allemagne, par exemple dans le syndicat international du rail ou le trust international de la marine marchande, ne procède-t-il pas maintenant à un repartage sur la base des nouveaux rapports de forces, qui changent d'une façon absolument non pacifique ?

     Le capital financier et les trusts n'affaiblissent pas, mais renforcent les différences entre le rythme de développement des divers éléments de l'économie mondiale. Or, le rapport des forces s'étant modifié, où peut résider, en régime capitaliste, la solution des contradictions, si ce n'est dans la force ?
"

    
"Faut-il se demander s'il y avait, sur le terrain du capitalisme, un moyen autre que la guerre de remédier à la disproportion entre, d'une part, le développement des forces productives et l'accumulation des capitaux, et, d'autre part, le partage des colonies et des "zones d'influence" pour le capital financier ?"

(Lenine, L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1916)
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14 janvier 2008 1 14 /01 /janvier /2008 11:12

THE EMPIRE HAS ALWAYS STRIKED BACK

undefined(Lenine nettoie les écuries d'Augias de l'impérialisme mondial)


     De tous temps il a existé et il existe encor des partis soi-disant "ouvriers" pour promotionner à propos de la concurrence une position chauvine : défendre sur le marché mondial "leurs" travailleurs nationaux, défendre "leur" pays, etc. C'est-à-dire dans les faits, cautionner le fait que l'entrepreneur le plus performant jette à la rue des prolétaires, du moment qu'ils sont originaires d'autres contrées, de pays "étrangers". Sans oublier que ce résultat s'obtient en pressurant tant et plus les salariés autochtones. Ces partis "de gauche" dissimulent leur nationalisme économique derrière une rhétorique pseudo-radicale ; en réalité, au nom de "l'économie nationale" ils exacerbent la concurrence entre travailleurs.
     
     Il n'est jamais inutile de rappeller que les salariés, quelles que soient leurs origines, sont enchaînés à un seul et même système esclavagiste. Il n'est jamais superflu de répéter infatigablement qu'il n'existe pas de solution "nationale" à leur exploitation internationale. Il est nécessaire de clamer haut et fort que leur émancipation se fera grâce à l'union de tous partout sur la planète, tous pour un seul but, tous dans une seule organisation, leur organisation, dirigée contre l'impérialisme mondial.



CHAPITRE VI : LE PARTAGE DU MONDE ENTRE LES GRANDES PUISSANCES [extraits]


     "...le trait caractéristique de la période envisagée, c'est le partage définitif du globe, définitif non en ce sens qu'un nouveau partage est impossible, - de nouveaux partages étant au contraire possibles et inévitables, - mais en ce sens que la politique coloniale des pays capitalistes en a terminé avec la conquête des territoires inoccupés de notre planète. Pour la première fois, le monde se trouve entièrement partagé, si bien qu'à l'avenir il pourra uniquement être question de nouveaux partages, c'est-à-dire du passage d'un "possesseur" à un autre, et non de la "prise de possession" de territoires sans maître.

     Nous traversons donc une époque originale de la politique ... mondiale, étroitement liée à l'"étape la plus récente du développement capitaliste", celle du capital financier."

     "Il est ... hors de doute que le passage du capitalisme à son stade monopoliste, au capital financier, est lié à l'aggravation de la lutte pour le partage du monde."

      La chasse aux colonies menée par tous les Etats capitalistes à la fin du XIXème siècle, et surtout après 1880, est un fait universellement connu dans l'histoire de la diplomatie et de la politique extérieure."

     "Il n'est pas sans intérêt de constater que dès cette époque, [les] dirigeants politiques de la bourgeoisie ... voyaient nettement le rapport entre les racines pour ainsi dire purement économiques et les racines sociales et politiques de l'impérialisme contemporain. (...) Le salut est dans les monopoles, disaient les capitalistes en fondant des cartels, des syndicats et des trusts. Le salut est dans les monopoles, reprenaient les chefs politiques de la bourgeoisie en se hâtant d'accaparer les parties du monde non encore partagées."

