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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 09:56


L'IMPERIALISME, STADE SUPRÊME DU CAPITALISME

undefined(Au stade impérialiste, la crise du système devient chronique ; seul un nettoyage radical guérira l'humanité de ce fléau)

    
     Le krach boursier récent s'est transformé en une énième crise économique mondiale. La prospérité capitaliste - fondée sur la sueur et le sang des salariés - étant mise à mal, à nouveau s'agitent comme des papillons de nuit devant l'ampoule électrique les myriades de "spécialistes" économistes, politologues démagogues et autres consultants débilitants débitant des tonnes de débilités. La classe dirigeante mondiale, constituée par autant de bourgeoisies nationales concurrentes économiquement et solidaires politiquement, déchante. Les prévisions de "croissance" (= accumulation élargie de capital = exploitation accrue des "ressources humaines") sont revues à la baisse ; le spectre de la "croissance zéro" hante à nouveau les places financières.
     Comment le système économique mondial peut-il se sortir de cette nouvelle crise ? Dans l'immédiat, il aura recours aux Banques centrales qui, pour éponger les dettes du privé, effectueront l'habituelle ponction sur les salariés. Les dirigeants soi-disant "néo-libéraux" ne le sont que dans la mesure où les profits augmentent et le capital s'accumule. Que surgisse l'iceberg d'une crise mondiale et c'est "tout le monde sur le pont!" On en appelle au secours de l'Etat qui, de frein à la croissance et taxateur abusif,  devient l'ultime bouée de sauvetage avant le gros bouillon.
     D'anciens patrons du FMI, de la Banque Mondiale ou de tout autre organisme philanthropique du même acabit y vont de leur petit commentaire, de leur petite analyse du moment ou de leur petit opuscule. Ils oublient vite ce dont hier ils se lamentaient, à savoir que ce sont les "entraves" étatico-bureaucratiques à la libre circulation du capital qui provoquent les crises. Et de ronchonner après "l'incompétence" des ministres et des "fonctionnaires" qui volent les stock-options dans l'attaché-case du malheureux PDG.
        Ces gens-là sont les fruits gâtés du Marché mondial. Ils ne vont certes pas aller rechercher la cause réelle des crises périodique du système. Ils ne vont pas expliquer aux "petits porteurs" ruinés que ce ne sont pas les Etats nationaux qui provoquent les crises mais la contradiction fondamentale entre les forces productives que le capital a développées et les rapports de production capitalistes fondés sur l'appropriation privée du produit du travail. Ils ne vont pas mettre en perspective toute l'histoire de l'accumulation capitaliste afin que chacun puisse constater simplement que ce n'est qu'une succession de crises périodiques, de guerre économique permanente entre 2 guerres "cinétiques". S'ils faisaient cela, ils se renieraient eux-mêmes.
       Force restera donc à l'impérialisme mondial. Pour le moment historique. Car chaque enfièvrement ne fait que rapprocher le monde de l'affrontement inéluctable entre les 2 classes fondamentales de la société, affrontement dont l'issue résoudra la question vitale pour l'avenir de l'humanité :

     afin de s'arracher du cycle infernal de la croissance, de l'accumulation, de l'élargissement et des crises du mode de production, 3ème guerre ou révolution mondiale?
    


CHAPITRE X : LA PLACE DE L'IMPERIALISME DANS L'HISTOIRE

    
     "Nous avons vu que, par son essence économique, l'impérialisme est le capitalisme monopoliste. Cela seul suffit à définir la place de l'impérialisme dans l'histoire, car le monopole, qui naît sur le terrain et à partir de la libre concurrence, marque la transition du régime capitaliste à un ordre économique et social supérieur. Il faut noter plus spécialement quatre espèces principales de monopoles ou manifestations essentielles du capitalisme monopoliste, caractéristiques de l'époque que nous étudions.

     Premièrement, le monopole est né de la concentration de la production, parvenue à un très haut degré de développement. Ce sont les groupements monopolistes de capitalistes, les cartels, les syndicats patronaux, les trusts.
(...) Au début du XXème siècle, ils ont acquis une suprématie totale dans les pays avancés...
    
     Deuxièmement, les monopoles ont entraîné une mainmise accrue sur les principales sources de matières premières... Le monopole des principales sources de matières premières a énormément accru le pouvoir du grand capital et aggravé la contradiction entre l'industrie cartellisée et l'industrie non cartellisée.


     Troisièmement, le monopole est issu des banques. Autrefois modestes intermédiaires, elles détiennent aujourd'hui le monopole du capital financier. Trois à cinq grosses banques, dans n'importe lequel des pays capitalistes les plus avancés, ont réalisé l'"union personnelle" du capital industriel et du capital bancaire, et concentré entre leurs mains des milliards et des milliards représentant la plus grande partie des capitaux et des revenus en argent de tout le pays. Une oligarchie financière qui enveloppe d'un réseau serré de rapports de dépendance toutes les institutions économiques et politiques sans exception de la société bourgeoise d'aujourd'hui : telle est la manifestation la plus éclatante de ce monopole.

