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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 10:48


LA GRANDE ET BELLE GUERRE RACONTEE AUX CHERES TÊTES BLONDES

    Il était une fois en 1914-18 un pays, la France. Ce pays entra en guerre contre l'Allemagne et  réciproquement pour satisfaire aux besoins de profit et de puissance des dirigeants des 2 pays. En résumé, l'Empire français possédait des colonies, l'Empire Allemand n'en avait pas.

     7,8 millions de Français, la plupart paysans entre 16 et 30 ans, furent habillés en soldats et envoyés s'entretuer contre autant de jeunes Allemands. Sur ces 7,8 millions de paysans, 1,5 million partit en lambeaux calcinés de chair humaine, un autre million revint invalide, estropié, infirme à vie, gueule cassée, poumons brûlés, 2 ou 3 membres arrachés, etc.




     L'Allemagne eut pratiquement le double de tués et, en comptant les Russes, les Austro-Hongrois, les Etats-Uniens, les Anglais, les Australiens, etc., on arrive à environ  72 millions de victimes dont 10 millions de civils et 20 millions de blessés. Parmi ces derniers, beaucoup décèdent par la suite d'insurmontables séquelles. Pourquoi une telle gigantesque boucherie ?

     Dès le commencement du XXème siècle, les crises économiques s'entrebriquent avec les tensions internationales. Des régions entières - le Maroc, les Balkans... - sont l'objet de la convoitise d'Empires concurrents.
     Face à face, s'affrontent essentiellement le conglomérat France-Angleterre-Russie contre le trust Allemagne-Autriche. L'Autriche et la Russie se fritent dans les Balkans, notamment en Serbie, Bosnie et Macédoine ; la France et l'Allemagne se disputent le Maroc comme des chiens enragés.
    
     De 1904 jusqu'en 1914, ce ne sont que crises, guerres locales, accords puis violation des accords. Les Empires concurrents ne cessent d'avancer leurs pions sur l'échiquier international jusqu'à ce que ces pions s'entrechoquent et se massacrent, ce qui demeure de tous temps le rôle dévolu aux pions. 

     Pour régler une fois pour toutes et en un coup un seul tous les litiges, il faut que ce beau monde se foute sur la gueule à l'unisson. Cependant, avant que ne s'ouvrent les hostilités, un prétexte est nécessaire, afin que chacun des camps puisse jurer la main sur le coeur : "C'est l'autre qui m'a agressé, moi je ne fais que me défendre".
     Le prétexte tombe le 28 juillet 1914 à Sarajevo. Un Serbo-Croate (ça s'appelait comme ça à l'époque) jette une bombe sous le carosse de l'Archi-Duc d'Autriche, futur Empereur qui finit dans la boîte en sapin. Aussitôt l'Autriche déclare la guerre à la Serbie, sans lui donner le choix de refuser ou de négocier.
    
Alliée des Serbes, la Russie en profita pour déclarer la guerre à l'Autriche. Alors l'Allemagne, alliée de l'Autriche, déclara la guerre à la Russie puis à la France tant qu'on y était, autant fournir le tout nouveau pack-guerre mondiale pour célébrer ce XXème siècle encor adolescent.

     Ce qui est caractéristique dans cette 1ère foire d'empoigne sauvage et inter-nationale, c'est que le profit y trouve son compte vu que lui n'a ni drapeaux ni frontières. Les fabricants d'armes Anglais possèdent des filiales en Allemagne, les industriels Allemands de l'armement en ont en France. L'industrie sidérurgique, permettant notamment la fabrication des canons, est composée de sociétés multinationales, qui produisent aussi bien en Angleterre et en France qu'en Allemagne et en Russie. Ces gens-là ont intérêt à ce que la tuerie soit la plus universelle possible.
     Pour les fabricants et vendeurs d'armes, camions, vêtements, etc. la guerre est une aubaine. Ils utilisent leurs journaux pour exciter les belligérants dans les 2 camps, attiser le patriotisme et les "valeurs nationales", exalter les vertus spécifiques qu'on s'attribue et les vices congénitaux qu'on stigmatise chez "l'ennemi".
     Les instituteurs zélés - ceux qu'on appelait "les hussards noirs de la République" - apprirent aux chères têtes blondes la détestation du co-frontalier en face, traîtreusement camouflé derrière la ligne bleue des Vosges, honni, exécré, diabolisé. L'Allemand devint le "boche", le "fritz", le "uhlan", le "vert-de-gris", il fut encor plus laid, vicieux et satanique, puant, bestial, barbare, inférieur en race et en culture car en ce temps-là, les enseignants étaient de bons pédagogues et des patriotes dévoués. Ils apprirent aux écoliers à chanter tous les matins "La Marseillaise" et à lever le drapeau tricolore dans la cour de récré. Les enfants, vous savez désormais ce qui vous attend en cas de 3ème guerre mondiale, avant de vous faire vitrifier sur les champs de bataille.

