(CHRONIQUE ESTIVALE)
COMBAT DE REQUINS DANS UN BASSIN GEANT
Qu'est-ce qui a bien pu pousser l'armée georgienne à bombarder l'enclave ossète ? En agissant ainsi, elle savait pertinemment qu'elle allait réveiller l'ours russe et l'impérialiste qui sommeille en lui depuis les Tsars. Ce qui a valu ces images de soldats russes mal rasés, perchés sur des chars, la Kalachnikov dans une main, la bouteille de vodka dans l'autre, en train de grogner que l'armée russe n'a jamais perdu une seule guerre. Visiblement, les cours d'histoire stalinienne ont repris dans les écoles de Russie.
Quelques "détails" attirent néanmoins l'attention. La Georgie n'aurait jamais décidé de taquiner seule son redoutable voisin. Derrière la provocation se dresse un commanditaire aussi discret qu'un éléphant dans un magasin de cristal d'Arques, l'Empire états-unien, vous l'aviez compris. Depuis la désintégration de l'URSS, les Etats-Unis n'ont de cesse de "ceinturer" leurs rivaux potentiels les plus dangereux, à savoir la Chine et la Russie. Double problématique dans le cas de la Georgie : sécuriser l'acheminement du pétrole du Caucase et inciter les Etats de la région à intégrer l'OTAN.
Le Caucase, ce sont les Balkans de cette partie de l'Asie. On y trouve tous les ingrédients volcaniques d'une future déflagration : du gaz, du pétrole, des Etats mafieux et 2 Empires qui se toisent par "diplomatie internationale" interposée. Pour épicer le tout, des enclaves autonomes agitées et manipulées en sous-main, comme l'Ossétie, l'Abkhazie, etc. Il n'y a plus qu'à pousser les pions sur l'échiquier. Les USA ont ouvert la partie, les Russes ont contré. Sur le terrain, cela signifie des civils massacrés et des centaines de milliers de réfugiés.
Il existe un autre enjeu : la Pologne, allergique à la Russie pour de sérieuses raisons historiques, vient d'accepter sur son territoire l'installation de missiles anti-missiles états-uniens. Le "coup de Cuba" se refait à l'envers. Si l'on se remémore la réaction des USA à l'époque, on saisit mieux l'énervement de l'Etat russe.
Voilà ce que valent les leçons de morale de Mme Rice à l'encontre de ses rivaux. La loi du profit règne sur la planète, l'ONU ne sert à rien, l'Europe est une vieille prostituée et les populations un facteur qui n'entre pas en ligne de compte. Mais cette dernière constatation, cela fait longtemps qu'on l'a faite.