10 décembre 2007
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THE EMPIRE STRIKES BACK AGAIN
(cette Révolution-là balaya l'aristocratie et son système féodal)
La concentration inexorable du capitalisme à l'échelle mondiale n'a fait qu'exacerber la concurrence qui, elle aussi, s'est "globalisée". Derrière cette évolution planétaire demeurent les lois basiques de l'économie capitaliste : s'accumuler, s'élargir, conquérir de nouveaux marchés. Pour faire simple, cette conquête consiste essentiellement à vendre moins cher que le concurrent, mais sans toucher - ou le moins possible - au profit. En dernier recours, il s'agit de baisser le coût de la force de travail. Les procédures ne manquent pas : employer des salariés non qualifiés, des femmes, des enfants, importer des immigrés ("clandestins" ou pas), délocaliser - c'est-à-dire investir dans des zones où les salaires sont plus bas -, limiter les salaires ou leur hausse par des mesures "légales", etc. Sans arrêt, les patrons n'ont de cesse de dénoncer ce que leur coûtent leurs employés.
Dans sa brochure "L'impérialisme...", Vladimir Illitch Oulianov dit "Lenine" entreprend d'analyser ce qu'il nomme le "stade suprême du capitalisme", qu'il caractérise notamment par le passage à la domination de la sphère financière. Cette caractéristique, il l'aborde dans le chapitre III :
"...concentration accrue de la production et du capital...
Concentration de la production avec, comme conséquence, les monopoles ; fusion ou interpénétration des banques et de l'industrie, voilà l'histoire de la formation du capital financier et le contenu de cette notion.
...la "gestion" exercée par les monopoles capitalistes devient inévitablement, sous le régime général de la production marchande et de la propriété privée, la domination d'une oligarchie financière. Notons que les représentants de la science bourgeoise ... sont tous des apologistes de l'impérialisme et du capital financier. Loin de dévoiler le "mécanisme" de la formation de cette oligarchie, ses procédés, l'ampleur de ses revenus "licites et illicites", ses attaches avec les parlements, etc., etc., ils s'efforcent de les estomper, de les enjoliver. Ces "questions maudites", ils les éludent par des phrases grandiloquentes autant que vagues, par des appels au "sentiment de responsabilité" des directeurs de banques, par l'éloge du "sentiment du devoir" des fonctionnaires..., par l'analyse doctorale des futilités qu'on trouve dans les ridicules projets de loi de "surveillance" et de "réglementation", par des fadaises théoriques comme cette définition "scientifique" saugrenue ... : "Le commerce est une pratique industrielle visant à réunir les biens, à les conserver et à les mettre à la disposition"... Il en résulte que le commerce a existé chez l'homme primitif qui ne pratiquait pas encore l'échange et qu'il doit subsister dans la société socialiste !
Mais les faits monstrueux touchant la monstrueuse domination de l'oligarchie financière sont tellement patents que, dans tous les pays capitalistes, aussi bien en Amérique qu'en France et en Allemagne, est apparue une littérature qui, tout en professant le point de vue bourgeois, brosse néanmoins un tableau à peu près véridique, et apporte une critique - évidemment petite-bourgeoise - de l'oligarchie financière.
A la base, il y a tout d'abord le "système de participations"..."
"En fait, l'expérience montre qu'il suffit de posséder 40% des actions pour gérer les affaires d'une société anonyme, car un certain nombre de petits actionnaires disséminés n'ont pratiquement aucune possibilité de participer aux assemblées générales, etc. La "démocratisation" de la possession des actions, dont les sophistes bourgeois et les opportunistes pseudo-social démocrates attendent (ou assurent qu'ils attendent) la "démocratisation du capital", l'accentuation du rôle et de l'importance de la petite production, etc., n'est en réalité qu'un des moyens d'accroître la puissance de l'oligarchie financière. C'est pourquoi, soit dit en passant, dans les pays capitalistes plus avancés ou plus anciens et "expérimentés", le législateur permet l'émission de titres d'un montant réduit".
"Mais le "système de participations" ne sert pas seulement à accroître immensément la puissance des monopolistes, il permet en outre de consommer impunément les pires tripotages et de dévaliser le public, car d'un point de vue formel, au regard de la loi, les dirigeants de la "société-mère" ne sont pas responsables de la filiale, considérée comme "autonome" et par l'intermédiaire de laquelle on peut tout "faire passer"".
