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10 décembre 2007 1 10 /12 /décembre /2007 18:18


THE EMPIRE STRIKES BACK AGAIN

Lenine-balaie-copie-1.jpg(cette Révolution-là balaya l'aristocratie et son système féodal)


     La concentration inexorable du capitalisme à l'échelle mondiale n'a fait qu'exacerber la concurrence qui, elle aussi, s'est "globalisée". Derrière cette évolution planétaire demeurent les lois basiques de l'économie capitaliste : s'accumuler, s'élargir, conquérir de nouveaux marchés. Pour faire simple, cette conquête consiste essentiellement à vendre moins cher que le concurrent, mais sans toucher - ou le moins possible - au profit. En dernier recours, il s'agit de baisser le coût de la force de travail. Les procédures ne manquent pas : employer des salariés non qualifiés, des femmes, des enfants, importer des immigrés ("clandestins" ou pas), délocaliser - c'est-à-dire investir dans des zones où les salaires sont plus bas -, limiter les salaires ou leur hausse par des mesures "légales", etc. Sans arrêt, les patrons n'ont de cesse de dénoncer ce que leur coûtent leurs employés.

     Dans sa brochure "L'impérialisme...", Vladimir Illitch Oulianov dit "Lenine" entreprend d'analyser ce qu'il nomme le "stade suprême du capitalisme", qu'il caractérise notamment par le passage à la domination de la sphère financière. Cette caractéristique, il l'aborde dans le chapitre III :  

LE CAPITAL FINANCIER ET L'OLIGARCHIE FINANCIERE

     "...concentration accrue de la production et du capital...
     Concentration de la production avec, comme conséquence, les monopoles ; fusion ou interpénétration des banques et de l'industrie, voilà l'histoire de la formation du capital financier et le contenu de cette notion.


     ...la "gestion" exercée par les monopoles capitalistes devient inévitablement, sous le régime général de la production marchande et de la propriété privée, la domination d'une oligarchie financière. Notons que les représentants de la science bourgeoise ... sont tous des apologistes de l'impérialisme et du capital financier. Loin de dévoiler le "mécanisme" de la formation de cette oligarchie, ses procédés, l'ampleur de ses revenus "licites et illicites", ses attaches avec les parlements, etc., etc., ils s'efforcent de les estomper, de les enjoliver. Ces "questions maudites", ils les éludent par des phrases grandiloquentes autant que vagues, par des appels au "sentiment de responsabilité" des directeurs de banques, par l'éloge du "sentiment du devoir" des fonctionnaires..., par l'analyse doctorale des futilités qu'on trouve dans les ridicules projets de loi de "surveillance" et de "réglementation", par des fadaises théoriques comme cette définition "scientifique" saugrenue ... : "Le commerce est une pratique industrielle visant à réunir les biens, à les conserver et à les mettre à la disposition"... Il en résulte que le commerce a existé chez l'homme primitif qui ne pratiquait pas encore l'échange et qu'il doit subsister dans la société socialiste !

     Mais les faits monstrueux touchant la monstrueuse domination de l'oligarchie financière sont tellement patents que, dans tous les pays capitalistes, aussi bien en Amérique qu'en France et en Allemagne, est apparue une littérature qui, tout en professant le point de vue bourgeois, brosse néanmoins un tableau à peu près véridique, et apporte une critique - évidemment petite-bourgeoise - de l'oligarchie financière.

     A la base, il y a tout d'abord le "système de participations"...
"

     "En fait, l'expérience montre qu'il suffit de posséder 40% des actions pour gérer les affaires d'une société anonyme, car un certain nombre de petits actionnaires disséminés n'ont pratiquement aucune possibilité de participer aux assemblées générales, etc. La "démocratisation" de la possession des actions, dont les sophistes bourgeois et les opportunistes pseudo-social démocrates attendent (ou assurent qu'ils attendent) la "démocratisation du capital", l'accentuation du rôle et de l'importance de la petite production, etc., n'est en réalité qu'un des moyens d'accroître la puissance de l'oligarchie financière. C'est pourquoi, soit dit en passant, dans les pays capitalistes plus avancés ou plus anciens et "expérimentés", le législateur permet l'émission de titres d'un montant réduit". 

     "Mais le "système de participations" ne sert pas seulement à accroître immensément la puissance des monopolistes, il permet en outre de consommer impunément les pires tripotages et de dévaliser le public, car d'un point de vue formel, au regard de la loi, les dirigeants de la "société-mère" ne sont pas responsables de la filiale, considérée comme "autonome" et par l'intermédiaire de laquelle on peut tout "faire passer"".

     "La technique moderne des bilans ne leur offre pas seulement la possibilité de cacher à l'actionnaire moyen les risques engagés ; elle permet aussi aux principaux intéressés de se dérober aux conséquences d'une expérience avortée en vendant à temps leurs actions, alors que l'entrepreneur privé assume l'entière responsabilité de ses actes... [les plus récents et spectaculaires exemples de cette gabegie sont ENRON aux Etats-Unis et EADS en Europe ; mais il en existe bien d'autres et non des moindres qui passent sous le manteau]

     Les bilans de nombreuses sociétés anonymes rappellent ces palimpsestes du Moyen âge, dont il fallait d'abord gratter le texte visible pour pouvoir découvrir, dessous, les signes qui révélaient le texte réel du document.
"

   "Toutes les règles de contrôle et de surveillance, de publication des bilans, d'établissement de schémas précis pour ces derniers, etc., ce par quoi les professeurs et les fonctionnaires bien intentionnés - c'est-à-dire ayant la bonne intention de défendre et de farder le capitalisme - occupent l'attention du public, sont ici dépourvues de toute valeur. Car la propriété privée est sacrée, et l'on ne peut empêcher personne d'acheter, de vendre, d'échanger des actions, de les hypothéquer, etc."