     Quatrièmement, le monopole est issu de la politique coloniale. Aux nombreux "anciens" mobiles de la politique coloniale le capital financier a ajouté la lutte pour les sources de matières premières, pour l'exportation des capitaux, pour les "zones d'influence", - c'est-à-dire pour les zones de transactions avantageuses, de concessions, de profits de monopole, etc., - et, enfin, pour le territoire économique en général".

     "Tout le monde sait combien le capitalisme monopoliste a aggravé toutes les contradictions du capitalisme. Il suffit de rappeler la vie chère et le despotisme des cartels. Cette aggravation des contradictions est la plus puissante force motrice de la période historique de transition qui fut inaugurée par la victoire définitive du capital financier mondial.

     Monopoles, oligarchie, tendances à la domination au lieu des tendances à la liberté, exploitation d'un nombre toujours croissant de nations petites ou faibles par une poignée de nations extrêmement riches ou puissantes : tout cela a donné naissance aux traits distinctifs de l'impérialisme qui le font caractériser comme un capitalisme parasitaire ou pourrissant. C'est avec un relief sans cesse accru que se manifeste l'une des tendances de l'impérialisme : la création d'un "Etat-rentier", d'un Etat-usurier, dont la bourgeoisie vit de plus en plus de l'exportation de ses capitaux et de la "tonte des coupons". Mais ce serait une erreur de croire que cette tendance à la putréfaction exclut la croissance rapide du capitalisme ; non, telles branches d'industrie, telles couches de la bourgeoisie, tels pays manifestent à l'époque de l'impérialisme, avec une force plus ou moins grande, tantôt l'une tantôt l'autre de ces tendances. Dans l'ensemble, le capitalisme se développe infiniment plus vite qu'auparavant, mais ce développement devient généralement plus inégal, l'inégalité de développement se manifestant en particulier par la putréfaction des pays les plus riches en capital
". [voir les Etats-Unis aujourd'hui]

     "...à l'époque de l'impérialisme, les plus grandes différences politiques sont extrêmement atténuées, non point qu'elles soient insignifiantes en général, mais parce que, dans tous ces cas, il s'agit d'une bourgeoisie ayant des traits parasitaires nettement affirmés.

     Les profits élevés que tirent du monopole les capitalistes d'une branche d'industrie parmi beaucoup d'autres, d'un pays parmi beaucoup d'autres, etc., leur donnent la possibilité économique de corrompre certaines couches d'ouvriers, et même momentanément une minorité ouvrière assez importante, en les gagnant à la cause de la bourgeoisie de la branche d'industrie ou de la nation considérées et en les dressant contre toutes les autres. Et l'antagonisme accru des nations impérialistes aux prises pour le partage du monde renforce cette tendance. Ainsi se crée la liaison de l'impérialisme avec l'opportunisme...
(...) ...la rapidité particulière et le caractère particulièrement odieux du développement de l'opportunisme ne sont nullement une garantie de sa victoire durable, de même que le prompt développement d'une tumeur maligne dans un organisme sain ne peut qu'accélérer la maturation et l'élimination de l'abcès et la guérison de l'organisme".

     "De tout ce qui a été dit plus haut sur la nature économique de l'impérialisme, il ressort qu'on doit le caractériser comme un capitalisme de transition ou, plus exactement, comme un capitalisme agonisant. Il est extrêmement instructif, à cet égard, de constater que les économistes bourgeois, en décrivant le capitalisme moderne, emploient fréquemment des termes tels que : "entrelacement", "absence d'isolement", etc. ; les banques sont "des entreprises qui, par leurs tâches et leur développement, n'ont pas un caractère économique strictement privé et échappent de plus en plus à la sphère de la réglementation économique strictement privée".

     "Quand une grosse entreprise devient une entreprise géante et qu'elle organise méthodiquement, en tenant un compte exact d'une foule de renseignements, l'acheminement des deux tiers ou des trois quarts des matières premières de base nécessaires à des dizaines de millions d'hommes; quand elle organise systématiquement le transport de ces matières premières jusqu'aux lieux de production les mieux appropriés, qui se trouvent parfois à des centaines et des milliers de verstes [une verste = 1 km] ; quand un centre unique a la haute main sur toutes les phases successives du traitement des matières premières, jusque et y compris la fabrication de toute une série de variétés de produits finis ; quand la répartition de ces produits se fait d'après un plan unique parmi des dizaines et des centaines de millions de consommateurs, ... alors, il devient évident que nous sommes en présence d'une socialisation de la production ... et que les rapports relevant de l'économie privée et de la propriété privée forment une enveloppe qui est sans commune mesure avec son contenu, qui doit nécessairement entrer en putréfaction si l'on cherche à en retarder artificiellement l'élimination, qui peut continuer à pourrir pendant un laps de temps relativement long (dans le pire des cas, si l'abcès opportuniste tarde à percer), mais qui n'en sera pas moins inéluctablement éliminée".

 


[V. LENINE, L'impérialisme, stade suprême du capitalisme]

[Ecrit de janvier à juin 1916 ; publié pour la première fois en avril 1917 à Pétrograd]
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