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12 juin 2007 2 12 /06 /juin /2007 17:41
TERRORISME  ET  SOCIETES DE CLASSES

    Il s'agit d'abord de considérer le "terrorisme" comme n'existant pas en soi, mais toujours lié à un contexte historique.
         Par exemple, la Réforme, à partir du XVIème siècle, a redistribué les rôles entre Eglise et Etats monarchiques. C'est un défilement ininterrompu de massacres, guerres civiles et guerres tout court. Par cette voie sanglante, l'Europe passe du Moyen-Âge à son époque dite "moderne".

     "...plus la guerre civile qui se déroulait sous les étendards religieux devenait acharnée, et plus la terreur était, des 2 côtés, impitoyable".

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  (massacre de la Saint-Barthelémy, une nuit d'août 1572)


        Au cours du XVIIème siècle, 2 révolutions bouleversèrent l'Angleterre.
     Lors de la 1ère, le roi Charles Ier fut purement et simplement raccourci d'une tête. La société anglaise fut secouée durablement ; il y eut entre autres des guerres de paysans, sanglantes "jacqueries" à l'Anglaise.

     "Dans la 1ère révolution anglaise, dans la "Grande Rébellion", c'était le peuple qui agissait... (...) D'où il résulte que, sous un régime d'esclavage de classe, il est bien difficile d'apprendre aux masses opprimées les bonnes manières".

       Le peuple anglais faisait feu de tout bois, épieux, piques, fourches, pierres, cordes, etc.

     Puis, un siècle plus tard, vint la grande Révolution française. Les Jacobins parvenus au pouvoir utilisèrent la Terreur contre la réaction absolutiste, ce qui leur permit de sauver momentanément la République. Tous les bourgeois  et petits-bourgeois "démocrates" d'aujourd'hui qui, la main sur le coeur, crachent consciencieusement sur les révolutionnaires de 1789, ne seraient pas là aujourd'hui si de telles mesures n'avaient empêché le retour triomphant d'une dynastie royale (il est aussi vrai qu'aujourd'hui, nos bons démocrates bourgeois s'identifient plutôt - à juste titre - aux "nobles" du XVIIIème siècle).

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      Les Jacobins instaurèrent donc une dictature bourgeoise. Cette dictature s'imposait de par la situation critique de la toute jeune France révolutionnaire : armées Anglaises et Autrichiennes au Nord, Prussiens en Alsace, Piémontais vers Lyon, Espagnols en Roussillon. Sans compter la guerre civile, notamment chez les Vendéens, ancêtres politiques du comte De villiers.

     Traversons l'Atlantique et transportons-nous aux Etats-Unis à la fin du XIXème siècle. Ce sont, depuis leur fondation, une "démocratie". Mais les problèmes sociaux et économiques ne s'y résolvent pas pour autant par la voie pacifique, notamment la scabreuse question de l'esclavage.

       "Bien qu'il se fut agi non de l'abolition de la propriété privée en général mais de l'abolition de la propriété des Noirs, les institutions de la démocratie n'en avaient pas moins été tout-à-fait incapables de résoudre le conflit par la voie pacifique".

    Malgré leur défaite aux élections, les Etats esclavagistes du Sud déclenchèrent une guerre civile pour conserver le "droit" d'acheter et de vendre des esclaves noirs.
      Les Etats du Nord ne se privèrent pas, notamment par l'intermédiaire de leur Président Abraham Lincoln, de prendre des mesures "arbitraires" à l'encontre des citoyens esclavagistes. Un temps, on oublia la Constitution, les lois, les "bonnes moeurs".


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                                                   (1861 - 1865 : guerre de Sécession)

       
      Au fur et à mesure que la guerre fratricide s'approfondit, les Nordistes ont recours à des mesures dîtes "d'exception" (qui dès lors, ne le sont plus).
       Tous ceux qui, au Nord, étaient suspectés de sympathie avec "l'ennemi" sudiste, furent l'objet de répression violente. Leurs journaux furent saccagés par la population (encouragée officiellement à le faire) ; on promena les éditeurs esclavagistes nus, enduits de goudron (brûlant) et de plumes.

        "La personnalité d'un planteur enduit de goudron n'avait que peu de ressemblance avec la "fin en soi", si bien que l'impératif catégorique de Kant a subi, au cours de la guerre civile américaine, un coup considérable".

       Le gouvernement états-unien n'hésita pas à faire interdire tous les journaux du parti sudiste. La presse se retrouva rapidement aux ordres de l'Etat. Le peuple fut privé de ses "libertés", mais il ne s'en préoccupa pas plus que cela, car la guerre absorbait tout.

      Naturellement, côté sudiste, on ne fut pas en reste de mesures spéciales contre les anti-esclavagistes du Sud. On les livra en pâture à des foules excitées ; des "comités de vigilance" se constituèrent, faisant la chasse au "Nordiste". Il y eut des exécutions sommaires à la suite de  simulations de "procès" (où souvent "l'accusé" était absent). Et coetera...

          Et la Commune de Paris ?
       
        Elle décréta effectivement des arrestations d'otages, en réponse aux exactions de l'armée versaillaise. En ces temps de guerre civile, c'était bien le minimum.

        "Dès lors notre but n'est pas de supprimer des vies humaines, mais bien de les préserver. Mais comme nous devons combattre pour les préserver les armes à la main, cela nous conduit à détruire des vies humaines - énigme dont le secret dialectique fût élucidé par le vieil Hegel, sans parler des sages appartenant à de plus anciennes écoles".


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     La Commune mena une guerre sans merci contre les Versaillais et vice-versa. Les sbires d'Adolphe Thiers (nom prédestiné) étaient nombreux à s'introduire en douce dans la capitale. Dès lors, comment les Communards auraient-ils pu accorder le "droit d'expression" sans s'auto-détruire ? Au final, quelques Versaillais furent fusillés et, après la défaite, 20 000 Communards furent exécutés, 30 000 déportés. La IIIème République pouvait naître de ces cendres, baignant dans le sang des prolétaires parisiens.

    Revenons-en donc à notre Bourgeoisie. C'est une insurrection armée qui l'a portée au pouvoir. Ce pouvoir s'est affermi par l'approfondissement de la guerre civile.
     
      Aujourd'hui, nous sommes en temps de "paix" civile. La classe dirigeante est toujours au pouvoir et le conserve à l'aide d'une machinerie complexe de contraintes, de rituels "démocratiques" et de répression à peine voilée.

      "Aussi longtemps qu'il y aura une société de classes, fondée sur les antagonismes les plus profonds, l'emploi de la répression sera indispensable pour soumettre la partie adverse à sa volonté".

        [toutes les citations sont extraites de "Terrorisme et communisme" (Trotski, 1920)]

    
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commentaires

J
"dans un monde unipolaire, le terrorisme demeure l'unique arme dont disposent les faibles pour harceler les puissants dans des conflits assymétriques" Eric Rouleau -Monde Dip. mai 2007,p25Salut fraternel aussi!
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J
Très bon, Piotr Marat. Je te reçois 5/5 ici.Loin des enfantillages à côté. Bondieu, Karpov, la violence est légitime quand on opprime! Tout oppresseur doit recevoir son juste salaire en terme équivalent. A la violence de l'oppression du salarié, de son humiliation et de la démocratie des faussaires (pouvoir du peuple, tu parles!) doit répondre une violence idem. Ta reprise historique est bienvenue!Ce soir, j'en avis foutrement besoin!A plus! 
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S
     Le Sous-Lieutenant te salue fraternellement, John.