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31 mars 2008 1 31 /03 /mars /2008 13:18

ANARCHISTES ET BOLCHEVIKS

IV

        A la vision différente des deux courants révolutionnaires antagoniques répond une vue différente sur la société future.

     L'anarchisme reflète la réaction de l'homme du XIXème siècle qui, entrevoyant le mirage de la "liberté", ressent d'autant plus durement les injustices de la vie sociale qu'il impute à l'Etat. Se détournant, recroquevillé sur lui-même, il prêche la liberté sans limites préconisée par Mikhaïl Bakounine.

    

    
        Les anarchistes espagnols qui participent à la IIIème Internationale à Moscou affirment qu'une fois le pouvoir conquis, il faut s'approprier toutes les richesses et les distribuer équitablement, obtenant de cette manière plus de liberté, plus de justice, plus de bien-être. Certains d'entre eux admettent que le nouveau pouvoir devra se défendre contre toutes sortes d'ennemis au nom de la liberté, sans préciser comment cette défense pourra être assurée sans une forme provisoire d'Etat.
   


(L'anarcho-syndicaliste espagnol Angel Pestaña, délégué à la IIIème Internationale Communiste)


     Les marxistes ont, quant à eux, une conception relative de la liberté et de l'autorité. Dans la société bourgeoise qu'est-ce que la liberté ? D'un côté la liberté de la concurrence qui écrase les plus faibles, de l'autre la liberté et la défense de la propriété privée qui garantit l'indépendance des possédants et la réduction des non-possédants à l'état d'esclaves du salariat. Selon le marxisme, tant que l'Etat, qu'il soit bourgeois ou prolétarien est nécessaire, la liberté ne peut exister. En outre, "liberté", "égalité" sont des abstractions que le mode de production capitaliste ne peut réaliser (même s'il prétend le faire).

    
(la CNT - Confederaciòn Nacional del Trabajo - était un syndicat anarchiste prônant le communisme libertaire)

    
     Nous avons vu que les principales différences entre les deux mouvements gravitent autour de l'Etat. De la conception de l'Etat découlent celles de centralisme, d'autorité, de liberté. Bien que le but commun soit l'abolition de l'Etat, le fossé exista dès le début et ne fit que se creuser. Friedrich Engels tranchait de la sorte :

      "L'idée de l'abolition de l'Etat est, chez les anarchistes, confuse et non révolutionnaire" (De l'autorité).

    


    
        Cette question centrale en pose d'autres. Tactique et méthode révolutionnaires divergent aussi, entraînant un rejet mutuel.
      Au cours de la première Internationale à Londres, sous l'égide de Marx et Engels, éclate un litige entre communistes et bakounistes. Ces derniers sont expulsés en 1872. Ils fonderont une Internationale dissidente qui perdurera jusqu'en 1877.
     De leur côté, les anarchistes espagnols se constituèrent en section de l'Association Internationale des Travailleurs (la première Internationale) en 1881.
     Les marxistes intègrent la IIème Internationale (1889-1923), qui deviendra célèbre pour les positions patriotiques de sa principale composante, la social-démocratie allemande. C'est ce qui provoquera la sortie des mêmes marxistes, confortés par le triomphe de la Révolution d'Octobre 1917.





[Tina LOBA]



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