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25 mai 2007 5 25 /05 /mai /2007 09:20

SA MORALE ET CELLE DES AUTRES

IV

 

                

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




(20 ans : exilé en Sibérie)                                                                        (45 ans : exilé en fac)

 

    

    

     Par delà 70 années, Léon Davidovitch Bronstein Trotski s'adresse à Mr Onfray et à ses comparses :

 

"Leur morale et la notre" (1938)

Extrait IV

 

    

     "Mais que sont tous ces moralistes démocrates ? Les idéologues des couches moyennes tombées, ou qui craignent de tomber, entre deux feux. Les prophètes de ce genre sont surtout caractérisés par leur éloignement des grands mouvements de l'histoire, par le conservatisme rétrograde de leur pensée, par le contentement de leur médiocrité et par la pusillanimité politique la plus primitive. Les moralistes souhaitent par dessus tout que l'histoire les laisse en paix avec leurs bouquins, leurs petites revues, leurs abonnés, leur bon sens et leurs règles. Mais l'histoire ne les laisse pas en paix. Tantôt de gauche, tantôt de droite, elle leur bourre les côtes". (Léon TROTSKI)

 

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23 mai 2007 3 23 /05 /mai /2007 09:19

SA MORALE ET CELLE DES AUTRES

III

 

                         

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



(un matérialiste dialectique à 18 ans                                            (un essayiste onfrayique à pas-d'âge)

 

    

     En février 1938, Léon Trotski, dans son ultime exil mexicain, écrivit un texte intitulé "Leur morale et la notre".

    

     Le Sous-Lieutenant fait profiter ceux qui le désirent des critiques acerbes et toujours opérantes que le leader révolutionnaire asséna aux petits-bourgeois à prétentions radicales de son époque, petits-bourgeois préfigurant les essayistes onfrayiques dont nous avons la joie de profiter aujourd'hui.

 

 

 "Leur morale et la notre" (1938)

 

      "Ces rapprochements et ces identifications sont essentiellement caractérisés par l'ignorance complète des assises matérielles des diverses tendances, c'est-à-dire de leur nature sociale et, dès lors, de leur rôle historique objectif. On y apprécie et classe par contre les diverses tendances d'après des indices extérieurs et secondaires, le plus souvent d'après leur attitude envers tel ou tel principe abstrait auquel le classificateur attribue professionnellement une signification particulière. Pour le pape, les francs-maçons, les darwinistes, les marxistes et les anarchistes sont frères en le sacrilège puisqu'ils repoussent tous l'Immaculée Conception". 

 

[Aujourd'hui, "l'Immaculée Conception" c'est le principe démocratique]  

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21 mai 2007 1 21 /05 /mai /2007 20:06

SA MORALE ET CELLE DES AUTRES

II

 

                                                     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




(le fondateur de l'Armée Rouge)                                             (le fondateur du nietzschéisme de gauche)

 

    

     Mr Onfray accepte de frayer avec les pâles épigones du "trotskisme" (style le facteur à pédales). Pour les mêmes raisons, le philo-sophiste déteste le fondateur malgré lui du courant "trotskiste".

 

     Le Sous-Lieutenant Karpov lui non plus n'est pas "trotskiste". C'est dire si cette aversion onfrayique pour le dirigeant révolutionnaire (ou plutôt pour ses positions politiques) l'intéresse au plus haut point. Ayant lu quelque part que Mr Onfray vouait aux gémonies le texte "Leur morale et la nôtre", il s'en est enquis, l'a lu et a compris les motivations de cette onfrayique excécration.

