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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 09:47


4. LE CAPITALISME EST MORT, VIVE LE CAPITALISME !


     L'idéologie dominante pèse de tout son poids sur la manière de voir, de penser, d'analyser la crise économique. En même temps, elle ne peut empêcher que s'expriment, au sein même de la classe dirigeante, les contradictions les plus flagrantes propulsées à la surface par le krach boursier. Certains journalistes ou "analystes" appointés par la Bourgeoisie n'hésitent pas à "se lâcher", fanfaronnant la "mort du capitalisme" ou de la nécessité de "changer de système".

     Cependant, ces formules spectaculaires tombent - pour l'instant - dans le désert. La société civile ne se débarrassera pas facilement des scories formées par un demi-siècle de pratiques vénales, de négociations entre boutiquiers, de fonctionnement "démocratique" pérennisant la collaboration entre classes antagoniques. Elle ne balancera pas sans raison vitale l'esprit procédurier et platement légaliste instillé par l'aristocratie ouvrière, esprit déjà fortement stipendié par Lenine en son temps. Cette couche de salariés payés un peu mieux que la grande masse de leurs frères de classe a été le ferment de l'opportunisme de gauche, aussi bien dans les partis que dans les syndicats se réclamant du "communisme", du "socialisme" ou du "capitalisme régulé". En résumé, l'aristocratie ouvrière a importé au coeur de la classe salariée l'esprit bourgeois.
     Durant les "30 Glorieuses" et au delà, on a manifesté pacifiquement, on a voté sagement et on a défilé sous les "valeurs républicaines" (liberté, égalité, fraternité), dont Marx notait avec ironie qu'elles étaient inscrites au fronton de toutes les prisons et de tous les tribunaux de France, lieux où s'exercent par excellence la non-liberté, l'inégalité et la concurrence de classe. Durant ces années tant regrettées par les sbires du Capital et leurs pantins télévisuels, on a oublié que le lieu de travail, l'usine, le bureau, la boîte, le poste de travail et le travail lui-même sont des lieux de dressage en plus que d'être des lieux d'exploitation de la force de travail. On a mis sous le boisseau les conditions réelles de la majorité des salariés, enchaînés dans des bagnes, des camps de concentration sophistiqués, des petites entreprises (fort prisées au pays des "droits de l'homme"), véritables geôles du Capital.
     Durant ces périodes de croissance, l'opportunisme de gauche a fermé les yeux sur la condition inhumaine de la majeure partie de la société. Le chômage n'a jamais disparu mais en ces temps prospères, on le considérait non pas comme un facteur permanent quoique variable de l'économie de Marché, mais comme une maladie ou le résultat de la "paresse" et de la "mauvaise volonté". La misère était folklorique, les "clodos" étaient sympas, "poètes", leur vie "de bohème" découlait d'un "choix".

     Ce conditionnement gigantesque de toute la génération des "68-tards" et post-"68-tards" a induit l'aversion généralisée qui s'en est suivie pour la "politique", la démoralisation sociale, l'indifférence soumise à l'égard de la cascade de trahisons sans fin commises par les partis et organisations "de gauche".
     A la gauche de la gauche, c'est une forme d'opportunisme infantile qui s'épanouit, dans l'oubli total ou l'ignorance de l'histoire de la lutte des classes, de près d'un siècle d'affrontements, de batailles rangées et d'insurrections, de défaites sanglantes et de conditionnement. La seule organisation à même de redonner à la classe salariée la conscience de sa propre force et de son but historique, cette organisation a été atomisée par la contre-révolution stalinienne. Les petits-bourgeois immédiatistes qui se parent de radicalisme verbal viennent à la "politique" et au "militantisme" de manière éphémère et superficielle, croyant pouvoir occulter ce qu'il faudra à la classe salariée de volonté impitoyable et de souffrances pour se relever des profondeurs de la contre-révolution. Une fois "déçus" du haut de leur prétention risible à "agir sur l'histoire", ils s'en vont chercher dans d'autres officines de quoi assouvir leur soif d'immédiateté et de "résultats": charity business et tout le tralala de l'alter-mondialisme écolo-équitable.

       En 1934, commémorant l'assassinat de Rosa Luxembourg, Trotski écrit :

     "Quelles forces les masses travailleuses de tous les pays civilisés ou semi-civilisés n'ont-elles pas dépensées, quelle abnégation n'ont-elles pas montrée depuis le début de la guerre mondiale ! On ne peut pas en trouver un seul précédent dans toute l'histoire de l'humanité. Dans cette mesure, Rosa Luxembourg avait parfaitement raison contre les philistins, les caporaux et les imbéciles de la bureaucratie conservatrice qui "couronnés de victoires", continuaient leur petit bonhomme de chemin. Mais c'est justement le gaspillage de ces immenses énergies qui a créé la grande dépression qui s'est produite au sein du prolétariat. Le chemin du mouvement ouvrier est encore encombré par l'amas de ruines des vieilles organisations banqueroutières, des déceptions incessantes, le prolétariat européen...s'est replié sur lui-même".

    
A ce constat lucide on ajoutera aujourd'hui l'individualisme diffusé dans les masses aussi bien par l'idéologie dominante que par les bonzes de l'opportunisme.

[à suivre]
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