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4 décembre 2007 2 04 /12 /décembre /2007 16:35


THE EMPIRE ALWAYS STRIKES BACK

Lenine-balaie-copie-1.jpg("Tovaritch Liéninn atchichtchaïett ziemliou ott niétchisti.")

     On en est au IIIème millénaire et le système économique atteint des degrés de centralisation et de concentration inimaginables à l'époque où Vladimir Illitch Oulianov écrivait "L'impérialisme..." (1916). Et pourtant, tout était déjà en place, imposant au regard du leader bolchevik la constitution chaotique de blocs à la taille phénoménale et aux intérêts concurrents. De tous temps cette tectonique multi-nationale a été organisée tant bien que mal par les Etats. Les présidents républicains se font les VRP-patriotes de leur  propre économie. La "diplomatie internationale" consiste essentiellement à fourguer par-ci par-là des technologies, des usines, des centrales d'énergie, des armes...
    
     La guerre est à tous les étages : guerre économique entre méga-sociétés concurrentes, entre Etats, entre capitalistes sur un même "coeur de cible" (composé de millions de gens). Naturellement, c'est entre Etats que l'affrontement atteint des degrés cataclysmiques, car en dernier ressort, la guerre constitue une issue vitale pour le système en crise. La vie de centaines de millions de salariés dépend de cette lutte sans règles autres qu'un darwinisme social impitoyable appliqué sur une échelle sans précédent. C'est toujours le même chant de lutte inexorable : la grande masse des salariés
plie sous le joug, au service de l'extraction de plue-value et pour la "nation", la raie-publique, l'entreprise ou la "démocratie". Sur le grand marché planétaire de la prédation, une himalayesque accumulation de marchandises fabriquées avec la souffrance des travailleurs fait empocher à la classe capitaliste hyper-minoritaire des surprofits galactiques.   

      Dans le second chapitre de sa brochure, Lenine s'arrête sur une des caractéristiques de l'impérialisme : la sphère du capital financier. Celle-ci tient désormais un rôle prépondérant, au détriment des autres sphères, notamment l'industrie. Dans ce cadre, Illitch Oulianov commence son analyse par les banques.


"II. LES BANQUES ET LEUR NOUVEAU RÔLE". [extraits]

     "La fonction essentielle et initiale des banques est de servir d'intermédiaire dans les paiements. Ce faisant, elles transforment le capital-argent inactif en capital actif, c'est-à-dire générateur de profit, et, réunissant les divers revenus en espèces, elles les mettent à la disposition de la classe des capitalistes.

     Au fur et à mesure que les banques se développent et se concentrent dans un petit nombre d'établissements, elles cessent d'être de modestes intermédiaires pour devenir de tout-puissants monopoles disposant de la presque totalité du capital-argent de l'ensemble des capitalistes et des petits patrons, ainsi que de la plupart des moyens de production et de sources de matières premières d'un pays donné, ou de toute une série de pays. Cette transformation d'une masse d'intermédiaires modestes en une poignée de monopolistes constitue un des processus essentiels de la transformation du capitalisme en impérialisme capitaliste. Aussi nous faut-il nous arrêter tout d'abord sur la concentration des banques".

     "Les petites banques sont refoulées par les grandes... ...transformation de toute une série de petites banques en de véritables filiales des grandes...

     ...c'est là une des caractéristiques les plus importantes de la concentration capitaliste moderne. Les grandes entreprises, les banques surtout, n'absorbent pas seulement les petites, elles se les "rattachent" et se les subordonnent, elles les incorporent dans "leur" groupement, dans leur "consortium", pour emprunter le terme technique, par la "participation" à leur capital, par l'achat ou l'échange d'actions, par le système des crédits, etc."

     "Il est évident qu'une banque placée à la tête d'un [grand] groupe et passant des accords avec une demi-douzaine d'autres banques, quelque peu inférieures, pour des opérations financières particulièrement importantes et lucratives, telles que les emprunts d'Etat, a dépassé le rôle d'"intermédiaire" et est devenue l'union d'une poignée de monopolistes."

     "...la concentration des capitaux et l'accroissement des opérations bancaires modifient radicalement le rôle joué par les banques. Les capitalistes épars finissent par ne former qu'un seul capitaliste collectif. En tenant le compte courant de plusieurs capitalistes, la banque semble ne se livrer qu'à des opérations purement techniques, uniquement subsidiaires. Mais quand ces opérations prennent une extension formidable, il en résulte qu'une poignée de monopolistes se subordonne les opérations commerciales et industrielles de la société capitaliste tout entière ; elle peut, grâce aux liaisons bancaires, grâce aux comptes courants et à d'autres opérations financières, connaître tout d'abord exactement la situation de tels ou tels capitalistes, puis les contrôler, agir sur eux en élargissant ou en restreignant, en facilitant ou en entravant le crédit, et enfin déterminer entièrement leur sort, déterminer les revenus de leurs entreprises, les priver de capitaux, ou leur permettre d'accroître rapidement les leurs dans d'énormes proportions, etc."

     "...la science bourgeoise ne se distingue que par une moindre sincérité et une tendance à voiler le fond des choses, à masquer la forêt par des arbres. "S'étonner" des conséquences de la concentration, "s'en prendre" au[x] gouvernements ... ou à la "société" capitaliste ..., (...) n'est-ce pas de l'impuissance ?"

