AUX ECONOMISEURS DE REVOLUTION
Les alter-mondialistes avaient promis qu'"un autre monde est possible", sans toucher à celui-ci, effectuant en quelque sorte l'économie d'une révolution, l'escamotage d'une lutte de classes et faisant même l'économie d'un mouvement politique quel qu'il soit. Tant qu'on y est...
Eh bien, c'était de la pub mensongère. Il n'y a pas d'"autre" monde possible dans le capitalisme que le capitalisme lui-même, et les alter-mondialistes étaient en vérité des ALTER-CAPITALISTES. Le fait que José Bové ait cru bon de mettre sa binette de gaulois de BD au milieu des autres faces de carême du cirque électoral, marque un aveu de l'impuissance de l'alter-mondialisme et du "commerce équitable", du "développement durable" et ragnagna, impuissance politique à faire autre chose que de singer la cohorte des inoxydables politicards habituels. Eux il sont "durables", pour sûr ! qu'ils aient 50 ou 150 ans.
"Le monde n'est pas une marchandise" clamaient haut et fort les alter-mondialistes, tout fiers qu'ils étaient de ce slogan déniché dans leurs chaussettes écologiques achetées chez le marchand durable.
Ben... si. Tant que nous ne sortirons pas du mode de production actuel (qui a 2 siècles et demi d'existence), le monde a été, EST et sera une marchandise. Tous les voeux pieux, les slogans creux, les professions de foi verte et garantie sans OGM n'en peuvent mais.
Qu'est-ce donc qui a conduit les "alters" à dégénérer si rapidement, à rentrer dans le rang des soumis à la logique politicienne électoraliste-médiatique-"pestaculaire" ?
Leur impatience, au 1er rang.
"En attendant la Révolution, il faut bien FAIRE quelque chose" gémissent-ils. Faire "quelque chose", n'importe quoi pourvu qu'on donne et qu'on SE donne l'illusion d'"agir".
L'impatience est un avatar de la prétention individuelle à apporter sa "pierre", sa touche, sa goutte de pipi-popo à l'hypothétique édifice du "changement" qui commence "ici et maintenant". "Attendre la Révolution ? Pas question !" clament ces petits-bourgeois qui ne savent pas ce qu'est la pluie et encor moins une "révolution" et ont l'inimaginable prétention de croire que, parce que tout changement révolutionnaire est improbable avant longtemps (quoique...), cela justifie leur agitation adolescente (oui, parce qu'en prenant de la bouteille, "l'improbabilité" de tout changement révolutionnaire les rend de plus en plus conformistes et dès lors, ils se contentent de "voter à gauche" jusqu'au cercueil, sauf les enfants de Kouchner).
Quelles sont les fondations de cette absence de fondation politique ? En 1er lieu, nous avons affaire à des gens qui prennent leur vessie pour un phare de la politique, qui confondent histoire personnelle et histoire tout court et qui donc, se permettent d'incorporer leur nombril dans ce qu'ils croient être le temps historique - et qui, bien sûr, n'est en réalité que l'enfilage des perles existentielles de leur vécu, de la chambre à coucher au campus en passant par les 1ers émois amoureux (et "politiques"). Perles existentielles qu'ensuite ces "militants" se font un narcissique plaisir de théoriser pour leur propre compte et celui de leurs copaingues de "luttes" (les manifs-carnavals où l'on s'égosille et brame les sempiternels slogans creux et chansonnettes à la couillon-de-la-lune en faisant 3 pas en avant 3 pas en arrière 3 pas sur le côté sous les yeux de la maréchaussée attendrie).
Ces économiseurs de lutte de classes, de mouvement salarié, de révolution ont une vie "politique" aussi légère que celle d'un moustique, aussi visible que celle d'un microbe et un rôle aussi important que celui d'un bouffon de basse-cour. Qu'advienne une lutte réelle, une grève radicale qui perdure et s'étend, un mouvement collectif conscient qui pose la question fondamentale du pouvoir, et vous les verrez s'éparpiller comme une volée de moineaux.
Au moins ceux qui auraient quand même eu l'insigne patience de supporter "l'attente" d'une lutte politique réelle.