     "Quant aux capitaux des banques, [certains] les divise[nt] en capitaux à placement "productif" (dans l'industrie et le commerce) et capitaux de "spéculation" (consacrés aux opérations boursières et financières), estimant, du point de vue réformiste petit-bourgeois qui [leur] est propre qu'on peut en régime capitaliste distinguer entre ces deux genres de placements et éliminer le dernier." [aujourd'hui, les petits-bourgeois "progressistes" ne jurent que par le "développement durable" et le "commerce équitable" parce que ces placebos de réformes leurs semblent compatibles avec le système dont ils vivent]

      "Le capital financier, concentré en quelques mains et exerçant un monopole de fait, prélève des bénéfices énormes et toujours croissants sur la constitution de firmes, les émissions de valeurs, les emprunts d'Etat, etc., affermissant la domination des oligarchies financières et frappant la société tout entière d'un tribut au profit des monopolistes".

      "Toutes les conditions de la vie économique sont profondément modifiées par cette transformation du capitalisme. Même lorsque la population est stagnante, que l'industrie, le commerce et les transports maritimes sont frappés de marasme, [un pays] peut s'enrichir par l'usure.
     La rentabilité exceptionnelle de l'émission des valeurs, une des principales opérations du capital financier, joue un rôle très important dans le développement et l'affermissement de l'oligarchie financière...
"

     "Si, dans les périodes d'essor industriel, les bénéfices du capital financier sont démesurés, en période de dépression les petites entreprises et les entreprises précaires périssent, et les grandes banques "participent" soit à leur achat a vil prix soit à de profitables "assainissements" et "réorganisations". Dans l'"assainissement" des entreprises déficitaires, "le capital-actions est abaissé, c'est-à-dire que les bénéfices sont répartis sur un montant moindre du capital, et calculés par la suite en conséquence. Ou encore, si les revenus sont tombés à zéro, on fait appel à un nouveau capital ; celui-ci, associé à l'ancien qui est de moindre rapport, devient dès lors suffisamment rentable. Remarquons en passant ... que tous ces assainissements et réorganisations ont pour les banques une double importance : c'est d'abord une opération fructueuse et, ensuite, une occasion de prendre en tutelle ces sociétés embarrassées".

     "La spéculation sur les terrains situés aux environs des grandes villes en plein développement est aussi une opération extrêmement lucrative pour le capital financier. Le monopole des banques fusionne ici avec celui de la rente foncière et celui des voies de communication, car la montée du prix des terrains, la possibilité de les vendre avantageusement par lots, etc., dépendent surtout de la commodité des communications avec le centre de la ville, et ses communications sont précisément aux mains des grandes compagnies liées à ces mêmes banques par le système de participations et la répartition des postes directoriaux. Il se produit ce qu[un] l'auteur allemand [Eschwege], ... a appelé le "marais" : la spéculation effrénée sur les terrains suburbains, les faillites des entreprises de construction... ; ensuite, la ruine des petits propriétaires et des ouvriers que les firmes de construction factices laissent impayés ; les tripotages avec la "loyale" police et l'administration ... pour avoir la haute main sur la délivrance par la municipalité des renseignements concernant les terrains et des autorisations de construire, etc.

     Les "moeurs américaines", au sujet desquelles les professeurs européens et les bourgeois bien pensant lèvent si hypocritement les yeux au ciel, sont devenues, à l'époque du capital financier, celles de toute grande ville dans n'importe quel pays".

     "Le monopole, quand il s'est formé et brasse des milliards, pénètre impérieusement dans tous les domaines de la vie sociale, indépendamment du régime politique et de toutes autres "contingences". La littérature économique ... a l'habitude de louer servilement l'intégrité des fonctionnaires. (...) Mais la vérité est que même les publications bourgeoises consacrées aux affaires bancaires ... sont constamment obligées de déborder le domaine des opérations purement bancaires et de parler, par exemple, de "l'attraction exercée par les banques" sur les fonctionnaires qui, de plus en plus fréquemment, passent au service de ces dernières... (...) Des cas analogues ... [obligent] l'écrivain bourgeois à reconnaître que "la liberté économique garantie par la Constitution ... n'est plus, dans bien des domaines, qu'une phrase vide de sens" et que, la domination de la ploutocratie une fois établie, "même la liberté politique la plus large ne peut empêcher que nous ne devenions un peuple d'hommes privés de liberté "".

     "Le propre du capitalisme est, en règle générale, de séparer la propriété du capital de son application à la production ; de séparer le capital-argent du capital industriel ou productif ; de séparer le rentier, qui ne vit que du revenu qu'il tire du capital-argent, de l'industriel, ainsi que de tous ceux qui participent directement à la gestion des capitaux. L'impérialisme, ou la domination du capital financier, est ce stade suprême du capitalisme où cette séparation atteint de vastes proportions. La suprématie du capital financier sur toutes les autres formes du capital signifie l'hégémonie du rentier et de l'oligarchie financière ; elle signifie une situation privilégiée pour un petit nombre d'Etats financièrement "puissants", par rapport à tous les autres. On peut juger de l'échelle de ce processus par la statistique des émissions, c'est-à-dire de la mise en circulation de valeurs de toute sorte".

     "Ensemble, ... quatre pays possèdent ... près de 80% du capital financier mondial. Presque tout le reste du globe est, d'une manière ou d'une autre, débiteur et tributaire de ces pays, véritables banquiers internationaux qui sont les ... "piliers" du capital financier mondial".

      Rappelons qu'Illitch Oulianov écrivait ces lignes en 1916.

(à suivre)
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9 décembre 2007 7 09 /12 /décembre /2007 08:47



Kadhafi.jpg

    "Les superpuissances ont violé la légitimité internationale, le droit international et les Nations unies, et ont exécuté leurs décisions en dehors de ce cadre et donc il est normal que les faibles aient recours au terrorisme".