     "...au seuil du XXème siècle, le partage du monde était "terminé". (...) Si l'on compare, par exemple, la France, l'Allemagne et le Japon, pays dont la superficie et la population ne diffèrent pas très sensiblement, on constate que le premier de ces pays a acquis presque trois fois plus de colonies (quant à la superficie) que les deux autres pris ensemble. Mais par son capital financier, la France était peut-être aussi, au début de la période envisagée, plusieurs fois plus riche que l'Allemagne et le Japon réunis. (...)
      "A côté des possessions coloniales des grandes puissances, nous avons placé les ... petits Etats, [lesquels] sont, pourrait-on dire, le prochain objectif d'un "nouveau partage" possible et probable...(...) Le capital financier est un facteur si puissant, si décisif, pourrait-on dire, dans toutes les relations économiques et internationales, qu'il est capable de se subordonner et se subordonne effectivement même des Etats jouissant d'une complète indépendance politique. (...) Mais il va de soi que ce qui donne au capital financier les plus grandes "commodités" et les plus grands avantages, c'est une soumission telle qu'elle entraîne pour les pays et les peuples en cause, la perte de leur indépendance politique."

     "La politique coloniale et l'impérialisme existaient déjà avant la phase contemporaine du capitalisme, et même avant le capitalisme. Rome, fondée sur l'esclavage, faisait une politique coloniale et pratiquait l'impérialisme. Mais les raisonnements "d'ordre général" sur l'impérialisme, qui négligent ou relèguent à l'arrière-plan la différence essentielle des formations économiques et sociales, dégénèrent infailliblement en banalités creuses ou en rodomontades, comme la comparaison entre "la Grande Rome et la Grande-Bretagne ". Même la politique coloniale du capitalisme dans les phases antérieures de celui-ci se distingue foncièrement de la politique coloniale du capital financier.

     Ce qui caractérise notamment le capitalisme actuel, c'est la domination des groupements monopolistes constitués par les plus gros entrepreneurs. Ces monopoles sont surtout solides lorsqu'ils accaparent dans leurs seules mains toutes les sources de matières brutes, et nous avons vu avec quelle ardeur les groupements capitalistes internationaux tendent leurs efforts pour arracher à l'adversaire toute possibilité de concurrence, pour accaparer, par exemple, les gisements de fer ou de pétrole, etc. Seule la possession des colonies donne au monopole de complètes garanties de succès contre tous les aléas de la lutte avec ses rivaux, même au cas où ces derniers s'aviseraient de se défendre par une loi établissant le monopole d'Etat. Plus le capitalisme est développé, plus le manque de matières premières se fait sentir, plus la concurrence et la recherche des sources de matières premières dans le monde entier sont acharnées, et plus est brutale la lutte pour [leur] possession..."

     "Naturellement, les réformistes bourgeois ... essaient d'atténuer l'importance de ces faits en disant qu'"on pourrait" se procurer des matières premières sur le marché libre sans politique "coûteuse et dangereuse", et qu'"on pourrait" augmenter formidablement l'offre de matières premières par une "simple" amélioration des conditions de l'agriculture en général. Mais ces déclarations tournent à l'apologie de l'impérialisme, à son idéalisation, car elles passent sous silence la particularité essentielle du capitalisme contemporain : les monopoles. Le marché libre recule de plus en plus dans le passé ; les syndicats et les trusts monopolistes le restreignent de jour en jour. Et la "simple" amélioration des conditions de l'agriculture se réduit à l'amélioration de la situation des masses, à la hausse des salaires et à la diminution des profits. Mais existe-t-il, ailleurs que dans l'imagination des suaves réformistes, des trusts capables de se préoccuper de la situation des masses, au lieu de penser à conquérir des [marchés] ?

     Le capital financier ne s'intéresse pas uniquement aux sources de matières premières déjà connues. Il se préoccupe aussi des sources possibles ; car, de nos jours, la technique se développe avec une rapidité incroyable, et des territoires aujourd'hui inutilisables peuvent être rendus utilisables demain par de nouveaux procédés (à cet effet, une grande banque peut organiser une expédition spéciale d'ingénieurs, d'agronomes, etc.), par l'investissement de capitaux importants. Il en est de même pour la prospection de richesses minérales, les nouveaux procédés de traitement et d'utilisation de telles ou telles matières premières, etc., etc. D'où la tendance inévitable du capital financier à élargir son territoire économique, et même son territoire d'une façon générale. De même que les trusts capitalisent leur avoir en l'estimant deux ou trois fois sa valeur, en escomptant leurs bénéfices "possibles" dans l'avenir (et non leurs bénéfices actuels), en tenant compte des résultats ultérieurs du monopole, de même le capital financier a généralement tendance à mettre la main sur le plus de terres possible, quelles qu'elles soient, où qu'elles soient, et par quelques moyens que ce soit, dans l'espoir d'y découvrir des sources de matières premières et par crainte de rester en arrière dans la lutte forcenée pour le partage des derniers morceaux du monde non encore partagés, ou le repartage des morceaux déjà partagés."