     La grande et belle guerre de 14-18 permet des progrès considérables dans l'armement,  l'apparition des avions de chasse, des chars d'assaut, des sous-marins, des lance-flammes et des grenades, de l'artillerie lourde, etc. grâce auxquels on peut tuer beaucoup plus vite beaucoup plus de monde. Les chiffres des victimes cités plus haut attestent des succès techniques d'ingénieurs ingénieux. Le fin du fin demeure sans conteste l'invention des obus à gaz asphyxiant, paralysants ou empoisonnants. La guerre chimique a déjà eu lieu dans la 1ère moitié du XXème siècle. Quels précurseurs, ces glorieux aînés !


GLOIRE A 
LA BOUCHERIE FRANCAISE ET A SES COMMIS DEVOUES! 












1.PETAIN                             

                                                                                                                                                                                                                                                                             
                                                                                                 2.FOCH



   
















3.GALLIENI                                                                                                                                                                                      4.JOFFRE                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    
      
     
     
    
5. NIVELLE


     1. Vous l'avez reconnu bien sûr. En 1914 il n'est que Général.

     2. Foch n'est pas qu'un porte-avions, c'est aussi un Général de la Grande Guerre.

     3. Ce bel homme a donné son patronyme à bien des avenues de notre belle Frânce.

     4. Celui-là, eh bien c'est Joffre, Général de son état, un de plus. C'est un gros fusilleur de soldats...français.

     5. Le Général Nivelle a nivelé par centaines de milliers de cadavres de poilus les champs de bataille du Chemin des Dames.


      Les enfants, vous vous inquiétez de savoir s'il ne se trouva personne pour tenter d'éviter à ces dizaines de millions de garçons à peine plus âgés que vous d'aller à l'abattoir. Eh bien si ! D'Allemagne des voix s'élevèrent contre l'extermination d'une génération. En Russie, l'union des soldats, des ouvriers, des paysans réussit cet exploit unique dans l'histoire de faire cesser les hostilités et transformer la guerre en révolution.

     En Allemagne, il existait bien un parti de gauche très puissant, le Parti Social-Démocrate. Jusqu'à ce qu'éclate la guerre, ses chefs juraient la main sur le coeur que jamais ils n'appelleraient leurs membres et les sympathisants à s'enrôler sous le drapeau germanique, car le socialisme, comme les prolétaires, n'a pas de patrie. Mais quand survint
au Reichstag le vote sur la guerre, ils réagirent tous en patriotes bourgeois et votèrent comme un seul les crédits de guerre, invitant du jour au lendemain les travailleurs à oublier momentanément le socialisme et, en attendant, à se faire tuer pour la "patrie", la "fierté germanique", la "liberté" et autres valeurs "nationales-socialistes." C'est depuis ce tragique revirement qu'on les appelle à juste titre social-traîtres.
     Dans cet énorme Parti Social-Démocrate, devenu une organisation aspirant à gouverner, il existe néanmoins une aile révolutionnaire, les Spartakistes, dont les leaders s'appellent Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht.
     "Rosa-la-Rouge" comme on la surnommait, était une enseignante d'origine polonaise. Karl Liebknecht était le fils de Wilhelm, vénérable fondateur du Parti S-D allemand (il a lutté aux côtés de Friedrich Engels). Tous 2 vont s'opposer au cours de guerre, contre les consignes de leur propre Parti. Ca leur coûtera très cher. En ces temps d'affrontements inter-nationaux, toute opposition est considérée comme relevant de la haute trahison mais ces 2-là ont une telle stature auprès des travailleurs que le régime n'ose pas les fusiller et il se contente de les foutre en taule.
     Cependant, voilà qu'
en Allemagne éclate une révolution inspirée par l'exemple Russe. Rosa et Karl sont libérés. La vengeance du Parti S-D - dont ils sont exclus à la fin de la guerre - ne tardera pas : consécutive à la défaite militaire, une atmosphère insurrectionnelle règne sur le pays. N'écoutant que son devoir réformiste, le Parti S-D propose noblement de sauver les meubles de la classe dirigeante et se porte au gouvernement, sous la férule du chancelier Social-Démocrate Scheidemann. Celui-ci nomme le "camarade" Gustav Noske ministre et le charge de réprimer la révolution grondant un peu partout. Noske crée les Freikorps, les corps-francs, ancêtres des Sections d'Assaut et des Sections Spéciales qui feront les beaux jours du petit moustachu à frange. Les Freikorps mettent la main sur Karl Liebknecht et le flinguent le 15 janvier 1919, le même jour que Rosa Luxemburg, fracassée à coups de crosse puis balancée dans un canal. La Révolution Allemande perd 2 de ses leaders charismatiques. Elle ne s'en relèvera pas.