      Cette déclaration du Colonel Muammar al-Kadhafi, chef d'Etat de la Lybie, a fait pousser des couinements courroucés dans l'habituel cortège de pleureuses professionnelles constitué par toute une foultitude d'hypocrites, opportunistes, "philosophes" de gauche, de droite et du milieu, toujours prompts à monter sur leurs pattes arrière et aboyer, serviles caniches de garde de l'Etat.

     Le terrorisme est l'arme du faible, n'en déplaise à messieurs Hollande, BHL, Bayrou, etcetera...

      Terroristes les Palestiniens luttant contre l'occupation israëlienne
      Terroristes les Irlandais luttant contre l'armée britannique
      Terroristes les Algériens affrontant l'armée coloniale française
      Terroristes les Vietnamiens tuant des soldats états-uniens dans Saïgon
      Terroristes les Français organisant des attentats contre l'armée allemande
      Terroristes les Brigate Rosse affrontant l'Etat italien corrompu jusqu'à la moëlle
    Terroriste la Röte Arme Fraktion contre la Social-Démocratie allemande héritière du nazisme

     Les Etats sont bien placés pour parler de terrrorisme, eux qui concentrent tous les moyens de coercition, de répression, toutes les armes, tous les commandos, toutes les escouades, toutes les armées et toutes les polices, tous les scientifiques cogitant brillamment à perfectionner les moyens de destruction hyper-massifs. Ce terrorisme-là est bien plus ravageur que n'importe quel autre, mais il est légal.
      La plupart des Etats se sont constitués entre autres par la guerre et par la terreur. La plupart disposent d'armées occultes d'espions et de "contre-espions" ; la plupart utilisent en sous-traitance les services de groupes terroristes manipulés et instrumentalisés.
      
       Alors, les cris d'orfraie qui fusent ça et là de la droite et de la gauche à l'occasion de la venue de Kadhafi en France, ces phrases redondantes et convenues sur "l'horreur", les "victimes innocentes" et la "défense de la démocratie" ne sauraient couvrir le bruit des bombes, des missiles et de toute l'artillerie lourde déployée par l'impérialisme pour servir ses intérêts, au besoin par la terreur, "officielle" celle-là, c'est-à-dire sanctifiée par les lois, l'ONU et tutti quanti, qui convient très bien aux pleureuses extraverties venant s'agenouiller mouchoir à la main devant les médias.    
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4 décembre 2007 2 04 /12 /décembre /2007 16:35


THE EMPIRE ALWAYS STRIKES BACK

Lenine-balaie-copie-1.jpg("Tovaritch Liéninn atchichtchaïett ziemliou ott niétchisti.")

     On en est au IIIème millénaire et le système économique atteint des degrés de centralisation et de concentration inimaginables à l'époque où Vladimir Illitch Oulianov écrivait "L'impérialisme..." (1916). Et pourtant, tout était déjà en place, imposant au regard du leader bolchevik la constitution chaotique de blocs à la taille phénoménale et aux intérêts concurrents. De tous temps cette tectonique multi-nationale a été organisée tant bien que mal par les Etats. Les présidents républicains se font les VRP-patriotes de leur  propre économie. La "diplomatie internationale" consiste essentiellement à fourguer par-ci par-là des technologies, des usines, des centrales d'énergie, des armes...
    
     La guerre est à tous les étages : guerre économique entre méga-sociétés concurrentes, entre Etats, entre capitalistes sur un même "coeur de cible" (composé de millions de gens). Naturellement, c'est entre Etats que l'affrontement atteint des degrés cataclysmiques, car en dernier ressort, la guerre constitue une issue vitale pour le système en crise. La vie de centaines de millions de salariés dépend de cette lutte sans règles autres qu'un darwinisme social impitoyable appliqué sur une échelle sans précédent. C'est toujours le même chant de lutte inexorable : la grande masse des salariés
plie sous le joug, au service de l'extraction de plue-value et pour la "nation", la raie-publique, l'entreprise ou la "démocratie". Sur le grand marché planétaire de la prédation, une himalayesque accumulation de marchandises fabriquées avec la souffrance des travailleurs fait empocher à la classe capitaliste hyper-minoritaire des surprofits galactiques.   

      Dans le second chapitre de sa brochure, Lenine s'arrête sur une des caractéristiques de l'impérialisme : la sphère du capital financier. Celle-ci tient désormais un rôle prépondérant, au détriment des autres sphères, notamment l'industrie. Dans ce cadre, Illitch Oulianov commence son analyse par les banques.


"II. LES BANQUES ET LEUR NOUVEAU RÔLE". [extraits]

     "La fonction essentielle et initiale des banques est de servir d'intermédiaire dans les paiements. Ce faisant, elles transforment le capital-argent inactif en capital actif, c'est-à-dire générateur de profit, et, réunissant les divers revenus en espèces, elles les mettent à la disposition de la classe des capitalistes.

     Au fur et à mesure que les banques se développent et se concentrent dans un petit nombre d'établissements, elles cessent d'être de modestes intermédiaires pour devenir de tout-puissants monopoles disposant de la presque totalité du capital-argent de l'ensemble des capitalistes et des petits patrons, ainsi que de la plupart des moyens de production et de sources de matières premières d'un pays donné, ou de toute une série de pays. Cette transformation d'une masse d'intermédiaires modestes en une poignée de monopolistes constitue un des processus essentiels de la transformation du capitalisme en impérialisme capitaliste. Aussi nous faut-il nous arrêter tout d'abord sur la concentration des banques".

     "Les petites banques sont refoulées par les grandes... ...transformation de toute une série de petites banques en de véritables filiales des grandes...

     ...c'est là une des caractéristiques les plus importantes de la concentration capitaliste moderne. Les grandes entreprises, les banques surtout, n'absorbent pas seulement les petites, elles se les "rattachent" et se les subordonnent, elles les incorporent dans "leur" groupement, dans leur "consortium", pour emprunter le terme technique, par la "participation" à leur capital, par l'achat ou l'échange d'actions, par le système des crédits, etc."