"La technique moderne des bilans ne leur offre pas seulement la possibilité de cacher à l'actionnaire moyen les risques engagés ; elle permet aussi aux principaux intéressés de se dérober aux conséquences d'une expérience avortée en vendant à temps leurs actions, alors que l'entrepreneur privé assume l'entière responsabilité de ses actes... [les plus récents et spectaculaires exemples de cette gabegie sont ENRON aux Etats-Unis et EADS en Europe ; mais il en existe bien d'autres et non des moindres qui passent sous le manteau]
Les bilans de nombreuses sociétés anonymes rappellent ces palimpsestes du Moyen âge, dont il fallait d'abord gratter le texte visible pour pouvoir découvrir, dessous, les signes qui révélaient le texte réel du document."
"Toutes les règles de contrôle et de surveillance, de publication des bilans, d'établissement de schémas précis pour ces derniers, etc., ce par quoi les professeurs et les fonctionnaires bien intentionnés - c'est-à-dire ayant la bonne intention de défendre et de farder le capitalisme - occupent l'attention du public, sont ici dépourvues de toute valeur. Car la propriété privée est sacrée, et l'on ne peut empêcher personne d'acheter, de vendre, d'échanger des actions, de les hypothéquer, etc."
"Quant aux capitaux des banques, [certains] les divise[nt] en capitaux à placement "productif" (dans l'industrie et le commerce) et capitaux de "spéculation" (consacrés aux opérations boursières et financières), estimant, du point de vue réformiste petit-bourgeois qui [leur] est propre qu'on peut en régime capitaliste distinguer entre ces deux genres de placements et éliminer le dernier." [aujourd'hui, les petits-bourgeois "progressistes" ne jurent que par le "développement durable" et le "commerce équitable" parce que ces placebos de réformes leurs semblent compatibles avec le système dont ils vivent]
"Le capital financier, concentré en quelques mains et exerçant un monopole de fait, prélève des bénéfices énormes et toujours croissants sur la constitution de firmes, les émissions de valeurs, les emprunts d'Etat, etc., affermissant la domination des oligarchies financières et frappant la société tout entière d'un tribut au profit des monopolistes".
"Toutes les conditions de la vie économique sont profondément modifiées par cette transformation du capitalisme. Même lorsque la population est stagnante, que l'industrie, le commerce et les transports maritimes sont frappés de marasme, [un pays] peut s'enrichir par l'usure.
La rentabilité exceptionnelle de l'émission des valeurs, une des principales opérations du capital financier, joue un rôle très important dans le développement et l'affermissement de l'oligarchie financière..."
"Si, dans les périodes d'essor industriel, les bénéfices du capital financier sont démesurés, en période de dépression les petites entreprises et les entreprises précaires périssent, et les grandes banques "participent" soit à leur achat a vil prix soit à de profitables "assainissements" et "réorganisations". Dans l'"assainissement" des entreprises déficitaires, "le capital-actions est abaissé, c'est-à-dire que les bénéfices sont répartis sur un montant moindre du capital, et calculés par la suite en conséquence. Ou encore, si les revenus sont tombés à zéro, on fait appel à un nouveau capital ; celui-ci, associé à l'ancien qui est de moindre rapport, devient dès lors suffisamment rentable. Remarquons en passant ... que tous ces assainissements et réorganisations ont pour les banques une double importance : c'est d'abord une opération fructueuse et, ensuite, une occasion de prendre en tutelle ces sociétés embarrassées".
"La spéculation sur les terrains situés aux environs des grandes villes en plein développement est aussi une opération extrêmement lucrative pour le capital financier. Le monopole des banques fusionne ici avec celui de la rente foncière et celui des voies de communication, car la montée du prix des terrains, la possibilité de les vendre avantageusement par lots, etc., dépendent surtout de la commodité des communications avec le centre de la ville, et ses communications sont précisément aux mains des grandes compagnies liées à ces mêmes banques par le système de participations et la répartition des postes directoriaux. Il se produit ce qu[un] l'auteur allemand [Eschwege], ... a appelé le "marais" : la spéculation effrénée sur les terrains suburbains, les faillites des entreprises de construction... ; ensuite, la ruine des petits propriétaires et des ouvriers que les firmes de construction factices laissent impayés ; les tripotages avec la "loyale" police et l'administration ... pour avoir la haute main sur la délivrance par la municipalité des renseignements concernant les terrains et des autorisations de construire, etc.
