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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 00:00


MARX, L'"ANTI-SEMITE"

       Dans sa brochure compacte "La Question juive" (1843), le jeune Karl Marx ne critique pas les Juifs en tant que "Juifs" mais conteste à ceux qui se revendiquent comme tels leur prétention à l'émancipation spécifique et exclusive d'eux-mêmes.
        Son analyse va plus loin : les Juifs se renvendiquant en tant que "Juifs" ont contaminé les autres religions par ce que constitue leur idéologie, une doctrine religieuse anti-sociale, élitiste et endogène.

       Alors,
à côté de tous les qualificatifs plus ou moins loufoques dont l'ont traité la grande famille des "philosophes" politologues de plateau-télé, pourquoi Marx est-il également qualifié d'"anti-sémite" ; plus précisément,
ces messieurs-dames de la pensée bourgeoise diversifiée se fondent sur quels arguments ?
        Tout simplement sur l'assimilation qu'opère Marx le jeune entre le "Juif" et l'usurier, le trafiquant, le spéculateur, le banquier, le capitaliste. Mais Karl ne fait-là que se baser sur une réalité socio-économique, afin de se livrer non pas à des incantations anti-sémitiques mais à une critique rigoureuse du capitalisme. Fermez le ban.

        Marx affirme :

        "...la suprématie effective du judaïsme sur le monde chrétien a pris, dans l'Amérique du Nord, cette expression normale et absolument nette: l'annonce de l'Evangile, la prédication religieuse est devenue un article de commerce, et le négociant failli de l'Evangile s'occupe d'affaires tout comme le prédicateur enrichi".

        Qu'en dîtes-vous ? En quelques lignes s'exprime toute la puissance visionnaire du matérialisme dialectique ! Un peu plus loin vous lirez :

        "Aux yeux d'un grand nombre, le ministère religieux est une véritable carrière industrielle".

          Remplacez juste "industrielle" par "médiatique".
        Maintenant, le Sous-Lieutenant Karpov va donner complaisamment de l'avoine aux bourrins :

       "La contradiction qui existe entre la puissance politique réelle du Juif et ses droits politiques, c'est la contradiction entre la politique et la puissance de l'argent. La politique est théoriquement au-dessus de la puissance de l'argent, mais pratiquement elle en est devenue la prisonnière absolue".

         Récapitulons : la politique est l'otage de la puissance financière. Le "Juif" qui, politiquement, ne représente pas autre chose que lui-même, dispose d'une puissance effective correspondant
plus à sa position économique qu'à des convictions religieuses.

        "Le judaïsme s'est maintenu à côté du christianisme non seulement parce qu'il constituait la critique religieuse du christianisme et personnifiait le doute par rapport à l'origine religieuse du christianisme, mais encore et tout autant, parce que l'esprit pratique juif, parce que le judaïsme s'est perpétué dans la société chrétienne et y a même reçu son développement le plus élevé. Le Juif, qui se trouve placé comme un membre particulier dans la société bourgeoise, ne fait que figurer de façon spéciale le judaïsme de la société bourgeoise".

         Nous vivons donc bien dans une civilisation "judéo-chrétienne", confirme Marx. Et d'étayer ce constat de maintes considérations précises :

      "Le judaïsme s'est maintenu, non pas malgré l'histoire, mais par l'histoire".

       Voilà certes une thèse qui doit mettre en transe les exégètes de l'histoire du judaïsme. Selon elle, le développement historique ne pouvait que favoriser la survie du judaïsme, non son extinction, ce qui va à rebours de toutes les historiographies héroïques du "Juif errant".

       "C'est du fond de ses propres entrailles que la société bourgeoise engendre sans cesse le Juif".

       "Le Juif", un symbole phantasmé du capitalisme, l'hypothèse est plus crédible qu'
outrageante ou audacieuse. N'a-t-on pas dit la même chose du protestantisme, avec son culte du travail et de la réussite ? Le mode de production le plus prédateur de l'histoire des modes de production constitue le terreau de nombres d'inflorescences qui, tôt ou tard, finissent par prospérer sur cet humus gras. Observez l'exportation du puritanisme anglo-saxon outre-Atlantique, voyez les Quakers, les Mormons, les Evangélistes qui, fondant d'immortelles dynasties de la marchandise et du profit,
obtinrent le Paradis avant la mort terrestre, le Paradis "profane" en quelque sorte, comme aurait pu le faire remarquer Marx, qui n'hésite pas à demander :

      "Quelle était en soi la base de la religion juive ? Le besoin pratique, l'égoïsme.
       Le monothéisme du Juif est donc, en réalité, le polythéisme des besoins multiples, un polythéisme qui fait même des lieux d'aisance un objet de la loi divine. Le
besoin pratique, l'égoïsme est le principe de la société bourgeoise et se manifeste comme tel sous sa forme pure, dès que la société bourgeoise a complètement donné naissance à l'état politique. Le dieu du besoin pratique et de l'égoïsme c'est l'argent".