     "Il est évident qu'une banque placée à la tête d'un [grand] groupe et passant des accords avec une demi-douzaine d'autres banques, quelque peu inférieures, pour des opérations financières particulièrement importantes et lucratives, telles que les emprunts d'Etat, a dépassé le rôle d'"intermédiaire" et est devenue l'union d'une poignée de monopolistes."

     "...la concentration des capitaux et l'accroissement des opérations bancaires modifient radicalement le rôle joué par les banques. Les capitalistes épars finissent par ne former qu'un seul capitaliste collectif. En tenant le compte courant de plusieurs capitalistes, la banque semble ne se livrer qu'à des opérations purement techniques, uniquement subsidiaires. Mais quand ces opérations prennent une extension formidable, il en résulte qu'une poignée de monopolistes se subordonne les opérations commerciales et industrielles de la société capitaliste tout entière ; elle peut, grâce aux liaisons bancaires, grâce aux comptes courants et à d'autres opérations financières, connaître tout d'abord exactement la situation de tels ou tels capitalistes, puis les contrôler, agir sur eux en élargissant ou en restreignant, en facilitant ou en entravant le crédit, et enfin déterminer entièrement leur sort, déterminer les revenus de leurs entreprises, les priver de capitaux, ou leur permettre d'accroître rapidement les leurs dans d'énormes proportions, etc."

     "...la science bourgeoise ne se distingue que par une moindre sincérité et une tendance à voiler le fond des choses, à masquer la forêt par des arbres. "S'étonner" des conséquences de la concentration, "s'en prendre" au[x] gouvernements ... ou à la "société" capitaliste ..., (...) n'est-ce pas de l'impuissance ?"

     "En tout état de cause, dans tous les pays capitalistes, et quelle que soit leur législation bancaire, les banques renforcent et accélèrent considérablement le processus de concentration des capitaux et de formation des monopoles.

     "
Les banques créent, à l'échelle sociale, la forme, mais seulement la forme, d'une comptabilité et d'une répartition générales des moyens de production", écrivait Marx il y a un demi-siècle, dans "le Capital". ... "comptabilité générale" de la classe tout entière des capitalistes et même pas seulement des capitalistes, car les banques réunissent, au moins pour un temps, toutes sortes de revenus en argent provenant de petits patrons, d'employés et de la mince couche supérieure des ouvriers. La "répartition générale des moyens de production", voilà ce qui résulte d'un point de vue tout formel du développement des banques modernes... Mais quant au contenu, cette répartition des moyens de production n'a rien de "général"; elle est privée, c'est-à-dire conforme aux intérêts du grand capital - et au premier chef du plus grand capital, du capital monopoliste - qui opère dans des conditions telles que la masse de la population peut à peine subvenir à ses besoins..."

     "...d'un côté, ce sont en définitive toujours les mêmes magnats du capital bancaire qui disposent en fait des milliards confiés aux caisses d'épargne et, d'un autre côté, le monopole d'Etat en société capitaliste n'est qu'un moyen d'accroître et d'assurer les revenus des millionnaires près de faire faillite dans telle ou telle industrie". [aujourd'hui, un ministre, un PDG ou un chef d'entreprise "nationalisée", même en cas de faillite probante, aura toujours droit à un poste ou une promotion, un "golden parachute" ou un régime de retraite très "spécial"]

     "Les quelques banques qui, grâce au processus de concentration, restent à la tête de toute l'économie capitaliste, ont naturellement une tendance de plus en plus marquée à des accords de monopoles à un trust des banques".

     "Encore une fois, le dernier mot du développement des banques, c'est le monopole. [on a abouti à une "banque centrale" pour chaque pays, puis à la Banque Mondiale et au FMI]

     Quant à la liaison étroite qui existe entre les banques et l'industrie, c'est dans ce domaine que se manifeste peut-être avec le plus d'évidence le nouveau rôle des banques. 
(...) ...si [les] opérations se multiplient et s'instaurent régulièrement, si la banque "réunit" entre ses mains d'énormes capitaux, si la tenue des comptes courants d'une entreprise permet à la banque - et c'est ce qui arrive - de connaître avec toujours plus d'ampleur et de précision la situation économique du client, il en résulte une dépendance de plus en plus complète du capitaliste industriel à l'égard de la banque.

     En même temps se développe, pour ainsi dire, l'union personnelle des banques et des grosses entreprises industrielles et commerciales, la fusion des unes et des autres par l'acquisition d'actions, par l'entrée des directeurs de banque dans les conseils de surveillance (ou d'administration) des entreprises industrielles et commerciales, et inversement." [le ballet tragi-comique incessant des OPA, "fusions-acquisitions", etc.]

     "L'"union personnelle" des banques et de l'industrie est complétée par l'"union personnelle" des unes et des autres avec le gouvernement. L'élaboration et, pour ainsi dire, la mise au point des grands monopoles capitalistes se poursuivent donc à toute vapeur, par tous les moyens "naturels" et "surnaturels". Il en résulte une division systématique du travail entre quelques centaines de rois de la finance de la société capitaliste moderne..." [les gouvernements successifs, qu'ils soient "de gauche", "de droite" ou du milieu, ne font que mettre en cuisine de nouveaux commis pour faire la même tambouille]

     "...d'une part, fusion de plus en plus complète ou, suivant l'heureuse formule de N. Boukharine, une interpénétration du capital bancaire et du capital industriel, et, d'autre part, la transformation des banques en établissements présentant au sens le plus exact du terme un "caractère universel"."

     "On entend assez souvent les milieux industriels et commerciaux se plaindre du "terrorisme" des banques.
    
(...) A la vérité, nous retrouvons là les doléances du petit capital opprimé par le gros, seulement cette fois c'est tout un syndicat qui est tombé dans la catégorie des "petits" ! La vieille lutte du petit et du gros capital recommence, mais à un degré de développement nouveau, infiniment supérieur. Il est évident que disposant de milliards, les grandes banques sont capables de hâter aussi le progrès technique par des moyens qui ne sauraient en aucune façon être comparés à ceux d'autrefois. Les banques fondent, par exemple, des sociétés spéciales d'études techniques dont les travaux ne profitent, bien entendu, qu'aux entreprises industrielles "amies"".