     "La superstructure extra-économique qui s'érige sur les bases du capital financier, ainsi que la politique et l'idéologie de ce dernier, renforcent la tendance aux conquêtes...  "Le capital financier veut non pas la liberté, mais la domination" dit fort justement Hilferding. Et un auteur bourgeois français ... écrit qu'il convient d'ajouter aux causes économiques de la politique ... d'aujourd'hui des causes sociales : "Les difficultés croissantes de la vie qui pèsent non seulement sur les multitudes ouvrières, mais aussi sur les classes moyennes, font s'accumuler dans tous les pays de vieille civilisation des impatiences, des rancunes, des haines menaçantes pour la paix publique ; des énergies détournées de leur milieu social et qu'il importe de capter pour les employer dehors à quelque grande oeuvre, si l'on ne veut pas qu'elles fassent explosion au-dedans."

     ... à l'époque de l'impérialisme politique, il faut noter que le capital financier et la politique internationale qui lui est conforme, et qui se réduit à la lutte des grandes puissances pour le partage économique et politique du monde, créent pour les Etats diverses formes transitoires de dépendance. Cette époque n'est pas seulement caractérisée par les deux groupes principaux de pays : possesseurs de colonies et pays coloniaux, mais encore par des formes variées de pays dépendants qui, nominalement, jouissent de l'indépendance politique, mais qui, en réalité, sont pris dans les filets d'une dépendance financière et diplomatique."

     "De tels rapports ont toujours existé entre petits et grands Etats, mais à l'époque de l'impérialisme capitaliste, ils deviennent un système général, ils font partie intégrante de l'ensemble des rapports régissant le "partage du monde", ils forment les maillons de la chaîne des opérations du capital financier mondial."

(Vladimir Illitch Oulianov, L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1916)
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13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 18:26

 
MEPRISABLES EUNUQUES DE LA MORALE BOURGEOISE

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(Abraham Lincoln
    
    
                                
                                                                                                                                                                                             

                                                                                              (1928 : Trotski vers son exil en Turquie)


    
     "L'importance d'Abraham Lincoln vient de ce que, pour atteindre le grand but historique assigné par le développement du jeune peuple américain, il ne recula pas devant l'application des mesures les plus rigoureuses quand elles furent nécessaires. La question n'est même pas de savoir lequel des belligérants subit ou infligea les plus lourdes pertes. L'histoire a des mesures différentes pour les cruautés des Sudistes et des Nordistes dans la guerre de Sécession des Etats-Unis. Que de méprisables eunuques ne viennent pas soutenir que l'esclavagiste qui, par la ruse et la violence, enchaîne un esclave est devant la morale l'égal de l'esclave qui, par la ruse et la violence, brise ses chaînes!

     Quand la Commune de Paris eut été noyée dans le sang et que la canaille réactionnaire du monde entier se mit à traîner son drapeau dans la boue, il se trouva de nombreux philistins démocrates pour flétrir, avec la réaction, les Communards qui avaient exécuté 64 otages et parmi eux l'archevêque de Paris. Marx n'hésita pas un instant à prendre la défense de cette sanglante action de la Commune. Dans une circulaire du Conseil Général de l'Internationale, Marx rappelle - et l'on croit entendre des laves bouillonner sous ces lignes - que la bourgeoisie usa du système des otages dans la lutte contre les peuples des colonies et dans la lutte contre son propre peuple. Parlant ensuite des exécutions méthodiques des Communards prisonniers, il écrit :

     "
Il ne restait plus à la Commune, pour défendre la vie de ses combattants prisonniers, qu'à recourir à la prise des otages, coutumière chez les Prussiens. La vie des otages fut perdue et reperdue du fait que les Versaillais continuaient à fusiller leurs prisonniers. Eût-il été
possible d'épargner les otages après l'horrible carnage dont les prétoriens de Mac-Mahon marquèrent leur entrée dans Paris ? Le dernier contrepoids à la sauvagerie du gouvernement bourgeois - la prise des otages - allait-il n'être que dérision?"

        Tel fut le langage de Marx sur l'exécution des otages...


    L'indignation du prolétariat mondial, devant les atrocités commises par les Versaillais, était encore si grande que les brouillons réactionnaires préférèrent se taire, en attendant des temps meilleurs pour eux, - et ces temps, hélas ! ne tardèrent pas à venir...
 