 

     La parole est maintenant à Léon Davidovitch Bronstein :

 

 

 "Leur morale et la nôtre"

Extrait II

 

     "Des échantillons de perfection éthique sont distribués gratuitement dans toutes les rédactions intéressées. Cette prédication aussi ampoulée que fausse a sa base sociale - de classe - dans la petite bourgeoisie intellectuelle. Sa base politique est dans l'impuissance et le désarroi devant la réaction. Base psychologique : le désir de surmonter sa propre inconsistance en se mettant une fausse barbe de prophète.
     Le procédé favori du philistin moralisateur consiste à identifier les façons d'agir de la révolution et de la réaction. Des analogies formelles en assurent le succès
". (Léon TROTSKI, 1938)

 

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20 mai 2007 7 20 /05 /mai /2007 22:00

SA MORALE ET CELLE DES AUTRES

I

 

                                     

 

 

 

 

 

 

 

 

(il n'y a pas que les lunettes qui diffèrent sensiblement)

 

   

 

 

 





     Le Sous-Lieutenant Karpov ne sait plus où il a lu sous la plume de Mr Onfray toute l'aversion que portait celui-ci à un texte de Léon Trotski intitulé "Leur morale et la notre", écrit en 1938 par l'ancien dirigeant révolutionnaire en exil au Mexique.

       N'écoutant que sa curiosité, le S-L K. a voulu découvrir et lire ce texte qu'il ne connaissait pas. Bien lui en prit car cela lui permit d'appréhender toute la vitalité dudit texte et de comprendre tout-à-fait les raisons pour lesquelles il déplaisait fortement au philo-sophiste. Et comme il aime bien partager, le S-L K. tient à en faire profiter ceux qui le désirent.

     Avant de commencer, le Sous-Lieutenant Piotr Marat Karpov adresse de chaleureux remerciements au philosophe nietzschéen de gauche Michel Onfray.

    

     Extrait 1 de "Leur morale et la notre" :

 

    

     "On voit, dans les époques de réaction triomphante, MM. les démocrates, sociaux-démocrates, anarchistes et autres représentants de la gauche, sécréter de la morale en quantité double, de même que les gens transpirent davantage quand ils ont peur. Répétant à leur façon les dix commandements ou le sermon sur la montagne, ces moralistes s'adressent moins à la réaction triomphante qu'aux révolutionnaires traqués, dont les "excès" et les principes "amoraux" "provoquent" la réaction et lui fournissent une justification morale". (Léon TROTSKI, 1938) 

 

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13 mai 2007 7 13 /05 /mai /2007 21:56

DE HEGEL A MARX

 

III. KARL MARX

 

11 Thèses sur Ludwig Feuerbach

 

    

     En 1888 (MARX est mort depuis 5 ans), Friedrich ENGELS écrit : "J'ai retrouvé ... dans un vieux cahier de Marx, les 11 thèses sur Feuerbach... Ce sont de simples notes jetées rapidement sur le papier pour être élaborées par la suite, nullement destinées à l'impression..."

 

                  

 

    













     Eh bien le vieux Friedrich (68 années, pour l'époque c'était déjà pas si mal) SE TROMPAIT. Oui, vous avez bien lu : "SE TROMPAIT" (relisez-le autant de fois qu'il vous plaira). Car les "Thèses sur Feuerbach" furent bel et bien publiées. Essayons d'examiner ce parcours initiatique de Marx / Engels.

     Un des débats fondamentaux de la philosophie fut celui du rapport entre "l'être" et la "pensée".
     L'interrogation lancinante sur ce rapport, et également celle entre "l'esprit" et la nature, a les mêmes racines que toute religion : les temps reculés où l'homme était dominé par le milieu naturel, autrement dit "l'état sauvage".

     
    

 

                                  (les ancêtres de Hegel, Feuerbach, Marx et Sarkozy)

    

     A partir du Moyen-Âge, cette question devint vitale pour l'Eglise car le thème basique avait glissé de savoir entre l'esprit et la nature, qui a la primauté à une question plus simple mais bien plus douloureuse pour la "clergeaille" : Dieu a-t-il créé le monde ou le monde existait-il avant Dieu ? Bonne question mais à ceux qui osaient la poser, l'Eglise ne dit pas merci (dans son embarras, elle en brûla même quelques-uns).