     "Les dirigeants des grandes banques eux-mêmes ne peuvent pas ne pas voir que des conditions nouvelles sont en train de se former dans l'économie nationale, mais ils sont impuissants devant elles..."

     "L'ancien capitalisme a fait son temps. Le nouveau constitue une transition. La recherche de "principes fermes et d'un but concret" en vue de "concilier" le monopole et la libre concurrence est, de toute évidence, une tentative vouée à l'échec."

     "Ainsi, le XXème siècle marque le tournant où l'ancien capitalisme fait place au nouveau, où la domination du capital financier se substitue à la domination du capital en général."

(à suivre)
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3 décembre 2007 1 03 /12 /décembre /2007 17:49
COMMERCE EQUITABLE ET DEVELOPPEMENT DURABLE SONT SUR UN BATEAU
 

(LA COLOMBIE AU SECOURS DE L'AFRIQUE)


Escobar.jpg
(un des grands bienfaiteurs de l'humanité)

       Depuis que les Etats-Unis, quelque peu inquiets de la pénétration accrue de la poudre dans leur jeunesse dorée, ont resserré leurs frontières maritimes et aériennes, les nouvelles plaques tournantes de la principale source de devises colombienne ont migré vers le continent Africain, notamment la Guinée.

Guin--e.jpg(Guinée équatoriale)

       C'est ainsi que la matière blanche transite vers les côtes guinéennes par une myriade d'archipels. Mais que fait la police ? se demandera-t-on. Eh bien, elle prélève sa dîme au passage, sans parler des notables de l'administration qui mettent de l'huile de palme dans leur manioc.
         C'est bien simple, quand vous vous balladez dans la capitale (Conakry), si vous voulez connaître les fer-de-lance de la lutte anti-trafic, repérez les chantiers ou les maisons pharaoniques : au sus et au vu de tout le monde, ministres, officiers et autres huiles se sont faits bâtir des villas qui seraient impensables à Juan-Les-Pins ou à La Baule.
      Quand des passeurs Colombiens ont la nonchalence de se faire pincer, ils ne séjournent guère plus de 2 ou 3 jours à l'ombre, le temps d'arroser qui de droit, en attendant qu'un
mystérieux coup de  téléphone venu "d'en haut" ne les fasse sortir du trou et retourner tranquillement à leurs affaires.

        Cet import-export frappe aussi un pays frontalier : le Sénégal. Là, l'Etat fait mine de mettre un peu plus d'entrain à la tâche de surveillance des frontières. Mais que faire réellement ? Le chiffre d'affaires de cette marchandise particulière représente plus de 100 fois le PNB du Sénégal ! Impossible de lutter.

Senegal.jpg(de la "neige" pour le Sénégal)

        Seuls les naïfs peuvent croire à une "solution" dans le cadre des rapports impérialistes mondiaux. Il existe bien une mesure qui, d'un point de vue capitalistique, aurait quelque chance d'aboutir : la cotation en Bourse des matières 1ères de la drogue. Cependant, pas une Bourgeoisie n'aura le culot de prendre une mesure en apparente contradiction avec la "morale" publique et le "civisme" citoyen. En conséquence, il est fort à craindre des jours ensoleillés et profitables pour le trafic mondial de saloperies en tous genres. L'économie colombienne ne s'effondrera pas de sitôt, pas plus que celle des pays pétroliers.
           

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30 novembre 2007 5 30 /11 /novembre /2007 18:41

 

 

THE EMPIRE STRIKES BACK

 

 

 

 

 

Lenine-balaie-copie-1.jpg("Le Camarade Lenine nettoie la Terre de la saleté")

 

 

 

 

 

 

LE CAPITALISME, UN UNIVERS CONCENTRATIONNAIRE

 

 

 

    
     Dans la préface de 1920 aux éditions françaises et allemandes de la brochure qu'il a écrite en 1916, "L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme", Lenine présente ainsi les choses :

     "Ce livre montre que la guerre de 1914-1918 a été de part et d'autre une guerre impérialiste (c'est-à-dire une guerre de conquête, de pillage, de brigandage), une guerre pour le partage du monde, pour la distribution et la redistribution des colonies, des "zones d'influence" du capital financier, etc.

     Sur cette base économique, les guerres impérialistes sont absolument inévitables, aussi longtemps qu'existera la propriété des moyens de production.

     Propriété privée fondée sur le travail du petit patron, libre concurrence, démocratie: tous ces slogans dont les capitalistes et leur presse se servent pour tromper les ouvriers et les paysans, sont depuis longtemps dépassés. Le capitalisme s'est transformé en un système universel d'oppression coloniale et d'asphyxie financière de l'immense majorité de la population du globe par une poignée de pays "avancés". Et le partage de ce "butin" se fait entre deux ou trois rapaces de puissance mondiale, armés de pied en cap ... qui entraînent toute la terre dans leur guerre pour le partage de leur butin.

         Où est donc la base économique de ce phénomène historique universel ?
     Précisément dans le parasitisme et la putréfaction qui caractérisent le stade historique suprême du capitalisme, c'est-à-dire l'impérialisme. Comme il est montré dans ce livre, le capitalisme a assuré une situation privilégiée à une poignée (moins d'un dixième de la population du globe ou, en comptant de la façon la plus "large" et la plus exagérée, moins d'un cinquième) d'Etats particulièrement riches et puissants, qui pillent le monde entier...
      On conçoit que ce gigantesque surprofit (car il est obtenu en sus du profit que les capitalistes extorquent aux ouvriers de "leur" pays) permette de corrompre les chefs ouvriers et la couche supérieure de l'aristocratie ouvrière. Et les capitalistes des pays "avancés" la corrompent effectivement : ils la corrompent par mille moyens, directs et indirects, ouverts et camouflés.