      Quand la révolution d'Octobre résistait aux forces réunies de l'impérialisme sur un front de 8000 kilomètres, les ouvriers de tous les pays suivaient cette lutte avec une sympathie si ardente qu'il eût été risqué de dénoncer devant eux comme une "révoltante barbarie" la prise des otages. Il a fallu la dégénérescence totale de l'Etat soviétique et le triomphe de la réaction en divers pays pour que les moralistes sortissent de leurs trous..."

(Leur morale et la nôtre, 1938)
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12 janvier 2008 6 12 /01 /janvier /2008 11:33


MORALE, VIOLENCE ET LUTTE DES CLASSES


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(1928 : Léon Trostki en exil à Prinkipo, Turquie)

    
     "...que faire de la révolution ? La guerre civile est la plus cruelle des guerres. Elle ne se conçoit pas sans violences exercées sur des tiers et, tenant compte de la technique moderne, sans meurtre de vieillards et d'enfants. Devons-nous rappeler l'Espagne ? La seule réponse que pourraient nous faire les "amis" de l'Espagne républicaine, c'est que la guerre civile est préférable à l'esclavage fasciste. Mais cette réponse tout-à-fait juste signifie seulement que la fin (démocratie ou socialisme) justifie dans certaines circonstances "des moyens" tels que la violence et le meurtre. Point n'est besoin de parler du mensonge ! La guerre est aussi inconcevable sans mensonge que la machine sans graissage. A seule fin de protéger les Cortès contre les bombes fascistes, le gouvernement de Barcelone trompa plusieurs fois sciemment les journalistes et la population. Pouvait-il faire autre chose? Qui veut la fin (la victoire sur Franco) doit vouloir les moyens (la guerre civile avec son cortège d'horreurs et de crimes).
     Et pourtant le mensonge et la violence ne sont-ils pas à condamner en "eux-mêmes"? Assurément, à condamner en même temps que la société, divisée en classes, qui les engendre. La société sans antagonismes sociaux sera, cela va de soi, sans mensonge et sans violence. Mais on ne peut jeter vers elle un pont que par les méthodes de violence. La révolution est elle-même le produit de la société divisée en classes dont elle porte nécessairement les marques. Du point de vue des "vérités éternelles" la révolution est naturellement "immorale". Ce qui nous apprend seulement que la morale idéaliste est contre-révolutionnaire, c'est-à-dire au service des exploiteurs. "Mais la guerre civile, - dira peut-être le philosophe, pris de court - est une pénible exception. En temps de paix, un mouvement socialiste sain doit se passer de mensonge et de violence." Ce n'est que piteuse dérobade. Il n'y a pas de frontières infranchissables entre la pacifique lutte des classes et la révolution. Chaque grève contient en germe tous les éléments de la guerre civile. Les deux partis en présence s'efforcent de se donner mutuellement une idée exagérée de leur degré de résolution et de leurs ressources. Grâce à leur presse, à leurs agents et à leurs mouchards, les capitalistes cherchent à intimider et démoraliser les grévistes. Lorsque la persuasion se révèle inopérante, les piquets de grève sont, de leur côté, réduits à recourir à la force. On voit ainsi que "le mensonge et pire encore" sont inséparables de la lutte des classes dès sa forme embryonnaire. Il reste à ajouter que les notions de vérité et de mensonge sont nées des contradictions sociales".

(Leur morale et la nôtre, 1938)
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10 janvier 2008 4 10 /01 /janvier /2008 09:55

      
THE EMPIRE IS STRIKING BACK

undefined(un "autre monde" implique un coup de balai révolutionnaire dans ce monde-ci)

       
Si on lit ou relit "L'impérialisme, stade suprême du capitalisme", qu'Illitch Oulianov rédigea en 1916, on constate à peu de choses près que rien de ce qu'analyse le leader bolchevik n'a changé. Tout au plus, les évolutions mises en lumière ont hypertrophié un mouvement qui date de leur apparition.
   