     N'oubliez jamais, les enfants : en tout "socialiste", il y a un national-socialiste qui sommeille.





    













                (Karl Liebknecht)                                                                            (Rosa-la-Rouge)

    
     Et la Russie ? Quand elle entre en guerre à l'été 1914, c'est toujours derrière un Tsar, l'avorton barbu Nicolas II. Tant que l'armée avance et que les victoires sont faciles, tout va à peu près bien. Mais bientôt l'armée allemande prend le dessus sur son adversaire. Les soldats Russes commencent à en avoir marre de s'entretuer avec leurs frères de classe germaniques, ils en ont ras la chapka (pour ceux qui ont la chance d'en avoir une posée sur le crâne) des estropiés et des morts, du froid, de la vermine, des membres gelés, de la boue mélangée aux cervelles et aux viscères humains. En plus, ils sont gagnés aux idées révolutionnaires par l'efficace propagande du Parti Bolchevik, dont un des dirigeants, Vladimir Illitch Oulianov dit "Lenine" lance le slogan contre la guerre par la Révolution. Le programme du Parti Bolchevik tient en 3 points : la paix, le pain, la terre. Les 3 seront tenus.
     




    









      




    









       La Révolution éclate en février 1917. Petrograd, capitale de toutes les Russies, tombe aux mains des soldats et des ouvriers. Le petit Nicolas enlève
des régiments du front et les envoie réprimer l'insurrection. En cours de marche, les troupes d'élite passent avec armes et bagages du côté des insurgés. Nicolas II abdique, mettant fin à une des plus anciennes et sanglantes monarchies. Sur le front, les soldats retournent les armes contre les officiers qui jusqu'alors, lançaient leurs ordres du haut de canassons bien peignés et regardaient nonchalamment la troupe se faire exterminer. La guerre est stoppée par la Révolution naissante, qui connaîtra son point d'orgue en Octobre 1917 (novembre en fait).

     Les enfants, vous savez ce qui vous reste à faire si d'aventure une 3ème guerre mondiale vous tombait sur le rable. Ecoutez bien ce que répète à l'envie notre "petit Nicolas" à nous, et prenez-le au mot, respectez le devoir mémoriel de ceux qui se sont battus contre l'ignominie  guerrière et le patriotisme meurtrier.


                                                   
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commentaires

S
Salut fraternel. 
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S
<br /> Et réciproquement.<br /> <br /> <br />
S
On l'a surnommée "la der des der" en un sens on peut dire que c'était prémonitoire car n'a-t-elle jamais cessé depuis, cette guerre? Ce premier pas dans la mondialisation qui a troué la surface de l'histoire en août 1914 n'a pas fini de propager ses ondes et bien que plus personne parmi nous n'ait connu la vie d'avant 14, nous savons de science certaine que rien, ni la sensibilité, ni les idées, ni les repères, ni les moeurs, ni les techniques, ni les arts n'y était tout à fait semblable à ce avec quoi nous vivons. Un changement radical et irréversible s'est bien produit entre 1914 et 1918. La der des der, parce qu'elle n'a jamais pris fin; son véritable motif étant essentiellement lié à un mode économique.  
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S
<br /> <br /> Cette terrible 1ère guerre "globale" a fait passer le monde par le fer et le feu du XIXème au XXème siècle. Un doc' remarquable est récemment passé sur la 2, des images d'époque dont<br /> certaines avaient été colorisées, donnant aux gens filmés une fascinante proximité. Les images prises "à l'arrière" montrent encor un pays rural ayant peu changé depuis la Révolution française.<br /> C'est la guerre qui amène la "modernité" : les soldats français, au début, ont les mêmes tenues qu'en 1870 contre la Prusse, notamment des pantalons rouges hyper-voyants et cibles des snipers.<br /> Par la force des choses, la tenue évolue au fil des sanglantes batailles, se fait plus "fonctionnelle", sans parler de l'apparition des chars d'assaut et du reste...<br /> <br /> La cause des guerres contemporaines, c'est le profit. De TOUTES les guerres contemporaines.<br /> <br /> <br /> <br />
Y
Une excellente leçon d’histoire par le non moins excellent Sous-Lieutenant Karpov.Merci camarade.
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S
<br /> Salut fraternel Yacedjaz. Le Sous-Lieutenant ne va plus pouvoir enfiler ses chaussures.<br /> <br /> <br />
Y
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