Les "moeurs américaines", au sujet desquelles les professeurs européens et les bourgeois bien pensant lèvent si hypocritement les yeux au ciel, sont devenues, à l'époque du capital financier, celles de toute grande ville dans n'importe quel pays".
"Le monopole, quand il s'est formé et brasse des milliards, pénètre impérieusement dans tous les domaines de la vie sociale, indépendamment du régime politique et de toutes autres "contingences". La littérature économique ... a l'habitude de louer servilement l'intégrité des fonctionnaires. (...) Mais la vérité est que même les publications bourgeoises consacrées aux affaires bancaires ... sont constamment obligées de déborder le domaine des opérations purement bancaires et de parler, par exemple, de "l'attraction exercée par les banques" sur les fonctionnaires qui, de plus en plus fréquemment, passent au service de ces dernières... (...) Des cas analogues ... [obligent] l'écrivain bourgeois à reconnaître que "la liberté économique garantie par la Constitution ... n'est plus, dans bien des domaines, qu'une phrase vide de sens" et que, la domination de la ploutocratie une fois établie, "même la liberté politique la plus large ne peut empêcher que nous ne devenions un peuple d'hommes privés de liberté "".
"Le propre du capitalisme est, en règle générale, de séparer la propriété du capital de son application à la production ; de séparer le capital-argent du capital industriel ou productif ; de séparer le rentier, qui ne vit que du revenu qu'il tire du capital-argent, de l'industriel, ainsi que de tous ceux qui participent directement à la gestion des capitaux. L'impérialisme, ou la domination du capital financier, est ce stade suprême du capitalisme où cette séparation atteint de vastes proportions. La suprématie du capital financier sur toutes les autres formes du capital signifie l'hégémonie du rentier et de l'oligarchie financière ; elle signifie une situation privilégiée pour un petit nombre d'Etats financièrement "puissants", par rapport à tous les autres. On peut juger de l'échelle de ce processus par la statistique des émissions, c'est-à-dire de la mise en circulation de valeurs de toute sorte".
"Ensemble, ... quatre pays possèdent ... près de 80% du capital financier mondial. Presque tout le reste du globe est, d'une manière ou d'une autre, débiteur et tributaire de ces pays, véritables banquiers internationaux qui sont les ... "piliers" du capital financier mondial".
Rappelons qu'Illitch Oulianov écrivait ces lignes en 1916.
(à suivre)
Dans sa brochure "L'impérialisme...", Vladimir Illitch Oulianov dit "Lenine" entreprend d'analyser ce qu'il nomme le "stade suprême du capitalisme", qu'il caractérise notamment par le passage à la domination de la sphère financière. Cette caractéristique, il l'aborde dans le chapitre III :
LE CAPITAL FINANCIER ET L'OLIGARCHIE FINANCIERE
"...concentration accrue de la production et du capital...
Concentration de la production avec, comme conséquence, les monopoles ; fusion ou interpénétration des banques et de l'industrie, voilà l'histoire de la formation du capital financier et le contenu de cette notion.
...la "gestion" exercée par les monopoles capitalistes devient inévitablement, sous le régime général de la production marchande et de la propriété privée, la domination d'une oligarchie financière. Notons que les représentants de la science bourgeoise ... sont tous des apologistes de l'impérialisme et du capital financier. Loin de dévoiler le "mécanisme" de la formation de cette oligarchie, ses procédés, l'ampleur de ses revenus "licites et illicites", ses attaches avec les parlements, etc., etc., ils s'efforcent de les estomper, de les enjoliver. Ces "questions maudites", ils les éludent par des phrases grandiloquentes autant que vagues, par des appels au "sentiment de responsabilité" des directeurs de banques, par l'éloge du "sentiment du devoir" des fonctionnaires..., par l'analyse doctorale des futilités qu'on trouve dans les ridicules projets de loi de "surveillance" et de "réglementation", par des fadaises théoriques comme cette définition "scientifique" saugrenue ... : "Le commerce est une pratique industrielle visant à réunir les biens, à les conserver et à les mettre à la disposition"... Il en résulte que le commerce a existé chez l'homme primitif qui ne pratiquait pas encore l'échange et qu'il doit subsister dans la société socialiste !