    Les chefs d'entreprise continuent d'obtenir l'abaissement du prix de leurs marchandises par l'abaissement des salaires, l'augmentation du temps de travail, la
sournoise répression quotidienne des salariés, l'élévation des cadences, le perfectionnement technique, ... Les "consommateurs" y trouvent à peu près leur compte et les capitalistes - en particulier les "djeuns" - peuvent ainsi s'insérer dans le marché mondial.
     L'accumulation du capital augmente la productivité et abaisse les coûts salariaux, aussi bien par une baisse relative des salaires que par "dégraissage" et délocalisation. La nature même du mode de production capitaliste exige d'augmenter sans cesse le taux de plus-value.
     Les vainqueurs sporadiques de cette impitoyable concurrence que se livrent les requins du Marché sont invariablement ceux qui obtiennent de leurs esclaves salariés le plus de sueur et de sang, le plus d'énergie physique et mentale, le plus de déshumanisation, le plus de destruction de la vie familiale et sociale. 
        Sur le ring planétaire de la concurrence, l'arbitre annonce aux adversaires :
 
"que le pire l'emporte !"

     Dans le Vème chapitre de "L'impérialisme...", la mondialisation - que Lenine appelle simplement "marché mondial" - est présentée comme la tendance inéluctable de l'économie de marché, tendance liée au besoin vital de l'accumulation capitaliste de s'élargir sans limite.


V. LE PARTAGE DU MONDE ENTRE LES GROUPEMENTS CAPITALISTES


     "Les groupements de monopoles capitalistes - cartels, syndicats, trusts - se partagent tout d'abord le marché intérieur en s'assurant la possession, plus ou moins absolue, de toute la production de leur pays. Mais, en régime capitaliste, le marché intérieur est nécessairement lié au marché extérieur. Il y a longtemps que le capitalisme a créé le marché mondial. Et, au fur et à mesure que croissait l'exportation des capitaux et que s'étendaient, sous toutes les formes, les relations avec l'étranger et les colonies, ainsi que les "zones d'influence" des plus grands groupements monopolistes, les choses allaient "naturellement" vers une entente universelle de ces derniers, vers la formation de cartels internationaux.

     Ce nouveau degré de concentration du capital et de la production à l'échelle du monde entier est infiniment plus élevé que les précédents."

     "L'industrie du pétrole fournit un exemple édifiant d'une tentative de repartage de ce genre, de lutte pour ce nouveau partage."

     "...les monopoles privés et les monopoles d'Etat s'interpénètrent à l'époque du Capital financier, les uns et les autres n'étant que des chaînons de la lutte impérialiste entre les plus grands monopoles pour le partage du monde."

     "Certains auteurs bourgeois ... ont exprimé l'opinion que les cartels internationaux, une des expressions les plus accusées de l'internationalisation du capital, permettaient d'espérer que la paix régnerait entre les peuples en régime capitaliste. Du point de vue de la théorie, cette opinion est tout à fait absurde ; et du point de vue pratique, c'est un sophisme et un mode de défense malhonnête du pire opportunisme. Les cartels internationaux montrent à quel point se sont développés aujourd'hui les monopoles capitalistes, et quel est l'objet de la lutte entre les groupements capitalistes. Ce dernier point est essentiel ; lui seul nous révèle le sens historique et économique des événements, car les formes de la lutte peuvent changer et changent constamment pour des raisons diverses, relativement temporaires et particulières, alors que l'essence de la lutte, son contenu de classe, ne saurait vraiment changer tant que les classes existent. On comprend qu'il soit de l'intérêt de la bourgeoisie ... de camoufler le contenu de la lutte économique actuelle (le partage du monde) et de souligner tantôt une, tantôt une autre forme de cette lutte. ... Et il ... s'agit évidemment ... de la bourgeoisie universelle. Si les capitalistes se partagent le monde, ce n'est pas en raison de leur scélératesse particulière, mais parce que le degré de concentration déjà atteint les oblige à s'engager dans cette voie afin de réaliser des bénéfices ; et ils le partagent "proportionnellement aux capitaux", "selon les forces de chacun", car il ne saurait y avoir d'autre mode de partage en régime de production marchande et de capitalisme. Or, les forces changent avec le développement économique et politique ; pour l'intelligence des événements, il faut savoir quels problèmes sont résolus par le changement du rapport des forces ; quant à savoir si ces changements sont "purement" économiques ou extra-économiques (par exemple, militaires), c'est là une question secondaire qui ne peut modifier en rien le point de vue fondamental sur l'époque moderne du capitalisme. Substituer à la question du contenu des luttes et des transactions entre les groupements capitalistes la question de la forme de ces luttes et de ces transactions (aujourd'hui pacifique, demain non pacifique, après-demain de nouveau pacifique), c'est s'abaisser au rôle de sophiste.