     L'impérialisme est le prélude de la révolution sociale du prolétariat. Cela s'est confirmé, depuis 1917, à l'échelle mondiale. ...


     Nous allons tâcher d'exposer sommairement, le plus simplement possible, les liens et les rapports existant entre les caractères économiques fondamentaux de l'impérialisme."

     Le dirigeant révolutionnaire va donc s'attacher à illustrer la loi de la concentration capitaliste.
     De  nos jours, ce ne sont ni les lois anti-trusts, ni les taquineries administratives et judiciaires (voir Microsoft) qui ont ne serait-ce que freiné le processus.
     Une poignée de méga-entreprises gèrent la majorité de l'économie du monde.
     
    

      Lenine aborde ce phénomène dans le chapitre I de "L'Impérialisme", intitulé : "LA  CONCENTRATION DE LA PRODUCTION ET LES MONOPOLES". [extraits]


   "le processus de concentration extrêmement rapide de la production dans des entreprises toujours plus importantes constitue une des caractéristiques les plus marquées du capitalisme".

       "Le capital-argent et les banques ... rendent cette supériorité d'une poignée de très grandes entreprises plus écrasante encore, et cela au sens le plus littéral du mot, c'est-à-dire que des millions de "patrons", petits, moyens et même une partie des grands, sont en fait entièrement asservis par quelques centaines de financiers millionnaires".

     " ...la concentration, arrivée à un certain degré de son développement, conduit d'elle-même, pour ainsi dire, droit au monopole. Car quelques dizaines d'entreprises géantes peuvent aisément s'entendre, et, d'autre part, la difficulté de la concurrence et la tendance au monopole naissent précisément de la grandeur des entreprises. Cette transformation de la concurrence en monopole est un des phénomènes les plus importants - sinon le plus important - de l'économie du capitalisme moderne".

      "...une particularité extrêmement importante du capitalisme arrivé au stade suprême de son développement est ce qu'on appelle la combinaison, c'est-à-dire la réunion, dans une seule entreprise, de diverses branches d'industrie qui peuvent constituer les étapes successives du traitement de la matière première (par exemple, la production de la fonte à partir du minerai de fer et la transformation de la fonte en acier, et peut-être aussi la fabrication de divers produits finis en acier), ou bien jouer les unes par rapport aux autres le rôle d'auxiliaires (par exemple, l'utilisation des déchets ou des sous-produits ; la fabrication du matériel d'emballage, etc.)"

    "Et la concentration va croissant. Certaines entreprises deviennent de plus en plus importantes ; un nombre toujours plus grand d'entre elles, d'une même branche ou de branches différentes, s'agglomère en des entreprises géantes soutenues et dirigées par une demi-douzaine de grosses banques..."

      "Il y a un demi-siècle, quand Marx écrivait son Capital, la libre concurrence apparaissait à l'immense majorité des économistes comme une "loi de la nature". La science officielle tenta de tuer par la conspiration du silence l'oeuvre de Marx, qui démontrait par une analyse théorique et historique du capitalisme que la libre concurrence engendre la concentration de la production, laquelle, arrivée à un certain degré de développement, conduit au monopole. Maintenant, le monopole est devenu un fait. (...) Les faits montrent que les différences existant entre les pays capitalistes, par exemple, en matière de protectionnisme ou de libre-échange, ne déterminent que des variations insignifiantes dans la forme des monopoles ou dans la date de leur apparition, tandis que la naissance des monopoles, conséquence de la concentration de la production, est une loi générale et essentielle du stade actuel de l'évolution du capitalisme".

     "Pour l'Europe, on peut établir avec assez de précision le moment où le nouveau capitalisme s'est définitivement substitué à l'ancien : c'est le début du XXème siècle".

      "Essor de la fin du XIXème siècle et crise de 1900-1903 : les cartels deviennent une des bases de la vie économique tout entière. Le capitalisme s'est transformé en impérialisme".

    "Les cartels s'entendent sur les conditions de vente, les échéances, etc. Ils se répartissent les débouchés. Ils déterminent la quantité des produits à fabriquer. Ils fixent les prix. Ils répartissent les bénéfices entre les diverses entreprises, etc.

     "Ce n'est plus du tout l'ancienne libre concurrence des patrons dispersés, qui s'ignoraient réciproquement et produisaient pour un marché inconnu. La concentration en arrive au point qu'il devient possible de faire un inventaire approximatif de toutes les sources de matières premières (tels les gisements de minerai de fer) [aujourd'hui le pétrole] d'un pays et même, ainsi que nous le verrons, de plusieurs pays, voire du monde entier. Non seulement on procède à cet inventaire, mais toutes ces sources sont accaparées par de puissants groupements monopolistes. On évalue approximativement la capacité d'absorption des marchés que ces groupements "se partagent" par contrat. Le monopole accapare la main-d'oeuvre spécialisée, les meilleurs ingénieurs ; il met la main sur les voies et moyens de communication...
       Le capitalisme arrivé à son stade impérialiste conduit aux portes de la socialisation intégrale de la production ; il entraîne en quelque sorte les capitalistes, en dépit de leur volonté et sans qu'ils en aient conscience, vers un nouvel ordre social, intermédiaire entre l'entière liberté de la concurrence et la socialisation intégrale".

     "La production devient sociale, mais l'appropriation reste privée. Les moyens de production sociaux restent la propriété privée d'un petit nombre d'individus. Le cadre général de la libre concurrence nominalement reconnue subsiste, et le joug exercé par une poignée de monopolistes sur le reste de la population devient cent fois plus lourd, plus tangible, plus intolérable".

