10 février 2008
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SCIENCE CONTRE RELIGION
LE COMBAT DES SIECLES
D'abord il y eut Copernic, Kepler, Galilée, Newton, dont les découvertes permirent d'échafauder des hypothèses novatrices sur la formation des planètes et des systèmes stellaires.
Emmanuel Kant (1724-1804) émit une proposition sidérante selon laquelle le système solaire s'était formé avec de la matière venant du soleil même.
Dès lors, cela permit d'admettre que rien n'était figé et immuable, à commencer par le cosmos. L'Univers est en mouvement perpétuel ; il s'est fait en un peu plus d'une semaine, de même que la matière, passant par différents états selon un principe vérifié par les expériences de Lavoisier et Laplace. Le 1er cité, Antoine de Lavoisier, est d'ailleurs l'auteur d'une courte formule qui, aujourd'hui encore, donne des sueurs froides aux tenants du dessein divin : "Rien ne se crée, rien ne se perd".
Vers la fin du XVIIème siècle en France, les encyclopédistes commencèrent d'élaborer une méthode matérialiste d'analyse et de conception du monde.
Puis vint Charles Darwin (1809-1882). Dans une oeuvre retentissante, "L'Origine des espèces" parue en 1859, il mit en lumière l'évolution naturelle. Les Eglises se retrouvaient orphelines de leur prérogative créationniste, dogmatique et absolutiste.
Le matérialisme connut enfin son épanouissement avec Karl Marx (1818-1883) et Friedrich Engels (1820-1895), qui établirent le matérialisme dialectique comme pensée méthodique scientifique et révolutionnaire.
Quelle est la seule vraie victoire symbolique de la pensée scientifique ? L'homme est un être biologique évolutif. Il y a "quelque temps", il était différent et dans quelque temps - s'il est toujours là - il aura évolué et sera autre. Un environnement hostile contraignit ses ancêtres à s'adapter à des conditions nouvelles qui menaçaient la survie de leur espèce. Cette adaptation biologique se cristallisa dans des changements physiologiques transmissibles héréditairement. La nouvelle espèce ainsi définie était mieux adaptée.
Engels considère que l'esprit est le niveau le plus complexe d'organisation de la matière. Lui aussi bien que Marx en ont toujours su gré au darwinisme et lui ont rendu un hommage appuyé.
Pendant ce temps-là, les théologiens honteux et confus rongeaient leur frein, en quête d'une risposte théologique à cette victoire décisive du matérialisme moderne. Quand ils constatèrent avec surprise que, malgré les progrès scientifiques fulgurants dans tous les domaines, la superstition religieuse demeurait dans les consciences, ils reprirent prêches apocalyptiques et sermons moralisateurs.
De cette résurgence des obscurantismes naquit, à la fin du XIXème siècle, une polémique : d'où viennent croyance, superstition, mysticisme, idéalisme religieux, ... ?
La plupart des tenants de la "spiritualité" ne manquèrent pas de clamer que c'était là bel et bien la preuve de l'existence de l'"être suprême". Cette rodomontade triomphaliste était cependant un peu courte.
La religion mérite une analyse matérialiste, même si ses fonctionnaires la refusent avec terreur. D'où provient le besoin religieux des populations ? Non d'une supposée "ignorance" - il est des prix Nobel scientifiques qui repassent dieu en sous-main derrière les formules algébriques - mais de l'aliénation liée à la société mercantiliste. Si tel ou tel siècle est "spirituel", ce n'est pas par le fait que dieu y ait triomphé, mais parce que cela demeure une manière subjective de résister à l'arbitraire, aux inégalités, à l'impunité des dirigeants, à la corruption et au totalitarisme, à l'absence de perspectives d'épanouissement, à l'inhumanité de ce bas-monde. D'autant plus que cette subjectivité-là est plus qu'encouragée par la classe dominante.
La science ne balaiera définitivement la religion que dans l'autre monde, c'est-à-dire non après la mort, mais quand l'humanité aura accédé à une forme d'organisation où les classes sociales liées à une économie de Marché auront périclité ; quand aura disparu la chape de plomp pesant sur les salariés, les chômeurs, les paysans sans terre et leurs familles...
En d'autres termes, la science n'accèdera véritablement au commun des mortels sur le plan théorique et pratique qu'après la victoire révolutionnaire des masses enchaînées au capital. Les religions disparaîtront alors par simple inutilité. Elles ont été l'opium des peuples et, bien que concurrencées par le sport et la télé spectacles, elles le demeurent en bien des aspects. L'opium, le spiritueux dont l'opprimé s'inflige une dose "spirituelle", histoire d'oublier un temps sa condition d'esclave.
Pour se débarrasser de cette addiction, il lui faut se débarrasser des chaînes mentales qui l'entravent, rassembler son énergie dans la lutte contre le mode de production capitaliste, lutte dotée d'une théorie scientifique, anti-idéaliste, révolutionnaire. Seul celui-là peut retirer ses frasques religieuses, sans pour autant faire dispaître la religion. Autant que de profits, la société Bourgeoise a besoin de nourritures spirituelles.