     L'époque du capitalisme moderne nous montre qu'il s'établit entre les groupements capitalistes certains rapports basés sur le partage économique du monde et que, parallèlement et conséquemment, il s'établit entre les groupements politiques, entre les Etats, des rapports basés sur le partage territorial du monde, sur la lutte pour les colonies, la "lutte pour les territoires économiques ".

(à suivre)
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7 janvier 2008 1 07 /01 /janvier /2008 11:30


COMBAT DE MIROIRS DANS UNE GLACE

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     La principale et unique critique de Sarkozy provenant de la gauche consiste à dénoncer son côté clinquant, arriviste-proxénète, bref à s'écrier d'un ton courroucé : "Ah mon Dieu ! Mais que ce personnage est dégoûtant de vulgarité !..."
     Cette bonne vieille gauche très française s'offusque que l'attitude du petit bonhomme attente à la fonction présidentielle, qui se doit d'être remplie de solennité, de protocole, d'étiquette et de dignité.
     Une ré-incarnation d'un vicomte du XVIIIème siècle (d'avant la Révolution) ne protesterait pas autrement. Un président, monarque d'aujourd'hui, se doit d'afficher ostensiblement les marques de sa noblesse. Cela constitue d'ailleurs une formule défendue plus ardemment par la gauche que par la droite depuis le règne de Mitterrand : "Le Président est au-dessus de tous les Français", contrepoint laïque au "Roy de droit divin" de la monarchie.
      Les "sujets" du monarque présidentiels s'appellent des "citoyens", et la gauche entend bien que ces sujets-là continuent de vénérer leur dirigeant suprême. D'où son irritation grandissante à voir le Hongrois minuscule dévoyer chacun de ses actes, d'abaisser à hauteur de populace ses discours et ses gesticulations ; le peuple qui aimait assister aux exécutions publiques se délecte maintenant des contenus des poubelles aristocratiques, que la presse "libre" déverse pour lui sur les trottoirs.
    
     Existe-t-il donc une différence entre l'attitude de la gauche et celle de la droite quant à la manière de diriger ?
     Quand un politicien de droite enfile à son poignet une Rolex ou une Breitling or et diam's, la gauche pousse des "oh !", des "ah !" et crie à l'infâmie, au cynisme envers les pauvres.
     Tous ces humbles dirigeants humanistes, qui se réclament de Jaurès, Blum, Mendès-France et même du petit jésus non-soviétique, ne possèdent-ils donc aucun signe extérieur de "richesse" ? Aucun parmi eux n'est chef d'entreprise ? Aucun ne paie l'Impôt Sur les grandes Fortunes ? Aucun n'habite un appartement cossu d'une surface habitable largement supérieure à 200 m2 ? Aucun ne fait partie - socialement du moins - de ce qu'on n'appelle plus "la grande Bourgeoisie" ? Aucun ne se distrait en allant assister en grande tenue à des soirées mondaines, concerts classiques, opéras, expositions d'art et autres assemblées concernant uniquement le microcosme "bourgeois-bohème", où l'on s'entre-croise en débitant au km des formules précieuses et toutes faites, le petit doigt trempant légèrement dans la flûte à Champagne ou le toast caviardé ? Aucun ne va à la messe du dimanche en compagnie de ses semblables?
    
     Combien d'entre ces "socialistes"-là possèdent moins de 3 véhicules (quel type de véhicule) ? Combien utilisent régulièrement les transports en commun ? Combien font leurs courses et se font la cuisine eux-mêmes ? Combien n'ont-ils pas de femme de ménage attitrée (ne travaillant que pour eux) ? Combien n'emploient aucun personnel domestique ? Combien ont mis leurs enfants à l'école publique ? Combien ne sortent pas de l'ENA ou d'une Grande Ecole, où ils ont côtoyé en nombre leurs futurs soi-disant "adversaires" ? Combien n'étaient pas riches à leur naissance ? Combien n'ont jamais été impliqués dans des affaires de corruption concernant des sommes de 100 000 euros et plus si possibilité ?
    
     Depuis la fin de règne du Mythe errant s'est opéré un renversement d'axe orbital entre droite et gauche. Plus précisément, la gauche incline fortement à droite et inversement. Toutes ces "inclinations" pour en arriver à une "américanisation" de la vie politique hexagonale, soit 2 partis-siamois.
    