     "En tout état de cause, dans tous les pays capitalistes, et quelle que soit leur législation bancaire, les banques renforcent et accélèrent considérablement le processus de concentration des capitaux et de formation des monopoles.

     "
Les banques créent, à l'échelle sociale, la forme, mais seulement la forme, d'une comptabilité et d'une répartition générales des moyens de production", écrivait Marx il y a un demi-siècle, dans "le Capital". ... "comptabilité générale" de la classe tout entière des capitalistes et même pas seulement des capitalistes, car les banques réunissent, au moins pour un temps, toutes sortes de revenus en argent provenant de petits patrons, d'employés et de la mince couche supérieure des ouvriers. La "répartition générale des moyens de production", voilà ce qui résulte d'un point de vue tout formel du développement des banques modernes... Mais quant au contenu, cette répartition des moyens de production n'a rien de "général"; elle est privée, c'est-à-dire conforme aux intérêts du grand capital - et au premier chef du plus grand capital, du capital monopoliste - qui opère dans des conditions telles que la masse de la population peut à peine subvenir à ses besoins..."

     "...d'un côté, ce sont en définitive toujours les mêmes magnats du capital bancaire qui disposent en fait des milliards confiés aux caisses d'épargne et, d'un autre côté, le monopole d'Etat en société capitaliste n'est qu'un moyen d'accroître et d'assurer les revenus des millionnaires près de faire faillite dans telle ou telle industrie". [aujourd'hui, un ministre, un PDG ou un chef d'entreprise "nationalisée", même en cas de faillite probante, aura toujours droit à un poste ou une promotion, un "golden parachute" ou un régime de retraite très "spécial"]

     "Les quelques banques qui, grâce au processus de concentration, restent à la tête de toute l'économie capitaliste, ont naturellement une tendance de plus en plus marquée à des accords de monopoles à un trust des banques".

     "Encore une fois, le dernier mot du développement des banques, c'est le monopole. [on a abouti à une "banque centrale" pour chaque pays, puis à la Banque Mondiale et au FMI]

     Quant à la liaison étroite qui existe entre les banques et l'industrie, c'est dans ce domaine que se manifeste peut-être avec le plus d'évidence le nouveau rôle des banques. 
(...) ...si [les] opérations se multiplient et s'instaurent régulièrement, si la banque "réunit" entre ses mains d'énormes capitaux, si la tenue des comptes courants d'une entreprise permet à la banque - et c'est ce qui arrive - de connaître avec toujours plus d'ampleur et de précision la situation économique du client, il en résulte une dépendance de plus en plus complète du capitaliste industriel à l'égard de la banque.

     En même temps se développe, pour ainsi dire, l'union personnelle des banques et des grosses entreprises industrielles et commerciales, la fusion des unes et des autres par l'acquisition d'actions, par l'entrée des directeurs de banque dans les conseils de surveillance (ou d'administration) des entreprises industrielles et commerciales, et inversement." [le ballet tragi-comique incessant des OPA, "fusions-acquisitions", etc.]

     "L'"union personnelle" des banques et de l'industrie est complétée par l'"union personnelle" des unes et des autres avec le gouvernement. L'élaboration et, pour ainsi dire, la mise au point des grands monopoles capitalistes se poursuivent donc à toute vapeur, par tous les moyens "naturels" et "surnaturels". Il en résulte une division systématique du travail entre quelques centaines de rois de la finance de la société capitaliste moderne..." [les gouvernements successifs, qu'ils soient "de gauche", "de droite" ou du milieu, ne font que mettre en cuisine de nouveaux commis pour faire la même tambouille]

     "...d'une part, fusion de plus en plus complète ou, suivant l'heureuse formule de N. Boukharine, une interpénétration du capital bancaire et du capital industriel, et, d'autre part, la transformation des banques en établissements présentant au sens le plus exact du terme un "caractère universel"."

     "On entend assez souvent les milieux industriels et commerciaux se plaindre du "terrorisme" des banques.
    
(...) A la vérité, nous retrouvons là les doléances du petit capital opprimé par le gros, seulement cette fois c'est tout un syndicat qui est tombé dans la catégorie des "petits" ! La vieille lutte du petit et du gros capital recommence, mais à un degré de développement nouveau, infiniment supérieur. Il est évident que disposant de milliards, les grandes banques sont capables de hâter aussi le progrès technique par des moyens qui ne sauraient en aucune façon être comparés à ceux d'autrefois. Les banques fondent, par exemple, des sociétés spéciales d'études techniques dont les travaux ne profitent, bien entendu, qu'aux entreprises industrielles "amies"".

     "Les dirigeants des grandes banques eux-mêmes ne peuvent pas ne pas voir que des conditions nouvelles sont en train de se former dans l'économie nationale, mais ils sont impuissants devant elles..."

     "L'ancien capitalisme a fait son temps. Le nouveau constitue une transition. La recherche de "principes fermes et d'un but concret" en vue de "concilier" le monopole et la libre concurrence est, de toute évidence, une tentative vouée à l'échec."

     "Ainsi, le XXème siècle marque le tournant où l'ancien capitalisme fait place au nouveau, où la domination du capital financier se substitue à la domination du capital en général."

(à suivre)
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