 

 

 

                               (Lequel a créé l'autre, certains se le demandent toujours)

                   

   

                          

    

 

 

 

 

    

 

 

 

 

   

 

                                                                                                        ("Dieu est miséricordieux")

(un idéaliste assermenté)

                                                                                                                                                                                                     

 

 

 
       Se formèrent ainsi 2 camps philosophiques fondamentaux :

     - d'une part, ceux qui posaient la primauté de l'esprit par rapport à la nature ; ceux-ci étaient du camp IDEALISTE et ses innombrables variétés ;

     - de l'autre, ceux qui affirmaient la pré-existence de la nature à celle de l'esprit ; ceux-là étaient des MATERIALISTES, distribués dans divers courants distincts.

     Cependant, la question du rapport de la pensée à l'être accoucha de nouvelles interrogations non moins fondamentales que leur maman-matrice : quel est le lien qui relie nos idées sur le monde et ce monde en tant que tel ? Est-ce que la pensée humaine peut rendre compte du monde réel ?
     En jargon philosophique, toutes ces obsédantes questions peuvent être regroupées sous l'étiquette "Question de l'identité de la pensée et de l'être". A ladite question, la plupart des philosophes des XVIIIème et XIXème siècles répondaient : "Que oui !!" (càd un "oui" franc, massif et absolu), notamment le Commandeur Hegel.

    

    

    

     Mais quelques esprits chagrins remettaient en cause la possibilité de connaître le monde de manière absolue: HUME et KANT furent les chefs de file de ces empêcheurs d'idéaliser en rond (ils furent bientôt dépassés à leur tour par la grande tempête hégelienne).

     Lorsqu'arriva la Révolution industrielle et scientifique, ce fut elle qui, dans sa pratique même, réfuta le plus efficacement possible l'idéalisme des idéalistes. Engels l'explique clairement :

     "Si nous pouvons prouver la justesse de notre conception d'un phénomène naturel en le créant nous-mêmes, en le produisant à l'aide de ses conditions, et, qui plus est, en le faisant servir à nos fins, c'en est fini de la "chose en soi" insaisissable de Kant" (et pan ! sur Manu).

    

                                                       ("Manu" KANT)

    

     En ce printemps de 1845 à Bruxelles, les 2 siamois politiques Marx / Engels décident de perdre leur virginité philosophique. Ils constatent que, de Descartes à Feuerbach en passant par Hegel, les philosophes ont cru certaines choses et n'en ont pas réalisé - niveau raisonnement - d'autres :

     - ils ont cru être les porte-parole de "l'Idée pure", un machin passablement évanescent et indéfinissable ;

     - ils ont surtout été poussés dans le dos malgré eux par les progrès inexorables de la science et de l'industrie ; à un point tel que même ceux d'entre eux qui étaient du camp idéaliste s'efforcèrent inconsciemment de jeter des passerelles entre l'esprit et la matière.

     "...en fin de compte, le système de Hégel ne représente qu'un matérialisme mis la tête en bas d'une manière idéaliste d'après sa méthode et son contenu." (Engels)

     Le grand accoucheur de ce dépassement de l'idéalisme hégelien est donc Ludwig Feuerbach.
    

 

 

     Hégelien de gauche au départ - tout comme les siamois - il fonce si vite vers le matérialisme qu'il est bien obligé de foutre en l'air tout l'édifice du Maître ! C'est la remise en cause radicale de la pré-existence au monde de "l'idée Absolue" de Hégel, pré-existence liée pieds et poings à la croyance divine (mais ca n'est jamais clairement formulée par les idéalistes, et pour cause...).
     Feuerbach fut le 1er - et ce n'est pas rien ! - à formuler clairement les bases du matérialisme (pas encore dialectique, mais presque...) :

     - au commencement était la nature, puis vint la chair, puis le verbe ;

     - notre conscience et nos pensées sont le produit d'un organe de chair (donc "matériel"), le cerveau ;

     - la matière n'est pas un produit de l'esprit ; l'esprit n'est que le produit le plus "subtil" de la matière.

     Mais Ludwig n'ira pas plus loin. Bon, c'était déjà énorme et décisif pour l'époque, mais le moment historique était venu pour Marx / Engels de prendre le relais pour pousser beaucoup plus loin le bouchon matérialiste, le plus loin possible en fait.