     Qu'il soit permis à l'auteur de ces lignes d'insister sur l'opportunisme structurel de la gauche bourgeoise française, nantie d'une hypocrisie sans bornes, n'exigeant qu'un mépris conscient.
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17 décembre 2007 1 17 /12 /décembre /2007 10:27



 DOES THE EMPIRE STRIKES BACK FOREVER ?

Lenine-balaie-copie-1.jpg(D'abord, il y a les armes de la critique, avant que ne surgisse le temps de la critique des armes)

 
        Comme des masses de salariés peuvent le constater au quotidien sur leur lieu de travail, l'ingéniosité patronale pour leur presser le citron jusqu'à la dernière goutte ne connaît aucune limite, sinon celles de la santé de l'employé.
     Aucun chef d'entreprise d'aucune nationalité ne possède l'exclusivité de l'exploitation optimum des travailleurs. Par conséquent, aucun n'en tire d'avantage qui soit durable. Tous les concurrents qui survivent à la concurrence passent en même temps à un stade supérieur de l'extraction de plue-value.
         
         Quand le prix de la force de travail - les salaires - s'égalise entre requins, le procédé suivant consiste à investir, moderniser, etc. afin d'augmenter la productivité du travail et de réduire le coût salarial : ces "re-structurations" s'accompagnent invariablement d'un "dégraissage" en règle. De nombreux salariés en font les frais, rejoignant la cohorte de ce que Marx nommait "l'armée industrielle de réserve". Les licenciements permettent aux capitalistes de réduire le prix de revient d'une marchandise donnée. Si on vend moins cher que le concurrent, tout en faisant plus de bénéfs', on lui pique ces précieuses "parts de marché" pour lesquelles un patron mettrait sa propre mère aux enchères.
     
          Lorsque la modernisation s'étend à toute une branche de la production, alors c'est la valeur de la force de travail qui s'abaisse en conséquence. Marx l'affirme haut et fort : l'accumulation de capital - ce que les benêts appellent la "croissance" - permet à la classe capitaliste d'augmenter la productivité et d'obtenir un "sur-profit de productivité". D'où cette quête lancinante de la "modernisation" et de la "compétitivité".

        
         Dans le chapitre IV de "L'impérialisme...", Lénine aborde le mouvement des capitaux, qui ne s'embarrasse pas de frontières mais s'effectue avec une intensité inégale suivant les aires économiques, provoquant le développement chaotique qui caractérise le mode de production capitaliste :

IV. L'EXPORTATION DES CAPITAUX

     "Ce qui caractérisait l'ancien capitalisme, où régnait la libre concurrence, c'était l'exportation des marchandises. Ce qui caractérise le capitalisme actuel, où règnent les monopoles, c'est l'exportation des capitaux.

     Le capitalisme, c'est la production marchande, à son plus haut degré de développement, où la force de travail elle-même devient marchandise. L'extension des échanges tant nationaux qu'internationaux, surtout, est un trait distinctif caractéristique du capitalisme. Le développement inégal et par bonds des différentes entreprises, des différentes industries et des différents pays, est inévitable en régime capitaliste. Devenue capitaliste la première, et adoptant le libre-échange vers le milieu du XIXème siècle, l'Angleterre prétendit au rôle d'"atelier du monde entier", de fournisseur en articles manufacturés de tous les pays, qui devaient, en échange, la ravitailler en matières premières. Mais ce monopole, l'Angleterre commença à le perdre dès le dernier quart de ce siècle. D'autres pays, qui s'étaient défendus par des tarifs douaniers "protecteurs", devinrent à leur tour des Etats capitalistes indépendants. Au seuil du XXème siècle, on vit se constituer un autre genre de monopoles : tout d'abord, des associations monopolistes capitalistes dans tous les pays à capitalisme évolué ; ensuite, la situation de monopole de quelques pays très riches, dans lesquels l'accumulation des capitaux atteignait d'immenses proportions. Il se constitua un énorme "excédent de capitaux" dans les pays avancés.