Mais les faits monstrueux touchant la monstrueuse domination de l'oligarchie financière sont tellement patents que, dans tous les pays capitalistes, aussi bien en Amérique qu'en France et en Allemagne, est apparue une littérature qui, tout en professant le point de vue bourgeois, brosse néanmoins un tableau à peu près véridique, et apporte une critique - évidemment petite-bourgeoise - de l'oligarchie financière.
A la base, il y a tout d'abord le "système de participations"..."
"En fait, l'expérience montre qu'il suffit de posséder 40% des actions pour gérer les affaires d'une société anonyme, car un certain nombre de petits actionnaires disséminés n'ont pratiquement aucune possibilité de participer aux assemblées générales, etc. La "démocratisation" de la possession des actions, dont les sophistes bourgeois et les opportunistes pseudo-social démocrates attendent (ou assurent qu'ils attendent) la "démocratisation du capital", l'accentuation du rôle et de l'importance de la petite production, etc., n'est en réalité qu'un des moyens d'accroître la puissance de l'oligarchie financière. C'est pourquoi, soit dit en passant, dans les pays capitalistes plus avancés ou plus anciens et "expérimentés", le législateur permet l'émission de titres d'un montant réduit".
"Mais le "système de participations" ne sert pas seulement à accroître immensément la puissance des monopolistes, il permet en outre de consommer impunément les pires tripotages et de dévaliser le public, car d'un point de vue formel, au regard de la loi, les dirigeants de la "société-mère" ne sont pas responsables de la filiale, considérée comme "autonome" et par l'intermédiaire de laquelle on peut tout "faire passer"".
"La technique moderne des bilans ne leur offre pas seulement la possibilité de cacher à l'actionnaire moyen les risques engagés ; elle permet aussi aux principaux intéressés de se dérober aux conséquences d'une expérience avortée en vendant à temps leurs actions, alors que l'entrepreneur privé assume l'entière responsabilité de ses actes... [les plus récents et spectaculaires exemples de cette gabegie sont ENRON aux Etats-Unis et EADS en Europe ; mais il en existe bien d'autres et non des moindres qui passent sous le manteau]
Les bilans de nombreuses sociétés anonymes rappellent ces palimpsestes du Moyen âge, dont il fallait d'abord gratter le texte visible pour pouvoir découvrir, dessous, les signes qui révélaient le texte réel du document."
"Toutes les règles de contrôle et de surveillance, de publication des bilans, d'établissement de schémas précis pour ces derniers, etc., ce par quoi les professeurs et les fonctionnaires bien intentionnés - c'est-à-dire ayant la bonne intention de défendre et de farder le capitalisme - occupent l'attention du public, sont ici dépourvues de toute valeur. Car la propriété privée est sacrée, et l'on ne peut empêcher personne d'acheter, de vendre, d'échanger des actions, de les hypothéquer, etc."
"Quant aux capitaux des banques, [certains] les divise[nt] en capitaux à placement "productif" (dans l'industrie et le commerce) et capitaux de "spéculation" (consacrés aux opérations boursières et financières), estimant, du point de vue réformiste petit-bourgeois qui [leur] est propre qu'on peut en régime capitaliste distinguer entre ces deux genres de placements et éliminer le dernier." [aujourd'hui, les petits-bourgeois "progressistes" ne jurent que par le "développement durable" et le "commerce équitable" parce que ces placebos de réformes leurs semblent compatibles avec le système dont ils vivent]
"Le capital financier, concentré en quelques mains et exerçant un monopole de fait, prélève des bénéfices énormes et toujours croissants sur la constitution de firmes, les émissions de valeurs, les emprunts d'Etat, etc., affermissant la domination des oligarchies financières et frappant la société tout entière d'un tribut au profit des monopolistes".
"Toutes les conditions de la vie économique sont profondément modifiées par cette transformation du capitalisme. Même lorsque la population est stagnante, que l'industrie, le commerce et les transports maritimes sont frappés de marasme, [un pays] peut s'enrichir par l'usure.
La rentabilité exceptionnelle de l'émission des valeurs, une des principales opérations du capital financier, joue un rôle très important dans le développement et l'affermissement de l'oligarchie financière..."