     Cela débuta par un constat feuerbachien : nous vivons parmi la nature, mais pas uniquement. Il s'est également développée une "société humaine" qui a, tout comme la nature, son histoire et son développement. Il fallait donc désormais en tirer les conséquences : développer une science de la société - comme il existait les sciences de la nature -, englobant les sciences dites historiques et la philosophie, et la développer SUR UNE BASE MATERIALISTE et rien d'autre.

     Qui s'y colla avec une passion farouche, une détermination sans faille et, il faut bien le dire aussi, des capacités exceptionnelles ? Si vous avez la réponse, c'est que vous avez tout lu jusqu'ici (sinon reprenez depuis les 2 premières parties). Et maintenant, si vous avez tenu jusque là, il est temps pour vous de lire également ou de relire les "Thèses sur Feuerbach" de Karl MARX. Allez, et bonne lecture.

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13 mai 2007 7 13 /05 /mai /2007 08:29

DE HEGEL A MARX


II. FEUERBACH

 

Le chaînon manquant

    

     En 1845, Marx et Engels sont à Bruxelles, non seulement pour écluser de la Gueuze Lambic ou siffler du vin blanc sec, mais aussi - c'est Friedrich qui l'avoue - pour solder les comptes avec leur "conscience philosophique d'autrefois".
    

                  

(Marx / Engels dans le désordre)

    

 

 

 

 

    

 

 

 

 

    

 

 

 

 

 

 

     Pour permettre ce "règlement de comptes à O.K. Conscience" (O.K. pas terrible), les 2 compagnons d'armes (de la critique) vont s'appuyer sur les travaux d'un philosophe pratiquement disparu depuis de la mémoire collective : Ludwig (non, pas Beethoven) FEUERBACH.

    

 

     Engels : "FEUERBACH constitue à maints égards un chaînon intermédiaire entre la philosophie hégelienne et notre conception".

    

     Depuis 1840 était menée par les "hégeliens de gauche" - dont faisaient alors partie Marx / Engels, une lutte philosophique contre la religion. Malgré ses promesses d'ouverture, Frédéric-Guillaume IV de Prusse s'avéra un absolutiste orthodoxe bigot réactionnaire (pour faire synthétique). Mais cela ne constitue pas la seule explication à la lutte anti-religieuse : la politique étant un domaine "verrouillé", on pouvait toujours s'en prendre à l'Eglise en prenant un peu moins de risques qu'en s'en prenant directement à l'Etat prussien.

     Le coup d'envoi avait été donné en 1835 par un théologien, David Strauss. Dans une "Vie de Jésus", il présentait JC comme un simple pékin devenu célèbre presque "à l'insu de son plein gré". Puis vint Bruno Bauer, hégelien de gauche, qui s'appuya sur une critique du bouquin de Strauss : à la "substance" straussienne, Bauer opposa la "conscience de soi" comme moteur de l'histoire.
     Finalement débarqua l'anarchiste Max Stirner avec "L'Unique et sa propriété", qui mit tout le monde d'accord avec son "Unique" tout-puissant. Bakounine lui a d'ailleurs pratiquement tout piqué.

                            

                                          

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
(Stirner)                                                                                                                    (Bakounine)

    

     Le courant hégelien de la pensée philosophique fut définitivement emporté dans ces polémiques. Seuls surnagèrent quelques hégeliens de gauche (dont nos 2 lascars, vous l'aviez compris), qui commencèrent par "tuer le Père", le Grand Commandeur Georg-Wilhelm-Friedrich Hegel.

     Sur ces entrefaites parut, comme un éclair dans un ciel d'orage, "L'Essence du Christianisme" de Ludwig FEUERBACH. Sans plus de façons, celui-ci plaçait "le matérialisme sur le trône" (Engels). La nature existe indépendamment des idées des hommes, disait enfin FEUERBACH. Les hommes sont le produit de la nature, les idées sont produites par les hommes. En dehors de cela, il n'est question que de chimères, d'êtres surnaturels surgis de l'imagination humaine, comme des reflets fantasmatiques de l'être humain.

