Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 juillet 2007 5 06 /07 /juillet /2007 11:33
PLEURE Ô PALESTINE

DECOUPAGES BARBELES EN FAMILLE

VII

     Il existe une règle incontournable dans l'honorable société impérialiste : un Etat n'est validé par les Parrains que tant qu'il est capable de maintenir l'ordre chez lui. S'il n'y parvient plus, les familles se réunissent et décident de s'en débarrasser, d'une façon ou d'une autre : changer l'équipe en place, ruiner le pays ou lui faire carrément la guerre.

     Dans la question israëlo-palestinienne, les 2 belligérants ne sont qu'une composante de stratégies plus globales.
       Lorsque furent créés les Royaumes Arabes (après la 1ère guerre mondiale), il fut d'abord question de leur donner à tous un Sherif arabe, moyennant le soutien des notables de la région. Il aurait existé un vaste pays édifié sur la dépouille de l'Empire ottoman. Mais cela ne fonctionna pas : constatant qu'ils étaient réduits au rôle de simples exécutants, les Arabes se rebiffèrent. (Le film "Lawrence d'Arabie" ne parle pas d'autre chose).
      
lawrence-04.jpg



          La rébellion fut circonscrite (càd réprimée) par les Français, pour une fois de concert avec leurs éternels rivaux Britanniques. Pensez, les Arabes voulaient proclamer pour leur propre compte un Royaume qui serait allé de Damas à Ryad, soit la Syrie, l'Irak, la Trans-Jordanie et l'Arabie Saoudite de l'époque. Halte-là ! Ca ne marche pas comme ça dans la "Famille".

        
En lieu et place d'un Royaume arabe unique, on créa  des "protectorats". Le but affiché était évidemment d'empêcher que ne se constitue sur les ruines de l'ancien grande Turquie une force capable de négocier avec les prédateurs occidentaux les formidables richesses de la région.
        Alors on divise, on morcelle, on découpe en "émirats" non représentatifs des populations, en pays les plus petits possibles, de manière à pouvoir imposer un rapport de force au moment du "partage" (si l'on peut dire, pillage conviendrait mieux) de la grosse galette de pétrole. On crée le Liban ex nihilo, la Trans-Jordanie ET la Jordanie, l'Irak et les différents émirats. On saupoudre de divisions claniques et religieuses : "qu'ils se disputent entre eux, ils ne nous chercheront pas des crosses", tel est le raisonnement impérialiste occidental. A travers les familles "royales", on oppose 2 grands clans : au Nord et au Sud de l'Arabie, les familles Saoudiennes, avec un système religieux ultra-intégriste (le wahhabisme) ; les autres sherifs de La Mecque deviennent rois de Syrie, de Jordanie et d'Irak. Ils appartiennent à une même famille, mais chacun est sous l'influence d'une puissance étrangère différente et eux sont plus tolérants, plus ouverts du point de vue religieux. Ils sont sunnites et acceptent indifféremment les chiites, les chrétiens, les juifs, etc.

      LA GUERRE PERMANENTE

     Faisons le point : depuis 1917, le Moyen-Orient est une zone serrée de près par l'impérialisme. Il n'a pas hésité à initier une guerre qui perdure toujours et n'est pas prête de se terminer, contrairement à ce qu'affirment à intervalles réguliers les différents protagonistes du conflit.
           Actuellement, nous n'avons pas seulement "l'affrontement" USA / Irak, mais également une rivalité France et Allemagne avec Grande-Bretagne et Etats-Unis. Les vues des Empires développés sur les richesses naturelles de la région sont plus que jamais d'actualité.
          
            Dans ce cadre redoutable, quel problème pose la Palestine ?
        On a cru pouvoir se débarrasser facilement des populations qui vivaient là, en amadouant une frange "dirigeante" triée sur le volet. Peine perdue. Le problème s'est dédoublé : des Palestiniens sont restés sur place, dans le nouveau pays créé à toute force pour les Juifs ou dans les territoires occupés ; d'autres, expulsés par la soldatesque sont allés croupir leur désespoir dans des camps de réfugiés disséminés dans tout le monde Arabe.
          
          camp-palestinien.jpg




         La question palestinienne a ainsi fait tache d'huile, se répandant dans les régions limitrophes d'Israël. En outre, cela accéléra aussi l'exode des Juifs qui vivaient dans des pays musulmans. Prenons l'exemple de l'Egypte : en 1956, celle-ci promulgue des décrets d'expulsion contre les agresseurs Anglais et Français. Or, il se trouve que la plupart des Juifs installés en Egypte étaient justement soit français, soit britanniques. Ils furent donc expulsés manu militari en tant que tels mais évidemment, Israël ne se priva pas de dénoncer des mesures "anti-juives".
             Autre chose : le très actif Mossad (les services secrets israëliens) commit nombre de méfaits en Egypte, en Syrie et en Irak, par exemple des attentats "anti-sémites" montés de toutes pièces. Cela poussa les Juifs qui vivaient encor dans ces pays à plier bagages. Et pour se réfugier où ? Nullement sur la "Terre Promise", mais essentiellement dans les pays de l'Est, en France et en Angleterre puis progressivement et de plus en plus aux Etats-Unis.
           Israël connut de sérieux problèmes de peuplement. Le pays n'attirait guère. De par sa nature, l'Etat israëlien n'a jamais pu vivre en paix et l'idéologie sioniste a toujours eu besoin, pour prospérer et se justifier, d'un anti-sémitisme "fort".
           Donc les guerres se suivent et se ressemblent. Celle de 1956 se déclenche en réaction à la pression anglo-française. Les Britanniques notamment veulent obliger Nasser à reporter la nationalisation du Canal de Suez aux calendes égyptiennes. Côté israëlien, on l'a vu, il y a essouflement de l'immigration (et même reflux de population) et il s'agit de démontrer, en maintenant la tension en permanence, la viabilité de l'Etat d'Israël (Hannah Arendt disait qu'on ne peut vivre sans être victime et le sionisme use et abuse de la victimisation, permanente justification des milliers de Palestiniens tués).

   (à suivre)


crise-de-Suez.jpg
(1956 : la crise de Suez)
Partager cet article
Repost0

commentaires

J
ok pour ta réponse; j'entends bien ce que tu dis concernant les menées "foireuses" de Finkelkraut; ainsi précisé, bien sûr que je suis d'accord.fraternellement
Répondre
J
Tu écris qu'Israël justifie son existence en hurlant à l'antisémitisme. C'est juste (et l'Iran l'aide bien en ce moment: les barbus se font les alliés objectifs des sionistes en faisant monter la presion), puis tu parles de victimisation, propos allant dans le même sens.Tu dis aussi: anti-sionisme (Israël hurleà l'anti-sionisme pour justifier son existence). C'est juste aussi.Seul bémol tu passes de l'un à l'autre terme sans distinction; il serait peut être judicieux de bien distinguer les 2 concepts -même si Israël use et abuse des 2 pour se justifier.Ceci dit en toute fraternité.Salut bien, Piotr Marat
Répondre
S
     Karpov prend ceux qui le lisent pour des personnes intelligentes. Il ne veut pas tomber dans le débat foireux impulsé par Finkelkraut et d'autres : anti-sionisme = anti-sémitisme. D'ailleurs, c'est ce que répète également à satiété l'Etat israëlien. Selon ses idéologues, l'anti-sionisme n'a jamais été autre chose que la "couverture" de l'anti-sémitisme. Karpov reste centré sur la question bien réelle de la Palestine et des Palestiniens.     Fraternellement