    Ce n'est plus la lutte concurrentielle entre les petites et les grandes usines, les entreprises techniquement arriérées et les entreprises techniquement avancées. C'est l'étouffement par les monopoles de ceux qui ne se soumettent pas à leur joug, à leur arbitraire.
       (...) Traduit en clair, cela veut dire que le développement du capitalisme en est arrivé à un point où la production marchande, bien que continuant de "régner" et d'être considérée comme la base de toute l'économie, se trouve en fait ébranlée, et où le gros des bénéfices va aux "génies" des machinations financières. A la base de ces machinations et de ces tripotages, il y a la socialisation de la production ; mais l'immense progrès de l'humanité, qui s'est haussée jusqu'à cette socialisation, profite... aux spéculateurs. Nous verrons plus loin comment, "sur cette base", la critique petite-bourgeoise réactionnaire de l'impérialisme capitaliste rêve d'un retour en arrière, vers la concurrence "libre", "pacifique", "honnête". [tels les "alter-mondialistes" et autres tenants du "commerce équitable"]

     "Les rapports de domination et la violence qu'ils comportent, voilà ce qui est typique de la "phase la plus récente du développement du capitalisme", voilà ce qui devait nécessairement résulter, et qui a effectivement résulté, de la formation de monopoles économiques tout-puissants".

     "Le monopole s'ouvre un chemin partout et par tous les moyens, depuis le paiement d'une "modeste" indemnité jusqu'au "recours", à la façon américaine, au dynamitage du concurrent".

      "Que les cartels suppriment les crises, c'est là une fable des économistes bourgeois qui s'attachent à farder le capitalisme. Au contraire, le monopole créé dans certaines industries augmente et aggrave le chaos inhérent à l'ensemble de la production capitaliste. La disproportion entre le développement de l'agriculture et celui de l'industrie, caractéristique du capitalisme en général, s'accentue encore davantage".

     "les crises (de toute espèce, le plus souvent économiques, mais pas exclusivement) accroissent à leur tour, dans de très fortes proportions, la tendance à la concentration et au monopole".

     "Le monopole, tel est le dernier mot de la "phase la plus récente du développement du capitalisme". Mais nous n'aurions de la puissance effective et du rôle des monopoles actuels qu'une notion extrêmement insuffisante, incomplète, étriquée, si nous ne tenions pas compte du rôle des banques".
 
(à suivre)
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27 novembre 2007 2 27 /11 /novembre /2007 10:24
 JEAN-MARIE ROUART, DE L'ACADEMIE FRANCAISE (CONG !)

Rouart.gif(à gauche du cliché est écrit "BNP PARIBAS 2006 - Droits réservés". Aaah, la romance...)


SPECIAL DEDICACE A JEAN-MARIE, QUI A DECLARE DANS UN EDITO DU TRES ROMANTIQUE "NICE-MATIN" QUE LEV DAVIDOVITCH BRONSTEIN DIT "TROTSKI" ETAIT "UN BARBICHU BINOCLARD AUSSI FUMEUX DANS SES IDEES QUE NEFASTE DANS SES ACTES...".



     "Les libéraux et les sociaux-démocrates d'Occident, que la révolution d'Octobre fit douter de leurs idées surannées, ont senti des forces leur revenir. La gangrène morale de la bureaucratie soviétique leur parait réhabiliter le libéralisme. On les voit sortir de vieux aphorismes éculés de ce genre : "Toute dictature porte en elle-même les germes de sa propre dissolution" ; "la démocratie, seule, assure le développement de la personnalité" et cætera. L'opposition de la démocratie à la dictature, impliquant en l'occurrence la condamnation du socialisme au nom du régime bourgeois, étonne, considérée sous l'angle de la théorie, par l'ignorance et la mauvaise foi dont elle procède. L'infection du stalinisme, réalité historique, est mise en comparaison avec la démocratie, abstraction supra-historique. La démocratie a pourtant eu une histoire, elle aussi, et dans laquelle les abominations n'ont point manqué. (...)  
     ...la démocratie ne s'est pas établie par des méthodes démocratiques, loin de là. (...) Sans la destruction de la féodalité par les méthodes jacobines, la démocratie bourgeoise eût été inconcevable. Il est aussi faux d'opposer aux étapes historiques réelles : jacobinisme, thermidor, bonapartisme, l'abstraction "démocratie" que d'opposer aux douleurs de l'enfantement le calme du nouveau-né".
                                                                                          
(Leur morale et la nôtre, Coyoacàn 1938)
 


Trotski-par-Rivera.jpg(sur cette toile du peintre mexicain Diego Rivera, le "barbichu binoclard" apparaît au centre, tenant le drapeau rouge aux côtés notamment de Friedrich Engels et de Karl Marx)
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23 novembre 2007 5 23 /11 /novembre /2007 11:26

 
VARIABILITE DE LA MORALE


Trotski-en-Norv--ge-1936.jpg(Norvège 1936)
    
    
         "...les doctrinaires du "bon sens" ont été surpris par le fascisme. Le bon sens procède au moyen de grandeurs invariables dans un monde où il n'y a d'invariable que la variabilité. La dialectique, au contraire, considère les phénomènes, les institutions, les normes dans leur formation, leur développement et leur déclin. L'attitude dialectique envers la morale, produit fonctionnel et transitoire de la lutte des classes, parait "amorale" aux yeux du bon sens. Il n'y a pourtant rien de plus dur, de plus borné, de plus suffisant et cynique que la morale du bon sens !"

                                        (Lev Trotski, Leur morale et la nôtre, 1938)

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22 novembre 2007 4 22 /11 /novembre /2007 15:50


D'ABORD LES BOEUFS, PUIS LA CHARRUE


     revolution.jpg


     Dans la tradition invariante de la Gauche communiste d'Italie intervient la dénonciation permanente des briseurs de l'organisation politique de la classe salariée, c'est-à-dire le Parti communiste international.
     Nombre de ces anti-parti affirmaient et affirment toujours que la révolution communiste est affaire de formes d'organisation. Ce à quoi la GCI ré-affirme que ce qui est déterminant, c'est le programme politique du Parti et l'orientation suivant laquelle il défend ce programme in-négociable.
     Les illuminés en tous genres ont aussi opposé à l'organisation politique des salariés l'aspiration à la venue d'un être exceptionnel, un "grand homme", une sorte de héros qu'on pourrait aduler à souhait, un messie, un extra-terrestre... Ce sont là avatars du culte de la personnalité que, paradoxalement, la société "post-industrielle" a réactivé par son individualisme nombriliste. Tout ce fatras, il faudra le remiser dans la cave de l'histoire et l'y oublier.
    