     Le choc fut rude et salutaire, comme le décrit Engels :

   

     "Il faut avoir éprouvé soi-même l'action libératrice de ce livre pour s'en faire une idée. L'enthousiasme fut général : nous fûmes tous momentanément des "feuerbachiens" (...) ...avec quel enthousiasme Marx salua cette nouvelle façon de voir et à quel point - malgré toutes les réserves critiques - il fut influencé par elle".    
              
      Faisons le point : la philosophie hégelienne avait commencé d'être égratignée par 2 contradicteurs - Strauss et Bauer - qui se contredisaient aussi entre eux. C'est Ludwig FEUERBACH qui emporta le morceau.
     Seulement, il ne fit que considérer la philosophie de Hegel comme "fausse", ce qui était un peu cavalier et incomplet pour une telle oeuvre, aussi vaste, complète et générale qu'il était possible du vivant de son auteur, et même après sa disparition.
    

     Le "cahier des charges", c'est encor Friedrich Engels qui nous le livre :

    

     "Il fallait dépasser [la philosophie hégelienne] au sens où elle l'entend, càd en détruire la forme au moyen de la critique, mais en sauvant le contenu nouveau qu'elle avait acquis".       

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12 mai 2007 6 12 /05 /mai /2007 11:32

DE HEGEL A MARX

 

I. HEGEL

                                 

       Vie, mort et ressuscitation du Commandeur     

                     


     
     Friedrich Engels constata un jour que les philosophes du "siècle des Lumières", (Voltaire, Rousseau, Diderot et d'autres) qui annonçaient (sans qu'ils l'aient jamais réalisée) une Révolution anti-monarchique, eurent maille à partir avec l'Etat, l'Eglise, les institutions. Il leur fallut parfois faire imprimer leurs travaux à l'étranger, s'exiler. Ils eurent occasionnellement à choisir entre le silence et la Bastille.
     A l'inverse, un siècle plus tard en Allemagne, les "nouveaux" philosophes (Hegel, Heine) ont pignon sur Université, certains sont rétribués par l'Etat ; leurs ouvrages sont reconnus et enseignés à la jeunesse estudiantine germanique.
     Et le plus reconnu d'entre les reconnus, c'est Georg Wilhelm Friedrich Hegel, dont le système philosophique est "élevé en quelque sorte au rang de philosophie d'Etat de la monarchie prussienne !" (re-Engels). On est loin du "contrat social" de Jean-Jacques.

     La base de sa philosophie de l'histoire, Georg Hegel la pose ainsi :

     "Ce qui est rationnel est réel ; et ce qui est réel est rationnel".

     Autrement dit, tout ce qui existe a la nécessité d'exister et ne saurait être contesté. "La réalité dans son déploiement s'avère être la nécessité" indique le Commandeur de la philosophie allemande.
     (Par exemple, dans la réalité "rationnelle" d'aujourd'hui, ça donne : l'élection de Sarkozy à la présidence de la Raie publique est une nécessité puisqu'elle s'est produite. Avec Segolène Royal, ça passe mieux : la défaite de Madame Hollande était nécessaire puisqu'elle était la machine-à-perdre du PS.)
    

     Est-ce que pour autant, Hegel tamponnait du sceau "rationnel" toutes les décisions, toutes les mesures gouvernementales ? C'est plus subtil que ça : si l'Etat germanique peut apparaître comme contestable aux yeux des "administrés", s'il s'avère effectivement que cet Etat est nullissime, c'est qu'il reflète la "nullissimitude" de ces mêmes administrés mécontents dont il est le reflet. Selon Hegel, "les Prussiens d'alors avaient le gouvernement qu'ils méritaient" (Engels).

     Cependant, la réalité hégélienne n'est pas forcément "rationnelle" en tous temps historiques. Elle "meut" (comme dirait la Tarine de Savoie). Hegel, fan absolu de la Révolution Française, considère que celle-ci a vaincu parce que, face à une monarchie devenue "irrationnelle", elle a fait preuve sans le savoir de rationnalité hégélienne. Au cours du développement historique hégélien, "rationnalité" et "irrationnalité" se distribuent de part et d'autres, changeant de camp et modifiant la donne historique.
    