"Si, dans les périodes d'essor industriel, les bénéfices du capital financier sont démesurés, en période de dépression les petites entreprises et les entreprises précaires périssent, et les grandes banques "participent" soit à leur achat a vil prix soit à de profitables "assainissements" et "réorganisations". Dans l'"assainissement" des entreprises déficitaires, "le capital-actions est abaissé, c'est-à-dire que les bénéfices sont répartis sur un montant moindre du capital, et calculés par la suite en conséquence. Ou encore, si les revenus sont tombés à zéro, on fait appel à un nouveau capital ; celui-ci, associé à l'ancien qui est de moindre rapport, devient dès lors suffisamment rentable. Remarquons en passant ... que tous ces assainissements et réorganisations ont pour les banques une double importance : c'est d'abord une opération fructueuse et, ensuite, une occasion de prendre en tutelle ces sociétés embarrassées".
"La spéculation sur les terrains situés aux environs des grandes villes en plein développement est aussi une opération extrêmement lucrative pour le capital financier. Le monopole des banques fusionne ici avec celui de la rente foncière et celui des voies de communication, car la montée du prix des terrains, la possibilité de les vendre avantageusement par lots, etc., dépendent surtout de la commodité des communications avec le centre de la ville, et ses communications sont précisément aux mains des grandes compagnies liées à ces mêmes banques par le système de participations et la répartition des postes directoriaux. Il se produit ce qu[un] l'auteur allemand [Eschwege], ... a appelé le "marais" : la spéculation effrénée sur les terrains suburbains, les faillites des entreprises de construction... ; ensuite, la ruine des petits propriétaires et des ouvriers que les firmes de construction factices laissent impayés ; les tripotages avec la "loyale" police et l'administration ... pour avoir la haute main sur la délivrance par la municipalité des renseignements concernant les terrains et des autorisations de construire, etc.
Les "moeurs américaines", au sujet desquelles les professeurs européens et les bourgeois bien pensant lèvent si hypocritement les yeux au ciel, sont devenues, à l'époque du capital financier, celles de toute grande ville dans n'importe quel pays".
"Le monopole, quand il s'est formé et brasse des milliards, pénètre impérieusement dans tous les domaines de la vie sociale, indépendamment du régime politique et de toutes autres "contingences". La littérature économique ... a l'habitude de louer servilement l'intégrité des fonctionnaires. (...) Mais la vérité est que même les publications bourgeoises consacrées aux affaires bancaires ... sont constamment obligées de déborder le domaine des opérations purement bancaires et de parler, par exemple, de "l'attraction exercée par les banques" sur les fonctionnaires qui, de plus en plus fréquemment, passent au service de ces dernières... (...) Des cas analogues ... [obligent] l'écrivain bourgeois à reconnaître que "la liberté économique garantie par la Constitution ... n'est plus, dans bien des domaines, qu'une phrase vide de sens" et que, la domination de la ploutocratie une fois établie, "même la liberté politique la plus large ne peut empêcher que nous ne devenions un peuple d'hommes privés de liberté "".
"Le propre du capitalisme est, en règle générale, de séparer la propriété du capital de son application à la production ; de séparer le capital-argent du capital industriel ou productif ; de séparer le rentier, qui ne vit que du revenu qu'il tire du capital-argent, de l'industriel, ainsi que de tous ceux qui participent directement à la gestion des capitaux. L'impérialisme, ou la domination du capital financier, est ce stade suprême du capitalisme où cette séparation atteint de vastes proportions. La suprématie du capital financier sur toutes les autres formes du capital signifie l'hégémonie du rentier et de l'oligarchie financière ; elle signifie une situation privilégiée pour un petit nombre d'Etats financièrement "puissants", par rapport à tous les autres. On peut juger de l'échelle de ce processus par la statistique des émissions, c'est-à-dire de la mise en circulation de valeurs de toute sorte".
"Ensemble, ... quatre pays possèdent ... près de 80% du capital financier mondial. Presque tout le reste du globe est, d'une manière ou d'une autre, débiteur et tributaire de ces pays, véritables banquiers internationaux qui sont les ... "piliers" du capital financier mondial".
Rappelons qu'Illitch Oulianov écrivait ces lignes en 1916.
(à suivre)