     Des formes d'organisation, certes il y en aura. Mais ce sera un processus réel qui les suscitera. Dans les périodes révolutionnaires, personne ne "crée" des formes d'organisation, elles naissent spontanément d'une situation de tension sociale parvenue à son paroxysme. Le rôle du Parti est de les conquérir par le militantisme révolutionnaire, non de se soumettre à elles (ce qui équivaudrait à s'auto-détruire).

   Qu'advienne une situation révolutionnaire et apparaîtra une hiérarchie des différentes formes d'organisation dont se dotent les salariés, le Parti étant prééminent par rapport aux autres formes. La primauté de celui-ci est une des thèses fondamentales de la Gauche Communiste d'Italie.

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21 novembre 2007 3 21 /11 /novembre /2007 14:00

LE BON SENS EST "UN IMBECILE TOUT ROND"



time.jpg(une du "Time" en 1937)

    
     "Le "bon sens", la démocratie et la morale "généralement admise" ne sont pas les seules victimes de l'impérialisme. Le bon sens "inné à tous les hommes" est sa troisième victime. Cette forme inférieure de l'intellect, nécessaire dans toutes les conditions, est aussi suffisante dans certaines conditions. Le capital principal du bon sens est fait de conclusions élémentaires tirées de l'expérience
humaine : Ne mettez pas vos doigts dans le feu, suivez de préférence la ligne droite, ne taquinez pas les chiens méchants... et cætera, et cætera. Dans un milieu social stable, le bon sens se révèle suffisant pour faire du commerce, soigner des malades, écrire des articles, diriger un syndicat, voter au parlement, fonder une famille, croître et multiplier. Mais sitôt qu'il tente de sortir de ses limites naturelles pour intervenir sur le terrain des généralisations plus complexes, il n'est plus que le conglomérat des préjugés d'une certaine classe à une certaine époque. La simple crise du capitalisme le décontenance ; devant les catastrophes telles que les révolutions, les contre-révolutions et les guerres, le bon sens n'est plus qu'un imbécile tout rond".
                                     (L. Trotski, Leur morale et la nôtre, 1938)
                                                                   
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21 novembre 2007 3 21 /11 /novembre /2007 10:24

 

gr--ve.jpg

     Malgré les "sondages d'opinion" concoctés par les médias, malgré les reportages quotidiens sur les souffrances terribles des "usagers" (qui, d'habitude, semblent ne pas subir le métro-boulot-dodo quotidien), malgré les ronds-de-jambe gênés des bonzes syndicaux et la désapprobation muette de la gauche-caviar, la grève perdure. Les salariés en lutte ne semblent pas décidés à lâcher l'affaire facilement.

      L'acharnement anti-grévistes en dit plus que les simples anathèmes ("feignants, privilégiés, corporatistes", etc.) récurrents ou les analyses méprisantes ("une fois encore, une minorité agissante manipule en sous-main les salariés") élaborées hâtivement par des conseillers en comm' pris de court (comme à chaque fois que se lèvent les travailleurs)
.
         Ce que révèle le mouvement social au fur et à mesure qu'il perdure et accroît l'hystérie bourgeoise contre lui, c'est l'horreur de la classe dirigeante et de ses affidés face à l'affirmation de classe des revendications, de l'action et du discours des grévistes.
         Le spectre qui hante capitalistes et démocrates petits-bourgeois de droite ou de gauche n'en finit pas de ressurgir de dessous du lit : nous vivons dans une société de classes inégalitaires, dont l'une - la minorité - veut toujours tirer plus de l'autre - l'immense majorité. Ce retour en force d'une réalité plus ou moins masquée durant la période des "30 Glorieuses", explose à la face des opportunistes de tout bord, de ceux qui prônent "l'harmonie sociale", le "dialogue", la "négociation" et autres habillages sirupeux de l'exploitation forcenée du travail à ceux qui, jouant franc-jeu, revendiquent haut et fort le débourrage des nouvelles générations de prolétaires.

        Chaque jour de grève supplémentaire est un démenti cinglant des thèses "humanistes" sur la coopération sociale et la "vie ensemble". Si effectivement "on est tous sur le même bateau", "on" y tient pas tous la même place. Sur le Titanic, l'aristocratie valse tout en haut sous les lustres ; en fond de cale, les machinistes suent dans la pénombre ; qu'advienne l'iceberg de la crise économique, ils sont les 1ers noyés.

      Rien n'y fait, ni les appels à la "démocratie" (qu'on n'entend jamais quand un chef d'entreprise "dégraisse") et à la "liberté du travail" (= droit d'esclavage salarié), ni les mauvais points économiques (les grévistes sont responsables du "retard" économique du pays !).
       
Afin de briser cette grève-là, il va falloir une fois encor que les syndicats-croupions et l'Etat serrent les rangs et se démènent tant et plus. Peut-être y parviendront-ils sur le coup. Mais il y aura d'autres vagues sociales, encore et encore, de plus en plus larges, gardant la mémoire des précédentes et se laissant de moins en moins embringuer par les appels à la "raison" et les dénonciations des "minorités" agissantes. 
        Cette toute-puissance accordée
inconsciemment à la classe salariée par les dirigeants finira bien par la réveiller. Et ce jour-là, ils n'auront pas fini de trembler, tous nos dynamiques chefs d'entreprise et autres politicards féroces déguisés en sacristains de "l'intérêt général" !

 
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