     Ici, autant laisser la parole au très pédagogique Engels :

    

     "Et ainsi la thèse de Hégel se tourne, par le jeu de la dialectique hégélienne elle-même, en son contraire: tout ce qui est réel dans le domaine de l'histoire humaine devient, avec le temps, irrationnel, est donc déjà par destination irrationnel, entaché d'avance d'irrationnalité. Et tout ce qui est rationnel dans la tête des hommes est destiné à devenir réel, aussi en contradiction que cela puisse paraître avec la réalité apparemment existante".

    

     Pourtant, l'"hégélianisme" a au moins un mérite : il remet en cause "l'absolutisme" qui frappait auparavant la pensée humaine (en particulier religieuse). A partir de Hegel (cela avait sans doute un peu commencé déjà avec Emmanuel Kant un siècle auparavant), le dogme est brisé. La pensée philosophique relève désormais d'un processus, celui de la connaissance, connaissance elle-même en mouvement parce que liée aux autres savoirs et à "l'activité pratique" (Engels dixit, merci fidèle Friedrich).

     C'est la raison pour laquelle Marx et Engels furent, dans leur jeunesse politique, "hégéliens de gauche". Ils avaient intégré le côté révolutionnaire de la philosophie du Commandeur : il n'a pas existé, n'existe ni n'existera jamais de "société parfaite". Chaque situation historique représente une étape nécessaire, reliée à l'étape suivante par un mouvement de l'histoire. Ce qui a été révolutionnaire devient contre-révolutionnaire. La philosophie hégélienne, malgré sa face temporelle "conservatrice", recèle la dissolution des vérités absolues.
     Cependant, cet aspect dont vont se saisir les siamois idéologiques Marx / Engels, ne se trouve pas formulé chez le Commandeur. Comme tout individu, si "exceptionnel" qu'il soit, Georg Hegel avait ses limites humaines. La parole, en l'occurrence, est encor à Engels :

    

     "...le côté révolutionnaire de la doctrine de Hegel est étouffé sous le foisonnement de son aspect conservateur".

     
     Hegel lui-même est un exemple illustrant sa philosophie. Logique. Il décida que "l'Idée absolue" se réalisait dans la monarchie de Frédéric-Guillaume III de Prusse, ni plus ni moins.

     Touchez du doigt, allez, touchez du doigt tout ce que ces quelques modestes considérations ont de vivant et d'actuel : nos "philosophes" d'aujourd'hui, les Finkelkraut, Debray, BHL, Onfray, Glucksmann (pour les plus médiatisés) ont toujours ce besoin incongru de surmonter les contradictions du monde (qui sont aussi les leurs). Mais, alors qu'ils croient pouvoir y parvenir, les perroquets savants et prétentieux, ils finissent par la lâcher, la soi-disant "vérité absolue" dont ils pensent être les 1ers découvreurs, polichinelles de salon médiatique, leur dérisoire vérité c'est : la fin de l'histoire. "...nouvelle contradiction impossible à résoudre" leur lâche Engels.
    

     Allez Friedrich, parle-leur un peu à ces "penseurs" assermentés :

    

     "Dès que nous avons compris - et personne, en définitive, ne nous a mieux aidés à le comprendre que Hegel lui-même - que, ainsi posée, la tâche de la philosophie ne signifie pas autre chose que de DEMANDER A UN PHILOSOPHE PARTICULIER DE REALISER CE QUE SEULE PEUT FAIRE L'HUMANITE ENTIERE DANS SON DEVELOPPEMENT PROGRESSIF - dès que nous comprenons cela, c'en est fini également de toute la philosophie, au sens donné jusqu'ici à ce mot".

    

     Karpov va vous le formuler autrement : Messieurs les philo-sophistes du début du IIIème millénaire, vous êtes des zombies.

 

     

                                      
                                                                               (Friedriech ENGELS)

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