     Certes, si le capitalisme pouvait développer l'agriculture qui, aujourd'hui, retarde partout terriblement sur l'industrie, s'il pouvait élever le niveau de vie des masses populaires qui, en dépit d'un progrès technique vertigineux, demeurent partout grevées par la sous-alimentation et l'indigence, il ne saurait être question d'un excédent de capitaux. Les critiques petits-bourgeois du capitalisme servent à tout propos cet "argument". Mais alors le capitalisme ne serait pas le capitalisme, car l'inégalité de son développement et la sous-alimentation des masses sont les conditions et les prémisses fondamentales, inévitables, de ce mode de production. Tant que le capitalisme reste le capitalisme, l'excédent de capitaux est consacré, non pas à élever le niveau de vie des masses dans un pays donné, car il en résulterait une diminution des profits pour les capitalistes, mais à augmenter ces profits par l'exportation de capitaux à l'étranger, dans les pays sous-développés. Les profits y sont habituellement élevés, car les capitaux y sont peu nombreux, le prix de la terre relativement bas, les salaires de même, les matières premières à bon marché. Les possibilités d'exportation de capitaux proviennent de ce qu'un certain nombre de pays attardés sont d'ores et déjà entraînés dans l'engrenage du capitalisme mondial, que de grandes lignes de chemins de fer y ont été construites ou sont en voie de construction, que les conditions élémentaires du développement industriel s'y trouvent réunies, etc. La nécessité de l'exportation des capitaux est due à la "maturité excessive" du capitalisme dans certains pays, où (l'agriculture étant arriérée et les masses misérables) les placements "avantageux" font défaut au capital".

     "...l'exportation des capitaux n'atteignit un développement prodigieux qu'au début du XXème siècle. Avant la guerre, les capitaux investis à l'étranger par les trois principaux pays étaient de 175 à 200 milliards de francs. Au taux modeste de 5%, ils devaient rapporter 8 à 10 milliards de francs par an. Base solide pour l'oppression et l'exploitation impérialiste de la plupart des pays et des peuples du monde, pour le parasitisme capitaliste d'une poignée d'Etats opulents !"

     "Les exportations de capitaux influent, en l'accélérant puissamment, sur le développement du capitalisme dans les pays vers lesquels elles sont dirigées. Si donc ces exportations sont susceptibles, jusqu'à un certain point, d'amener un ralentissement dans l'évolution des pays exportateurs, ce ne peut être qu'en développant en profondeur et en étendue le capitalisme dans le monde entier.

         Les pays exportateurs de capitaux ont presque toujours la possibilité d'obtenir certains "avantages", dont la nature fait la lumière sur l'originalité de l'époque du capital financier et des monopoles
".

         "Le capital financier a engendré les monopoles. Or, les monopoles introduisent partout leurs méthodes : l'utilisation des "relations" pour des transactions avantageuses se substitue, sur le marché public, à la concurrence. Rien de plus ordinaire que d'exiger, avant d'accorder un emprunt, qu'il soit affecté en partie à des achats de produits dans le pays prêteur, surtout à des commandes d'armements, de bateaux, etc. (...) L'exportation des capitaux devient ainsi un moyen d'encourager l'exportation des marchandises. Les transactions entre des entreprises particulièrement importantes revêtent, dans ces circonstances, un caractère tel qu[']..."elles confinent à la corruption"".

         "Le capital financier jette ... ses filets au sens littéral du mot, pourrait-on dire, sur tous les pays du monde. Les banques ... jouent en l'occurrence un rôle important".
        "Les pays exportateurs de capitaux se sont, au sens figuré du mot, partagé le monde. Mais le capital financier a conduit aussi au partage du globe
".
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12 décembre 2007 3 12 /12 /décembre /2007 15:34
 


LA MALADIE PETITE-BOURGEOISE DE LA GAUCHE

l-homme-crucifi--.jpg("L'Homme crucifié", fresque murale de Diego Rivera ; Trotski est à droite, derrière le drapeau rouge)

    
     "Le marxiste révolutionnaire ne saurait aborder sa tâche historique sans avoir rompu moralement avec l'opinion publique de la bourgeoisie et de ses agents au sein du prolétariat. Cette rupture-là exige un courage moral d'un autre calibre que celui des gens qui vont criant dans les réunions publiques : "A bas Hitler, à bas Franco !" Et c'est justement cette rupture décisive, profondément réfléchie, irrévocable, des bolcheviks avec la morale conservatrice de la grande et aussi de la petite-bourgeoisie, qui cause une frayeur mortelle aux phraseurs de la démocratie, aux prophètes de salons, aux héros de couloirs. De là leurs lamentations sur l'"amoralisme" des bolcheviks. Leur façon d'identifier la morale bourgeoise avec la morale "en général" se vérifie sans doute le mieux à l'extrême gauche de la petite-bourgeoisie..."

(Léon Trotski, Leur morale et la nôtre, 1938)
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