         Au travers du Judaïsme, c'est la religion en général que Marx le jeune proclame idéologie capitaliste. Le capital fait de tout une marchandise et de tous les rapports humains des rapports marchands ; il prétend s'immiscer jusque dans les techniques de défécation ! Il en va de même pour la religion, aussi bien le Judaïsme que l'Islam et les autres sectes monothéistes mondialisées.
         D'autres notations marxiennes ne sauraient guère donner un seul quelconque petit grain à moudre aux Torqueimadas de l'anti-"anti-sémitisme" :

       "L'argent est le dieu jaloux d'Israël, devant qui nul autre dieu ne doit subsister. L'argent abaisse tous les dieux de l'homme et les change en marchandise. L'argent est la valeur générale et constituée en soi de toutes choses. C'est pour cette raison qu'elle a dépouillé de leur valeur propre le monde entier, le monde des hommes ainsi que la nature. L'argent, c'est l'essence séparée de l'homme, de son travail, de son existence ; et cette essence étrangère le domine et il l'adore".

          Cette assimilation, non pas des Juifs en tant que "Juifs", mais du judaïsme, idéologie religieuse à l'idéologie capitalistique, voilà la charge de la preuve selon les anti-"anti-sémites" anti-marxiens.
       Relisez ligne à ligne, mot par mot, vous ne dénicherez pas plus que le Sous-Lieutenant une once d'"anti-sémitisme" dans la dialectique du jeune Marx. Constatez aussi que l'analyse s'applique aussi bien à toute religion monothéiste sacralisant l'enrichissement et le profit. Il se trouve qu'à l'époque des 25 ans de Marx se posait en Allemagne la question de l'émancipation des Juifs. Il a pris la balle au bond en quelque sorte.

        Terminons ce chapitre par un dernier trait de nature à friser le pelage lissé des bien-pensants :

 
         "Le dieu des Juifs s'est sécularisé et est devenu le dieu mondial. Le change, voilà le vrai dieu du Juif. Son dieu n'est qu'une traite illusoire".

         Le "change", c'est-à-dire la spéculation. Les 3 grandes sectes monothéistes s'y sont attelées. Marx entrevit la mondialisation de la "foi", bien avant qu'un certain écrivain annonce un XXIème siècle "spirituel".

[à suivre]        
      
     
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commentaires

C
<br /> Blog(fermaton.over-blog.com), No-11. - THÉORÈME STE-FOY.  - La survie de l'Humanité.<br />
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D
Petit cadeau si tu ne l'avais pas mon cher lieutenant.<br /> The Israel Project's 2009 Global Language Dictionary<br /> http://www.newsweek.com/id/206021<br /> salut fraterneldécembre
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S
<br /> Merci à toi, décembre.<br /> <br /> <br />
M
Merci Karpov. Ces articles sont passionnants et nous aide, enfin en ce qui me concerne, à mieux cerner la pensée d'un jeune Marx qu'on a trop souvent représenté comme s'il avait toujours été vieux. Et quelle maîtrise, quelle rigueur déjà dans les propos, à 23 ans seulement ! Propos d'ailleurs bienvenus à l’heure où il est tellement aisé pour certains individus de taxer d’antisémite quiconque ose parler des dégâts engendrés par un judaïsme forcené, excluant tout ce qui n’est pas en rapport avec lui-même, généré par lui-même et pour lui-même. La question se pose, qui a exclu qui ? On a cette impression constante que “l’être juif” aujourd’hui nous défie de le considérer comme “être humain” sans avoir pris en compte au préalable son côté martyrisé de l’histoire. Nous sommes donc antisémites, parce que nous avons failli en gageant sur les qualités humaines AVANT de considérer le religieux et son historique. Karl Marx est taxé d'antisémite parce qu'il a eu le malheur d’analyser formidablement par écrit ce qui se révéle être le plus puant dans la réalité, le rapport amoureux existant entre argent/religion et la symbiose parfaite formée par ces deux composantes à l’origine de tant d’avidité et de malveillance exercées par l’homme contre l’homme. Les religions s'accordent toutes sur ce point.Bien à toi.
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S
<br /> La modestie de Karpov rougit d'avoir pu contribuer à défendre les idées marxiennes, non pas face aux critiques, mais contre les détracteurs-falsificateurs de mauvaise "foi".<br /> <br /> Fraternellement<br /> <br /> <br />